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.On ne voyait plus que son torse et ses bras, jetés comme des amarres sur une terre qui s’éloignait de lui.Puis ses mains glissèrent elles aussi dans le néant, et de Châtillon ne resta qu’une bouche, qui hurla :— Je reviendrai !Elle disparut à son tour dans le noir, imperturbable et silencieux.Pas une ride n’avait troublé la surface de l’œil des ténèbres.Wash el-Rafid salua le Loup de Kérak avec son épée, et alla prêter main-forte aux autres combattants – auxquels Cassiopée, Kunar Sell, Morgennes et Simon offraient une farouche résistance.Les hommes lancés à la poursuite de Cassiopée n’étaient toujours pas redescendus ; et, calé contre un pilier, Kunar Sell se battait contre trois Templiers qu’il tenait à distance avec sa grande hache – comme doté de vie, le tatouage en forme de croix qu’il avait au front s’agitait à la manière d’un serpent, fascinant ses adversaires.Quant à Morgennes et Simon, ils s’étaient mis dos à dos, et se défendaient rageusement.— Sohrawardi ! hurla soudain Simon.Morgennes jeta un rapide coup d’œil dans la direction du mage, et le vit qui récitait d’autres incantations.— Que prépare-t-il encore ? demanda Simon.— Replions-nous vers l’escalier ! suggéra Morgennes.Les deux hommes essayèrent de se frayer un chemin à travers le chaos d’armes qui les encerclait, mais ils passaient leur temps à parer les coups, sans pouvoir répliquer.Leurs ennemis étaient trop nombreux ; en outre, el-Rafid se battait incroyablement bien, obligeant Morgennes à se servir de la croix tronquée comme d’un bouclier.— Par ici ! cria une voix.C’était Cassiopée ! Elle venait, en tuant l’un des soldats, d’ouvrir une brèche parmi leurs assaillants.Simon s’y faufila.— Morgennes ! hurla-t-il.Dépêche-toi !Pour la première fois de sa vie, il venait de tutoyer Morgennes, et ne s’en était même pas rendu compte.Morgennes ne répondit rien, trop occupé à se défendre.Pendant ce temps, Sohrawardi s’était embrasé.Était-ce parce qu’au cours de la mêlée des flambeaux étaient tombés, ou bien parce que tel avait été son souhait ? En tout cas, sa robe avait pris feu, le transformant en un vivant brasier.Le mage avait paru bondir contre les draps qui ornaient la salle, et les avait enflammés à leur tour.L’air, peu à peu, était devenu irrespirable.Il faisait chaud comme dans un four, et les hommes commençaient à rompre le combat, reculant vers la fraîcheur des escaliers.La température était telle que les cierges fondirent et que de leur gangue de cire sortirent des serpents, semblables à ceux du krak.Sifflant, rampant, ils mordirent tous ceux qui passaient à leur portée, ajoutant encore à la confusion.Cela étant, Morgennes avait moins d’adversaires à combattre – quand un brandon tombé d’un mur s’accrocha à sa croix et commença à la dévorer !— Morgennes ! cria Cassiopée.Laisse tomber ta croix !Morgennes avait-il entendu ? Il ne répondit pas.Cassiopée se précipita dans la salle.Elle repoussa les gardes qui voulaient l’empêcher d’approcher, et se dirigea vers Morgennes – aux prises avec un Templier.Cherchant du regard Wash el-Rafid, elle le vit ajuster Morgennes de son arbalète.— Morgennes ! hurla-t-elle.Garde-toi à gauche !Trop tard ! Wash el-Rafid avait tiré sur la croix tronquée, la clouant sur Morgennes.— Morgennes ! s’époumona Simon.Morgennes chercha à retirer la croix de son armure, mais n’y parvint pas.Titubant, il s’approcha dangereusement de l’œil noir au milieu de la salle, et l’incroyable se produisit : tandis que le feu gagnait l’ensemble de la caverne, et que le combat se disloquait dans un désordre indescriptible, une main noire jaillit du puits des mes, et l’agrippa !