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.Là -haut, c’est très différent.— C’est la même chose puisque je suis avec vous, dit-elle en marchant volontairement sur un petit tas d’ordures.Cette réponse l’enchanta.Ils montèrent l’escalier.Armand ouvrit sa porte d’un geste large.— Entrez, belle dame, au pays des Lotophages !Elle entra dans l’appartement d’une légère pirouette et prodigua les exclamations admiratives en détaillant les rideaux, les lampes et les gravures.Il referma la porte, tira le verrou, posa son chapeau sur le divan et se dirigea vers elle.Il allait la saisir dans ses bras par-derrière mais elle lui échappa d’un petit saut de côté.— En voilà une entrée en matière ! s’écria-t-elle railleuse.Vous ne savez donc pas que cela porte malheur de poser un chapeau sur un lit ?— Aujourd’hui, c’est mon jour faste, dit-il.— Le mien aussi.C’est justement pour cela qu’il ne faut pas le gâcher.Tenez, nous allons jouer à faire semblant d’être ici depuis toujours et pour toujours.— C’est une bonne idée, dit-il en souriant.— Je suis contente qu’elle vous plaise.Comme cela, continua-t-elle en s’éloignant d’un pas au moment où il allait la coincer dans un angle de la pièce, nous n’avons aucune raison de nous presser.Nous ne pourrions pas boire quelque chose ?— Demandez-moi la lune, si vous voulez, roucoula-t-il.Il ouvrit la petite cuisine.— Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?— Oh ! que c’est mignon ! Laissez-moi faire, laissez-moi faire.Vous, monsieur, vous allez vous asseoir bien tranquillement dans le salon en m’attendant.C’est un travail de femme.Elle le poussa dehors et s’absorba dans la préparation des cocktails.Armand s’étendit sur le divan et posa ses pieds sur une petite table basse, tout en prêtant l’oreille à l’agréable tintement de verres qui s’échappait de la petite cuisine, mêlé au sifflement d’un siphon.Il se demandait nonchalamment s’il parviendrait à habituer Kay à lui apporter ses pantoufles tous les soirs.Elle rentra dans le salon d’un pas souple, en portant deux cocktails en équilibre sur un petit plateau.Elle s’agenouilla, tout en gardant derrière son dos sa main libre, posa le plateau sur la table, et se glissa dans un grand fauteuil.— Que cachez-vous derrière votre dos ? demanda-t-il.— C’est un secret.— Venez un peu ici.— J’aimerais mieux bavarder un peu, je vous prie.— Pas trop longtemps, ricana-t-il.C’est votre faute, Kay, après tout, si je suis si impatient : vous êtes tellement jolie.Hum.Vous me grisez, vous m’affolez.Il commença à se frotter les mains.Elle ferma les yeux.— Armand, commença-t-elle.— Oui, mon petit ? dit-il d’un air protecteur.— Avez-vous jamais fait du mal à quelqu’un ?Il se redressa.— Moi ? Ma petite Kay, je vous fais donc peur ?Il gonfla légèrement sa poitrine.— Vous avez peur de moi ? Mais je ne vous ferai pas de mal, ma petite enfant !— Je ne parlais pas de moi, dit-elle avec un peu d’impatience.Je vous demandais seulement si vous aviez jamais fait du mal à quelqu’un.— Mais, non, bien sûr.Enfin, pas volontairement, en tout cas.N’oubliez pas que ma profession est de rendre la justice.— La justice.Elle prononça ce mot comme si elle lui trouvait un goût agréable.— Il y a deux façons de faire du mal aux gens, Armand : l’une extérieure, qui se voit, et l’autre intérieure, qui empoisonne l’esprit, en y laissant une marque indélébile.— Je ne vous suis pas bien, dit-il, redevenant de plus en plus pompeux, à mesure que sa confusion croissait.A qui ai-je jamais fait du mal ?— A Kay Hallowell, entre autres, dit-elle d’un ton détaché.Quand vous l’avez fait chanter pour la forcer à venir ici.Non pas parce qu’elle est mineure ; sur ce point, votre crime n’est que purement formel, encore n’en serait-ce pas un dans certains Etats.— Dites donc, ma petite.— Votre vrai crime, poursuivit-elle avec calme, c’est d’avoir systématiquement détruit sa confiance dans ses semblables.S’il y a vraiment une justice immanente, c’est là -dessus qu’elle vous condamnera.— Mais, Kay, qu’est-ce qui vous prend ? De quoi voulez-vous parler ? J’en ai assez !Il se renversa en arrière en croisant les bras.Elle resta immobile.— Je comprends, dit-il en aparté.Vous voulez plaisanter.C’est cela, mon tout petit ?— Vous êtes coupable d’avoir fait souffrir votre prochain des deux façons dont je vous ai parlé, poursuivit-elle du même ton uni, indifférent.Physiquement, d’une manière qui se voit, et mentalement.Vous serez puni des deux façons, monsieur le juge !Il respira bruyamment.— En voilà assez, ma petite.Ce n’est pas pour cela que je vous ai amenée ici.Je commence à croire que je devrai vous prouver qu’on ne se joue pas impunément de moi.Hum.En ce qui concerne la succession de votre père.— Je ne plaisante pas du tout, Armand.Elle se pencha vers lui par-dessus la petite table et il leva les mains comme pour parer un coup.— Que me voulez-vous ? fit-il dans un souffle, comme malgré lui.— Votre mouchoir.— Mon quoi ?.Elle le lui prit délicatement dans la poche extérieure de son veston.— Merci beaucoup, dit-elle.Tout en parlant elle le déploya d’une secousse, puis en réunit deux coins qu’elle noua.Elle passa sa main gauche dans la boucle ainsi formée, et fit glisser le mouchoir jusqu’au-dessus de son coude.— Je vais d’abord vous punir de la façon qui ne se voit pas, dit-elle d’une voix neutre.Je vous ferai souvenir, de telle façon que vous ne l’oublierez jamais plus, du mal que vous avez jadis fait à quelqu’un.— Qu’est-ce que cette sottise ?.Elle prit quelque chose derrière elle dans sa main droite, et lui fit voir l’objet qu’elle y avait dissimulé un peu plus tôt : un pesant hachoir tout neuf, et bien aiguisé.Armand Bluett recula, se rencognant dans le divan parmi les coussins.— Kay ! Non ! Ne faites pas ça ! supplia-t-il haletant, le visage vert de peur.Je ne vous ai pas touchée, Kay ! Je voulais seulement causer avec vous.Je voulais vous aider, vous et.et votre frère.Posez ça, Kay ! (Il bavait de terreur.) Pourquoi ne pas rester bons amis ? gémit-il.— Assez !Elle leva le hachoir au-dessus de sa tête, appuya sa main gauche sur la table et se pencha vers Armand
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