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.Je ne vous laisserai pas sans protection !— Si nous n’arrêtons pas les ogres, le reste n’aura plus d’importance.Allez !En voyant l’expression résolue de la souveraine, Samar comprit qu’il gaspillerait sa salive en protestant.Il rallia ses guerriers et mena la charge contre les ogres.Alhana resta seule face à son destin.Les flammes se reflétaient sur son armure.— Hâte-toi, mon fils… Nos vies dépendent de toi.À son insu, ses paroles parvinrent aux tympans de Silvan et le galvanisèrent.On lui avait donné un ordre et il obéirait.Il regretta le temps perdu, car il craignait pour la vie de sa mère.S’arrachant à sa transe, il tourna les talons et s’enfonça dans les bois.La peur lui donnait des ailes.Il traversait les broussailles, les brindilles craquant sous ses bottes.Un vent froid lui engourdissait la joue droite.Il ne sentait pas la pluie battante.La foudre éclairait son chemin.Mais sa prudence innée l’incitait à rester sur ses gardes.Il humait l’air, vérifiant sans cesse que des ogres n’étaient pas à proximité.Leur répugnante odeur de mangeurs de chair était facilement repérable.Pour un elfe, il faisait beaucoup de raffut… mais la vitesse primait sur tout.Et comparé à la lourdeur d’un ogre, il était encore la discrétion même…Il filait dans les bois et ne rencontra que des animaux nocturnes.Bientôt, le fracas des combats s’estompa derrière lui.Il prit conscience qu’il marchait seul, en pleine forêt, par une nuit de grande tempête.La peur et les doutes l’assaillirent de plus belle.Et s’il arrivait trop tard ? Si les humains – connus pour leur nature capricieuse et changeante – refusaient de réagir ? Si tous les siens succombaient sous les assauts des ogres ?Plus rien ne lui semblait familier… Était-il en train de s’égarer ?Silvan fit taire ses sombres pressentiments et persévéra.Il se remit à courir avec l’assurance d’une personne née et élevée dans les bois.La vue d’un ravin, sur sa gauche, le rasséréna.Il était bien sur la bonne voie.Il resta à l’orée du ravin pour éviter d’être repéré.Il devait se concentrer sur sa mission.Il discerna la route à travers une trouée.Cette vue lui redonna courage.Une fois qu’il l’aurait atteinte, il pourrait accélérer l’allure.Excellent coureur de fond, il lui arrivait de couvrir de longues distances rien que pour l’exaltation que lui procuraient le jeu de ses muscles sous la peau, la sueur, le vent sur son visage et la douce chaleur corporelle qui bannissait toute douleur…Il imaginait déjà son entrevue avec le commandant des chevaliers, plaidant la cause des elfes et le convainquant de l’urgence de la situation.Il se voyait déjà prendre la tête des forces humaines et mériter la fierté de sa mère…Revenant à la réalité, il s’arrêta, bloqué par un obstacle inattendu : un énorme tronc d’arbre, en travers du chemin.Il devrait le contourner, longeant dangereusement le ravin.Mais il avait le pied sûr et la foudre l’éclairerait.Il allait atteindre l’autre côté, prenant appui sur une branche, près du ravin, quand la foudre frappa…… et le tronc explosa.Silvan bascula dans le vide.Une douleur fulgurante lui coupa le souffle.Une souffrance plus atroce encore lui déchira le cœur.Il avait échoué… Il n’atteindrait pas la forteresse.Les chevaliers n’auraient jamais connaissance à temps du drame qui se nouait.Les elfes ne pourraient pas vaincre seuls les ogres.Tous allaient mourir…Et la reine expirerait en croyant que son fils chéri l’avait abandonnée.Silvan tenta de se redresser… La souffrance fut telle qu’il se sentit glisser dans l’inconscience.Si les dieux étaient miséricordieux, ils lui accorderaient de mourir avec les siens, puisqu’il n’avait pu les sauver.Le désespoir et le chagrin l’engloutirent.3.Un visiteur inattenduLa tempête retomba.Une bien étrange tempête qui avait dévasté l’Ansalonie comme une armée d’invasion, en frappant toutes les régions du continent en même temps, attaquant à la faveur de la nuit pour se retirer une fois l’aube venue.Le soleil rampa finalement de sous la barrière de nuages et monta triomphalement dans le ciel bleu.La lumière et la chaleur réconfortèrent les habitants de Solace, qui s’aventurèrent hors de leurs abris pour constater les dégâts.Solace avait moins souffert que d’autres contrées de l’Ansalonie, même si les éléments avaient semblé s’y déchaîner avec une hargne particulière.Les énormes valloniers avaient vaillamment résisté aux assauts de la foudre.Si la cime des arbres avait pris feu, les incendies ne s’étaient pas propagés.Les logis nichés près des troncs l’avaient échappé belle.Les cours d’eau avaient débordé, mais les étables et les fermes avaient été épargnées.Le Sépulcre des Derniers Héros, un beau monument en pierre blanche et noire, se dressait dans une clairière à la lisière de la communauté.Il avait été gravement endommagé.La foudre avait frappé une de ses tourelles, faisant pleuvoir sur la pelouse des blocs de marbre.Mais les pires dégâts furent infligés aux huttes grossières des réfugiés de l’Ouest et du Sud.Les contrées qu’ils avaient fuies, encore indépendantes douze mois auparavant, étaient désormais tombées sous la coupe du dragon vert Béryl.Trois ans auparavant, après des combats acharnés, les seigneurs des dragons en étaient venus à signer une trêve.Comprenant que leurs luttes intestines les affaiblissaient, ils étaient convenus de se contenter chacun des territoires conquis.Ils ne s’affronteraient plus pour accroître leurs domaines.Et tous avaient tenu parole… jusqu’à l’année précédente.Alors, Béryl s’était avisée du déclin de ses pouvoirs magiques.D’abord elle avait cru qu’il s’agissait d’un tour joué par son imagination.Mais au fil du temps le constat s’était imposé : quelque chose clochait terriblement.Elle en avait blâmé Malys, le dragon rouge, sa cousine dévorée d’ambition [ Pobierz całość w formacie PDF ]