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.Les bruits extérieurs parvenaient comme assourdis et les visiteurs étaient nettement moins nombreux, pour la plupart des adolescents impressionnés par le spectacle qui les attendait.À l’entrée de la galerie se trouvait une table sur laquelle reposait une grosse bonbonne en verre épais, munie d’un bouchon de liège cacheté à la cire.Un bébé y flottait dans un liquide visqueux, deux bras parfaitement dessinés émergeant de la partie supérieure de son crâne.En regardant de plus près, Pendergast constata qu’à l’inverse de la plupart des autres curiosités, celle-ci n’était pas trafiquée.Il poursuivit sa visite et se retrouva nez à nez avec un chien à tête de chat grossièrement assemblé, ce qu’indiquaient clairement les coutures visibles à travers le pelage mité de l’animal.À côté, un clam géant, sa coquille grande ouverte, contenait le squelette d’un pied humain, le panneau explicatif posé au-dessous racontant avec force détails le sort peu enviable du malheureux pêcheur de perles victime de ce monstre.Un peu plus loin, on longeait une rangée de jarres pleines de formol dans lesquelles flottaient les spécimens les plus bizarres : des siphonophores, un rai géant de Sumatra, une énorme masse brune de la taille d’une pastèque identifiée comme Le foie d’un mammouth retrouvé dans les glaces de Sibérie, ou encore un double fœtus de girafes siamoises.A l’endroit où la galerie faisait un coude, on découvrait sur une étagère un crâne humain avec une monstrueuse excroissance osseuse en plein milieu du front : L’homme-rhinocéros de Cincinnati.Pendergast s’arrêta et tendit l’oreille.On n’entendait quasiment plus la rumeur du public et il se trouvait seul dans cette partie de la galerie.La galerie faisait un nouveau coude et une flèche soigneusement dessinée dirigeait le visiteur vers une dernière exposition dont une pancarte annonçait la nature : L’antre de Wilson-le-Manchot - Réservé aux plus téméraires.Pendergast suivit la flèche.Le silence était presque total et la pièce, déserte, débouchait sur une petite alcôve dans laquelle trônait une tête desséchée dans une vitrine en verre.Une langue difforme émergeait de la bouche, accrochée aux lèvres tel un cigarillo.Une étrange saucisse sèche d’une trentaine de centimètres, armée d’un crochet rouillé attaché à l’aide de lanières de cuir, était posée à côté de la tête hideuse.Un peu plus loin, on reconnaissait une corde de pendu effilochée.Sur l’écriteau posé sous la vitrine, Pendergast put lire :LA TÊTEDU TRISTEMENT CÉLÈBRE VOLEURET ASSASSINWILSON-LE-MANCHOTCONDAMNÉ À LA PENDAISONTERRITOIRE DU DAKOTA4 JUILLET 1868LA CORDE FATALEMOIGNON ET CROCHET DE WILSON-LE-MANCHOTQUI RAPPORTÈRENT MILLE DOLLARSAU CHASSEUR DE PRIME QUI CAPTURA CE TERRIBLECRIMINELPendergast observa longuement le renfoncement en cul-de-sac dans lequel il se trouvait.Sombre et isolé, dissimulé aux regards indiscrets par le coude de la galerie, il pouvait difficilement accueillir plus d’un visiteur à la fois.En cas d’agression, personne n’aurait pu entendre les cris de la victime.À force de regarder autour de lui, Pendergast vit les murs se déformer et se liquéfier sous ses yeux tandis qu’un brouillard de plus en plus épais envahissait son cerveau.En l’espace de quelques instants, le décor qu’il avait réussi à bâtir dans sa tête acheva de se dissoudre, mais cela n’avait plus guère d’importance.Il en avait assez vu au cours de sa visite virtuelle au Cabinet Shottum pour comprendre comment les choses se déroulaient.Il savait enfin comment Leng avait pu se procurer ses victimes avec tant de facilité.33Patrick O’Shaughnessy, debout au coin de la 72e Rue et de Central Park West, observait la façade du Dakota, trouée par un large porche voûté débouchant sur une cour intérieure.À lui seul, le bâtiment occupait plus d’un tiers du pâté de maisons et c’était là, en pleine ville, que Pendergast avait été attaqué à la tombée de la nuit quelques jours auparavant, à peu près à la même heure.Le soir où Pendergast avait été sauvagement agressé par l’inconnu au chapeau melon, le quartier devait vivre au même rythme ralenti, ce qui expliquait que l’homme ait pu commettre son forfait sans attirer l’attention des rares passants.L’inspecteur n’était pas homme à se laisser faire, et son agresseur avait sans doute compté sur l’effet de surprise pour parvenir à le maîtriser.O’Shaughnessy se demanda une nouvelle fois ce qui le poussait à venir examiner les lieux.Il n’était même pas en service.En temps ordinaire, il serait allé boire un verre avec des copains au JW’s, ou alors il serait resté chez lui, bien au chaud, à savourer la version de La Fiancée vendue de Smetana qu’il venait de s’acheter.Après tout, il n’était pas payé pour faire des heures supplémentaires [ Pobierz całość w formacie PDF ]