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.Je vais courir les routes et braver bien des dangers.Je ne peux pas te demander de venir avec moi.Boupou releva la tête.Ses yeux brillaient.Puis une ombre passa sur son visage.— Mais toi seras malheureux sans moi.— Non, dit Raistlin en souriant.Je serai heureux si je te sais en sécurité parmi les gens de ton clan.— Toi es bien sûr ? demanda Boupou avec anxiété.— Sûr.— Alors je vais, dit-elle en se levant.Mais d’abord, prends un cadeau.Elle fourragea dans son gros sac.— Non, dit Raistlin, se souvenant du lézard mort, ce n’est pas la peine…Boupou sortit un livre de son sac.Raistlin ouvrit de grands yeux en voyant des runes d’argent briller sous la terne lumière de l’aube.Il tendit la main en tremblant.— Le grimoire de Fistandantibus !— Tu aimes ? demanda timidement Boupou.— Oui, petite ! dit-il en caressant amoureusement le parchemin.Où as-tu…— Moi pris au dragon, quand brillait la lumière bleue.Contente que tu aimes.Maintenant, je vais.Retrouver Grand Bulp Phulge 1er.Elle prit son sac sur son épaule, et se retourna une dernière fois.— La toux.Une bonne cure de lézards…— Non merci, petite.Boupou le regarda tristement, puis, comble de l’audace, elle prit une main du mage entre les siennes et y déposa un baiser furtif.Enfin elle se détourna, secouée de sanglots.Raistlin lui caressa la tête.Quels que soient les pouvoirs que je possède et que je posséderai, Être Suprême, se dit-il intérieurement, accorde à cette petite créature de passer sa vie dans la paix et le bonheur.— Adieu, Boupou.Elle regarda le mage avec adoration, puis s’en fut en courant aussi vite que ses galoches le lui permettaient.Le regard de Raistlin embrassa l’horizon.Il se tourna vers l’ouest, son pays natal.Le ciel y reflétait la chaude lumière du soleil levant.Il tressaillit.Reposant son sac et son précieux contenu, il se dirigea à grands pas vers le demi-elfe.— Tanis ! Réveille-toi !Raistlin pointa un doigt vers l’ouest.Le demi-elfe se frotta les yeux.Le paysage était magnifique.Il vit les arbres qui bordaient les steppes verdoyantes.Et derrière les steppes, serpentant dans le ciel…— Non ! Ce n’est pas possible ! s’écria Tanis.— Si.Solace est en feu…LIVRE SECOND1la nuit des dragons.— Cette maudite suie s’est infiltrée partout ! gémit Tika.Elle a tout envahi ! Je passe mes journées à nettoyer, et le lendemain, c’est encore pire ! Ils sont en train de tout brûler !— Ne te tourmente pas, Tika, répondit Otik en caressant ses boucles rousses.Réjouis-toi plutôt que l’auberge soit encore debout…— Me réjouir ! dit Tika en le repoussant, le visage rouge de colère.J’aurais souhaité qu’ils aient tout brûlé à Solace, au moins ils ne reviendraient plus ici !Elle s’assit à une table et éclata en sanglots.— Je sais bien, ma chérie, je sais bien, répéta Otik, soufflant sur la suie qui collait à la blouse blanche de Tika.* * *L’attaque avait surpris tout le monde.Les malheureux réfugiés qui venaient du nord avaient bien rapportés d’horribles histoires de monstres ailés, mais Hederick, le Grand Théocrate, avait assuré à la population qu’elle était en sécurité, car la ville serait épargnée.Les gens l’avaient cru, parce qu’ils avaient envie de le croire.La nuit, les dragons étaient arrivés.L’auberge était bondée.Le feu brillait dans l’âtre, la bière coulait à flots et les pommes de terre aux herbes sentaient bon.Mais personne n’oubliait ce qui se passait à l’extérieur ; on parlait haut et fort de la guerre.Hederick débitait des harangues lénifiantes pour calmer les esprits.« — Nous ne sommes pas comme ces idiots du nord qui ont commis l’erreur de défier le pouvoir du seigneur des Dragons, déclarait-il, debout sur une chaise pour se faire entendre.Le seigneur Verminaar en personne a assuré au Conseil des Questeurs de Haven qu’il voulait la paix.Il a demandé l’autorisation de traverser notre ville pour aller conquérir au sud le pays des elfes.Je souhaite qu’il y prenne le pouvoir !« Cela fait trop longtemps que nous tolérons les elfes au Qualinesti.Je vous le dis, laissons Verminaar les repousser jusqu’au Silvanesti ou ailleurs, d’où qu’ils viennent ! Je conseille à notre jeunesse de se joindre aux armées de ce seigneur.Je l’ai rencontré, et je peux vous dire qu’il est un grand chef et un vrai prêtre ! J’ai assisté à ses miracles ! Sous sa conduite, nous entrerons dans une ère nouvelle ! Nous chasserons les elfes, les nains et les autres étrangers de notre pays et…»Les hôtes de la taverne entendirent un bruit sourd, rappelant le ronronnement d’un poêle géant.Tout le monde se tut, se demandant d’où le vacarme pouvait provenir.Le ronronnement se transforma en grondement de plus en plus proche.Les gens se précipitèrent aux fenêtres.« — Il fait si noir que je ne vois même pas les escaliers », dit quelqu’un.Cela ne dura pas longtemps.L’auberge se trouva rapidement cernée par les flammes.La chaleur fit voler les fenêtres en éclats, les tables se renversèrent, les bancs se fracassèrent contre les murs.L’arbre géant qu’aucun orage n’avait réussi à mutiler trembla sous les déflagrations.Un hurlement à donner la chair de poule domina le tumulte.Un grand remous d’air bourdonnant passa au-dessus de l’auberge, puis les ténèbres firent place à un rideau de flammes.Autour de Tika, cramponnée au comptoir, les gens hurlaient de terreur.Solace était en feu.Une odeur de bois carbonisé mêlée à la puanteur de la chair calcinée parvint aux narines de Tika.« — Sortez vite ! Tout va flamber ! » cria quelqu’un.Piétinant les blessés, Hederick atteignit le premier la porte.Arrivé à la balustrade, il s’arrêta, stupéfait.La forêt brûlait, et des centaines de créatures aux ailes scintillant à la lueur des flammes envahissaient la ville.C’était l’infanterie draconienne.Cinq dragons rouges volaient au-dessus des troupes, soufflant sur la moindre bourgade leur feu dévastateur.Que pouvaient les épées et les flèches contre ces créatures ?Cette nuit demeura à jamais gravée dans la mémoire de Tika.Elle tenta de se persuader qu’il fallait quitter l’auberge en flammes, mais c’était sa maison, et elle s’y sentait en sécurité.Elle resta, et aida Otik et les filles de cuisine à éteindre l’incendie.Quand ce fut terminé, Otik, épuisé, s’effondra dans un coin.Tika reporta toute son attention sur les blessés.Elle se démena pendant des heures, se refusant à regarder et à entendre ce qu’elle devinait à l’extérieur.Une multitude de blessés avait envahi l’auberge.Il en arrivait toujours plus ; des hommes soutenant leurs femmes, des veuves portant leurs enfants agonisants…Un garde des Questeurs arriva en titubant et s’écoula devant elle, une flèche dans le thorax.« — Peux-tu me dire ce qui se passe ? Pourquoi tout le monde vient-il ici ? »Le garde grimaça de douleur.« — C’est le dernier bâtiment encore debout… Tout a brûlé.Absolument tout.»Le cœur de Tika s’arrêta de battre, son sang se figea dans ses veines [ Pobierz całość w formacie PDF ]