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.Azhure avait toujours été d’une beauté hors du commun.Désormais, constata Belial, elle semblait… incroyablement… belle.Avec une aura de férocité et de détermination cent fois plus forte que lors de leur rencontre, à Sigholt, le jour où il l’avait aidée à descendre de cheval.Belial contourna le feu et prit l’Envoûteuse dans ses bras.Elle lui rendit son étreinte, sentant à quel point il souffrait, et se souvint qu’il l’avait souvent réconfortée, en des temps difficiles pour elle.— Tout va bien… Je suis là , et les choses vont s’arranger.— Azhure… Si tu savais…Vaincu par l’émotion, Belial éclata en sanglots.Un long moment, Azhure berça dans ses bras un des meilleurs guerriers qu’elle eût jamais rencontrés.Qu’il réagisse ainsi donnait une idée du calvaire que devait endurer Axis…— Raconte-moi, dit Azhure quand Belial se fut un peu calmé.Toujours serré dans les bras de l’Envoûteuse, l’officier lui dit tout ce qui s’était passé.Quand il eut fini, Azhure lui caressa encore un peu la joue et les cheveux.Pendant le terrible récit, Belial l’avait sentie se raidir d’horreur, même si son visage était resté de marbre.— Merci de ce que tu as fait pour Axis, Belial…— Azhure, pourras-tu l’aider à mourir ? L’aimes-tu assez pour ça ?— Je l’aime, mon ami, et je ferai ce qui doit être fait…Plongé dans la pénombre, Axis s’étonnait que la douleur puisse devenir une compagne si précieuse.Grâce à elle, il conservait sa santé mentale, car souffrir repoussait le désespoir dans un coin reculé de sa conscience où il pouvait ne pas lui accorder trop d’importance.La douleur… et la soif.Le désir de boire, tel un animal tapi en lui, l’empêchait de dormir, le sollicitait sans cesse et lui interdisait de penser à son malheur.Il envisageait de demander la cruche à Arne, mais se ravisa en entendant bruisser le rabat de la tente.Quelqu’un venait d’entrer.Était-ce Belial, qui venait relever Arne ?Axis n’aimait pas que son vieil ami reste à son chevet.À chaque minute, il captait son horreur et sa pitié, et cela l’empêchait de fuir la réalité…Arne eut une exclamation étouffée, puis il se leva et sortit.— Belial ? demanda Axis.C’est toi ?Pas de réponse, seulement des bruits de pas, trop légers pour qu’il s’agisse de l’officier.Un autre garde-malade ? Incapable d’en supporter davantage, Belial avait peut-être désigné un soldat anonyme.On ne pouvait guère l’en blâmer, car l’amitié elle-même avait ses limites…Malgré sa quasi-cécité, Axis battit des paupières.Une lueur lointaine, très soudaine…— Non, éteignez cette lampe !Bouleversé d’entendre des cris étouffés chaque fois que quelqu’un le voyait distinctement, Axis avait ordonné qu’on ne fasse plus de lumière sous la tente.Mais le nouveau venu paraissait ne pas se soucier de cette consigne.En plus de le trouver répugnant, ses hommes ne jugeaient-ils plus utile de lui obéir ?Il tenta de se tourner sur le côté pour échapper à une inspection en règle, mais son corps refusa de lui faire cette grâce.— Pas de lampe ! croassa-t-il.Pas de lampe !Puis il sentit le parfum de son visiteur – sa visiteuse, plutôt – et se détendit un peu.Ses mains dévastées bougèrent, comme si elles sentaient sur leur paume le contact d’une peau très douce.— Azhure, s’il te plaît… va-t’en ! Je ne veux pas que tu me voies comme ça ! Pars, je t’en prie !Entendant Axis crier, Belial avança vers la tente.Mais une main se posa sur son épaule.— Non, mon brave, ne les dérange pas.L’officier se retourna et découvrit un très bel homme aux longs cheveux noirs bouclés.Comme en plein été, cet inconnu portait une tenue légère au point d’en être presque vaporeuse.— Qui êtes-vous ? demanda Belial.Bizarrement, il n’éprouvait ni peur ni colère.— Si nous prenions place près du feu, mon ami ? La nuit sera longue, je crois…— Asseyons-nous, si vous y tenez… (Quand ce fut fait, Belial répéta :) Qui êtes-vous ?— Mon nom n’importe pas…— Vous êtes un ami d’Axis ?— Oui.Et aussi d’Azhure…Sa femme n’avait toujours pas dit un mot.Axis l’avait entendue poser la lampe sur le tabouret, près du lit.Puis, horrifié, il l’avait sentie soulever les couvertures qui dissimulaient son corps à demi décomposé.— Non ! cria-t-il en tentant en vain de cacher avec ses bras son torse putréfié.Azhure ne devait pas le voir ainsi ! Bon sang, pourquoi Belial l’avait-il fait venir ?Axis entendit le bruissement d’un tissu très fin.Intrigué, il cessa d’essayer de se débattre.Que signifiait le comportement d’Azhure ? Pourquoi ne lui parlait-elle pas ? Parce qu’elle n’osait pas exprimer sa répulsion ?L’Homme Étoile sentit un courant d’air, près de lui, puis il crut reconnaître le bruit d’un vêtement qui tombe sur le sol.— Axis…, souffla Azhure en se penchant.Axis…En prononçant ce simple prénom, Azhure parvenait à exprimer tout l’amour du monde.— Axis…S’étendant près de lui, Azhure prit son mari dans ses bras et l’enveloppa dans un cocon de chair douce et chaude
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