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.(Le petit Curseur aux cheveux blond roux et au teint hâlé, dont la silhouette se découpait sur la lumière terne du ciel nuageux, avait l’air plus amusé qu’inquiet.) Je me rends, capitaine Scipion.Tavi cligna plusieurs fois des yeux, jeta un regard trouble autour de lui, et rengaina son arme.— Ah ! Désolé.Ehren referma le rabat, replongeant l’intérieur de la tente dans l’ombre.Tavi soupira.— Sur la malle à ta gauche.— Oh ! fit Ehren.Pardon.J’avais oublié.Lumière.La petite lampe-furie sur la malle s’alluma en vacillant.— Tu n’avais pas oublié, rétorqua Tavi avec l’ombre d’un sourire.Tu voulais voir si j’avais enfin développé des talents de furifèvre.Non.Ehren prit un air innocent.— Je t’avais à peine reconnu avec les cheveux si courts.— Je t’avais à peine reconnu sous ce hâle, répliqua Tavi.Je suis désolé qu’on n’ait pas pu parler plus tôt, mais…— On travaille, l’interrompit Ehren.Je comprends bien.Tavi avait dormi dans son pantalon et ses bottes.Il se leva, enfila une tunique et se retourna vers son ami pour l’accueillir d’une étreinte bourrue.— Content de te voir, dit-il.— De même, répliqua Ehren.(Il recula pour observer Tavi de la tête aux pieds d’un air soupçonneux.) Par les Corbeaux ! tu as encore grandi.Tu es censé avoir fini ta croissance une fois tes vingt ans passés, Tav… (Il secoua la tête.) Hum.Scipion.À l’Académie, on a commencé à la même taille.Et maintenant te voilà aussi grand que Max.— Je rattrape le temps perdu, j’imagine, fit Tavi.Comment vas-tu ?— Je suis content d’avoir quitté les îles, répondit Ehren.(Il se rembrunit et détourna le regard.) Mais j’aurais préféré revenir avec de meilleures nouvelles.Et les donner à quelqu’un d’autre.— Tu as parlé aux prisonniers ?Ehren hocha la tête.— Ils ont coopéré.Je suis pratiquement certain que le mort était un agent de Kalarus, et le cerveau de l’opération.Les autres étaient seulement… Eh bien ! Un légionnaire n’est jamais à court d’affaires louches auxquelles se retrouver mêlé.— Surtout les fauteurs de troubles.— Surtout les vétérans fauteurs de troubles.— Bien.Relâche-les et renvoie-les dans leur centurie.Ehren regarda son ami avec stupeur.— Quoi ?— C’est une division entière de vétérans qu’on a là, Ehren.J’ai besoin d’eux.— Mais… Capitaine…Tavi plongea les yeux dans ceux du Curseur et dit calmement :— C’est ma décision.Fais-le.— D’accord, répondit doucement Ehren en hochant la tête.Le primipile m’a demandé de te prévenir que les Canims sont en train de passer le deuxième cordon de sentinelles maintenant, et qu’ils ne font aucun effort pour dissimuler leur présence.Il estime qu’ils seront là d’ici à environ une heure.Tavi se renfrogna.— Je lui avais demandé de me réveiller lorsque le premier cordon aurait signalé leur venue.— Il a dit que tu aurais davantage besoin de sommeil que lui dans les deux jours à venir.Max a jugé qu’il avait raison.Tavi se rembrunit.Max, bien sûr, pouvait compter sur ses furies pour enchaîner les journées sans dormir.Il y avait gros à parier que c’était également le cas de Valiar Marcus.Mais Tavi n’avait pas ce genre de ressources ; et même s’il avait besoin de moins en moins de sommeil et de repos depuis deux ou trois ans, il ne savait pas du tout dans quelle mesure exactement il pouvait tabler sur cette mystérieuse endurance.Max et le primipile avaient probablement eu raison de le laisser se reposer le plus longtemps possible.Les Grandes Furies savaient qu’il aurait besoin de toutes ses facultés intellectuelles aujourd’hui.— Bien, dit-il calmement.Ehren, je sais que je n’ai pas l’autorité nécessaire pour te donner des ordres, mais…Ehren haussa un sourcil narquois.— Depuis quand est-ce que tu laisses des subtilités comme la loi te ralentir ?Tavi eut un grand sourire.— La loi ne me dérange pas.Tant qu’elle ne se met pas en travers de mon chemin.Ehren eut un grognement railleur.— Hier encore, on esquivait les brutes dans la cour de l’Académie.Maintenant, c’est une armée de Canims.(Il jeta un long regard faussement excédé à son ami et soupira.) D’accord.Tu peux compter sur moi.— Merci, répondit Tavi avec un hochement de tête.Ehren hocha la tête en retour.— Dis à Magnus de te trouver un cheval, dit Tavi.Et une armure, aussi.Je veux que tu restes près de moi.J’aurai peut-être besoin d’un messager aujourd’hui, et je veux que ce soit quelqu’un en qui j’ai confiance.— Bien sûr.— Et… (Tavi fronça les sourcils.)… si ça tourne mal ici, Ehren, je veux que tu partes.Que tu ailles le dire à Gaius, en personne.Ehren garda le silence une minute.Puis, dans un chuchotement, il protesta :— Tu es Curseur, Tavi.C’est ton devoir de partir toi-même, si les choses en arrivent là.Tavi leva la main pour la passer sur ses cheveux en brosse.— Aujourd’hui, répondit-il calmement, je suis un légionnaire.* * *Tavi se tenait au sommet des remparts du côté sud de la ville, au-dessus des portes.Ceux-ci n’étaient ni aussi hauts que ceux du fort de Garnison, dans sa vallée natale de Calderon, ni aussi épais, mais c’étaient malgré tout des murs aléréens conçus pour résister aux sièges, nés des os de la terre elle-même, et résistants à toute attaque qui ne serait pas appuyée par un emploi massif des furies [ Pobierz całość w formacie PDF ]