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.Ce qu’elle fit à cet instant, ouvrant la bouche pour parler.— Ne bouge pas… s’il te plaît, dit Iantine, accentuant les derniers mots comme s’il était fatigué de les répéter.Elle referma la bouche et reprit la pose.K’vin recula derrière Iantine, qui continua à travailler au visage, à petits coups de pinceau minutieux.K’vin ne vit pas de différence, mais Iantine eut l’air satisfait et s’attaqua aux reflets des cheveux.Le jeune homme avait bien saisi le caractère de son modèle, légèrement impérieux, bien que la courbure des lèvres suggérât le sens de l’humour.K’vin savait que Zulaya trouvait amusant de poser pour un portrait, et elle le taquinait sur ce qu’il devrait porter pour être immortalisé.K’vin savait aussi que Iantine voulait faire des miniatures de tous les chevaliers-dragons.Projet ambitieux, étant donné qu’ils étaient près de six cents en ce moment.D’un côté, K’vin lui était reconnaissant de cette galerie-souvenir, mais de l’autre, il redoutait de revoir ceux qui ne reviendraient pas.— Est-ce que ce serait plus facile de ne pas avoir leurs images ? avait demandé Zulaya un soir qu’elle l’avait vu préoccupé.Nous n’avons rien pour nous rappeler les premiers occupants de ce Weyr, et je le regrette.Cela donne une continuité à la vie.Sans doute, avait pensé K’vin, décidant d’adopter une attitude plus positive.— Ce n’est pas comme si nous savions déjà qui sera absent l’année prochaine à la même époque, avait-elle ajouté.Mais ce sera réconfortant de savoir qu’ils ont été ici.— Encore combien de temps, Iantine ? demanda Zulaya d’un ton plaintif.Les doigts de la main posée sur sa cuisse commençaient à s’engourdir.— Je ne sens plus ma main et mon pied gauches.Iantine poussa un profond soupir et posa sa palette, se grattant la tête de sa main maintenant libre et jetant son pinceau sur la table.— Désolé, Zulaya.Il y a un bon moment que nous aurions dû faire une pause, mais la lumière était parfaite et je voulais en profiter.— Aide-moi à me lever, K’vin, dit Zulaya en lui tendant une main.Ce n’est pas souvent que j’ai l’occasion de rester si longtemps assise…K’vin se fit un plaisir de l’aider, et elle était si raide que ses premiers pas furent chancelants.Puis elle retrouva sa mobilité et s’approcha du chevalet d’un pas ferme.— Ma parole, tu as bien avancé aujourd’hui ! Tu as terminé toute la robe et… tu m’as fait loucher ?Iantine éclata de rire.— Non.Pousse-toi un peu de ce côté.Maintenant, recule.Est-ce que ton regard te suit ? Zulaya secoua la tête en écarquillant les yeux.— Mais oui ! Comment arrives-tu à faire ça ? J’avoue que ça ne me plaît pas trop de me surveiller partout où j’irai.— Tu ne te surveilleras pas, gloussa K’vin.Mais ta présence dans la Caverne Inférieure encouragera les paresseux à travailler plus vite.— Je ne suis pas sûre que ça me plaise davantage que de me sourire tout le temps ici.Elle se tourna vers la table, en grande partie couverte par le matériel de Iantine.— J’ai fait apporter du klah il y a un bon moment, dit-elle, avec un regard accusateur au jeune peintre.J’espère qu’il est encore chaud.Elle dévissa le couvercle, et de la vapeur s’éleva docilement du récipient.— Oui, c’est encore chaud.Je vous sers ? dit-elle, joignant le geste à la parole.— Je devrais peut-être me retirer ? dit Iantine, les regardant à tour de rôle.— Non, dit-elle vivement.— Je voulais m’assurer que tu avais récupéré tes croquis, dit K’vin en s’asseyant.— Ont-ils résolu le problème ? demanda Zulaya, mettant de l’édulcorant dans les tasses et lui tendant la sienne.Viens t’asseoir, Iantine.Tu dois être plus fatigué que moi.Je suis restée assise toute la journée.Iantine sourit, totalement à l’aise avec la Dame du Weyr, nota K’vin avec un pincement de jalousie.Peu étaient dans ce cas, sauf Tisha, qui traitait chacun comme un enfant, et Léopol, qui était impudent avec tout le monde.— Alors ? Quel est le résultat ? dit-elle, lui indiquant du geste qu’il pouvait parler devant le portraitiste.— M’shall est écœuré.Ils ne sont pas parvenus à obtenir une décision unanime au sujet de la déposition.C’est Jamson qui résiste.— Il n’a pas toujours toutes ses billes, dit Zulaya.C’est du moins ce que m’a dit Mari, du Weyr des Hautes Terres.Et cela ne s’arrange pas.Thea prend les choses en main quand elle le peut, et son fils aîné…— Gallian a mon âge, s’exclama K’vin.Il ne peut pas le remplacer ?— Pas à moins d’obliger Jamson à abdiquer.Du moins selon ma connaissance de la Charte.Que je viens juste de rafraîchir, ajouta-t-elle, avec un sourire cocasse.J’ai profité de la lecture de T’lan pour l’écouter.J’en avais oublié la moitié moi-même.Est-ce que tu l’as relue récemment ?— Oui, dit K’vin, se félicitant de l’avoir fait.Et il y a beaucoup plus de liberté d’interprétation que je ne le pensais.Beaucoup plus d’autonomie accordée…— Et dont il est facile d’abuser par erreur, dit Iantine.J’ai emprunté ton exemplaire.Il fait le tour du Weyr.— Quelle que soit la façon dont Chalkin tente d’interpréter les privilèges d’un Seigneur, il ne peut nier qu’il a abrogé pratiquement tous les droits que les vassaux sont censés avoir… par exemple, l’obligation de les faire juger par un tribunal de leurs pairs avant de les chasser de leurs fortins… et de leur imposer des conditions de vie inacceptables.Il n’y a pas eu de collusion ni de mutinerie.Ils ne lui ont même pas présenté un cahier de doléances.— Ils ne savaient pas qu’ils le pouvaient, dit Iantine, l’air intransigeant.J’ai dû leur expliquer le mot « mutinerie », et leur montrer qu’ils n’étaient pas des mutins.— Et Jamson refuse de bouger ? dit Zulaya.K’vin hocha la tête.— II ne veut même pas venir parler aux réfugiés ?— Il trouve qu’il n’a pas le droit d’interférer dans le gouvernement d’un Fort autonome, dit K’vin.Iantine émit un grognement écœuré
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