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.S’il le voulait.Un adulte se serait admonesté pour une telle pensée, il se serait dit de ne pas être idiot, de ne pas succomber à une paranoia née de la peur.C’est exactement ce qu’il veut que tu croies, qu’il lit dans les pensées des autres, aurait raisonné l’adulte.Mais David n’était pas un homme, il était un petit garçon de onze ans.Pas n’importe quel garçon de onze ans non plus, pas depuis novembre dernier.De grands changements étaient intervenus depuis lors.Il ne pouvait qu’espérer qu’ils l’aideraient à supporter ce qu’il voyait, ce dont il faisait l’expérience en ce moment.Pendant ce temps, le flic le regardait avec des yeux rétrécis et perçants.« Je pense que ce sont mon père et ma mère qui m’ont fait, dit David.C’est de cette façon que ça marche, non ?- Un grand garçon qui sait faire la différence entre un chou et une rose ! Merveilleux ! Et à propos de mon autre question, moussaillon: est-ce que tu t’amuses bien ?- Vous avez tué ma soeur, alors ne posez pas de questions stupides.- Ne le provoque pas, David ! supplia une voix si haut perchée, si altérée qu’il reconnut à peine celle de son père.- Oh, je ne suis pas stupide », rétorqua le flic.Il enfonça plus profondément encore son regard gris dans les yeux de David.On aurait dit que les iris étaient en mouvement, tournoyant comme des roues, et David eut la nausée à force de les regarder, mais il ne pouvait s’en déta-cher.« On peut sans doute m’affubler d’un tas de qualificatifs, mais je ne suis pas stupide.Je sais beaucoup de choses, moussaillon.C’est vrai.Plein de choses.- Laissez-le tranquille ! cria Ellen qui ne pouvait voir son fils que le corps du flic lui cachait.N’avez-vous pas déjà assez éprouvé notre famille ? Si vous le touchez, je vous tuerai ! »Le flic ne lui accorda pas la moindre attention.Il leva ses deux index et les posa sous ses yeux pour écarter les paupières inférieures, faisant ressortir ses globes oculaires de façon grotesque.« J’ai des yeux d’aigle, David, et ces yeux voient la vérité de très loin.Tu ferais mieux de me croire.Des yeux d’aigle, oui.»Le flic continuait à le fixer à travers les barreaux, mais il semblait maintenant que c’était le petit David Carver, onze ans, qui l’avait hypnotisé, lui.« T’es quelqu’un, toi ! dit le flic dans un souffle.T’es vraiment quelqu’un, oui.J’en doute pas.»Pense ce que tu veux, mais ne pense pas que je pense à la cartouche.Les yeux du flic s’élargirent un peu, et pendant un moment horrible, David se dit que c’était exactement ce à quoi il pensait, qu’il s’était branché sur l’esprit de David comme sur une station de radio.C’est alors qu’un coyote hurla dehors, un long cri, modulé, déchirant de solitude.Le flic regarda dans sa direction et le fil qui le reliait à David - de la télépathie, peut-être, ou juste un mélange de peur et de fascination -, ce fil cassa.Le flic se baissa pour ramasser le fusil.David retint son souffle, certain qu’il allait voir la cartouche sur le sol à sa droite, mais il ne regarda pas dans cette direction.Il se redressa en déverrouillant le fusil; celui-ci s’ouvrit en deux, les canons reposant sur son bras comme un animal obéissant.« Ne t’en va pas, David, dit-il d’une voix de copain qui fait une confidence.Nous avons beaucoup de choses à nous dire.Et c’est une conversation que j’attends avec impatience, crois-moi, mais pour l’instant, je suis trop occupé.»Il revint au centre de la pièce, tête baissée, ramassant en chemin les cartouches.Il introduisit les deux premières dans les canons et glissa les autres d’un air absent dans ses poches.David n’osa pas attendre plus longtemps.Il se baissa, passa la main entre les deux derniers barreaux à gauche de la cellule et saisit le gros tube vert - qu’il glissa dans la poche de son jean.La femme qui s’appelait Mary ne le vit pas: elle gisait toujours sur son lit de camp, le visage enfoui dans ses bras, secouée de sanglots.Ses parents ne le virent pas: ils étaient tous deux enlacés contre les barreaux de leur cellule et, horrifiés et fascinés à la fois, ne quittaient pas des yeux l’homme en uniforme kaki.David se retourna et vit que le monsieur aux cheveux blancs - Tom - avait toujours les mains sur les yeux, alors peut-être que de ce côté-là aussi, c’était bon.Sauf que les yeux humides de Tom étaient ouverts derrière ses doigts, David le voyait bien, alors peut-être que ce n’était pas bon.De toute façon, il était trop tard.Toujours face à l’homme que le flic avait appelé Tom, David leva une main jusqu’à sa bouche en un geste intimant le silence [ Pobierz całość w formacie PDF ]