— Apocalypse ! cria une voix d’outre-tombe.Apocalypse !Renaud de Châtillon ! Le Loup de Kérak avait tenu sa promesse.Revenu du fin fond des Enfers, il cherchait à y traîner Morgennes.Folle de rage, Cassiopée se jeta sur Wash el-Rafid et l’obligea à reculer en direction du puits des mes, frappant et frappant sans relâche, avec une froide détermination.Simon joignit ses efforts aux siens, et à eux deux ils firent si bien que Wash el-Rafid se retrouva acculé au bord du puits, où l’un de ses pieds glissa, puis l’autre.Mais le Perse résista et parvint à se dégager.Lorsqu’une seconde main jaillit des ténèbres, et se referma sur sa cheville.— Apocalypse ! cria de nouveau Châtillon.Sa poigne était une ancre, une lourde chaîne de métal qui tirait Morgennes et Wash el-Rafid, inexorablement, vers le puits des mes.— Simon ! hurla Cassiopée, il faut sauver Morgennes !Ils tentèrent de lui arracher la croix, mais elle semblait greffée à sa cuirasse.— Vous n’y arriverez pas, dit Morgennes.— Non, non, s’exclama Simon.Ce n’est pas possible !La croix était en feu et leur brûlait les doigts.Quelques flammèches couraient sur leurs vêtements ; déjà, la barbe de Morgennes roussissait, s’enflammant à son tour.— Sauvez-vous ! dit Morgennes.— Jamais ! répliqua Cassiopée.— Partez, je ne suis pas seul…, dit Morgennes, comme soulagé.— Jamais ! fit Simon.— Simon, tu avais raison… Cette croix est bien la Vraie Croix.Simon éclata en sanglots, et tenta désespérément de le sauver.Mais Châtillon était le plus puissant.Morgennes avait beau faire, il était traîné vers le puits des mes, où les étincelles crépitaient de plus belle, avides de l’accueillir.— Partez vite ! insista Morgennes, des flammes dans la bouche.Alors que la salle menaçait de s’effondrer, des blocs de pierre tombant du plafond et les colonnes vacillant, une voix ordonna :— Faites ce qu’il vous dit !— Taqi !Taqi et ses hommes pénétrèrent à cheval dans la caverne des mes, surgissant de tous les côtés à la fois.L’apercevant sur son cheval blanc, Bernard de Lydda s’écria, apeuré :— Par saint Georges !— Qui diable es-tu donc ? lui demanda Taqi.— C’eeest moooon frèèèèère ! répondit Rufinus.Taqi se tourna vers Bernard de Lydda, le menaçant de son cimeterre.— Ne me touchez pas ! Je suis un ecclésiastique ! vociféra l’évêque, levant les bras en signe de reddition.— Justement ! Il y a longtemps que tu aurais dû mourir ! répliqua Taqi en lui passant son cimeterre en travers du cœur.— Sooon cooorps ! mugit Rufinus en voyant son frère tomber à terre.Sooon cooorps !Mais personne ne l’écoutait : tous étaient occupés à évacuer al-Afdal et à tuer les Templiers qui n’avaient pas encore fui.Des langues de feu parcouraient la salle, pareils à des serpents ignés.Une vie paraissait les mener, une intelligence les habiter.Les Sarrasins étaient persuadés qu’il s’agissait de Sohrawardi, réincarné en flammes.Ce brasier avait un avantage : il s’attaquait également aux aspics, qui mouraient rapidement.Cependant, la chaleur devenait suffocante, et des nuages de fumée âcre envahissaient la caverne.— Crucifère ! hurla Morgennes, le visage en feu.C’était fini.Ils ne le sauveraient pas.Alors, après un dernier regard, ils reculèrent, abandonnant celui qu’ils avaient appris à connaître et à aimer au cours de ces derniers jours, et coururent vers Crucifère, que Wash el-Rafid avait lâchée quand Châtillon s’était saisi de lui.À peine Cassiopée eut-elle récupéré l’épée sainte, que le Perse disparaissait en enfer, les yeux écarquillés de terreur.— Je l’ai ! s’exclama Cassiopée en brandissant Crucifère [ Pobierz całość w formacie PDF ]