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.Il tendait une main suppliante vers Malcolm.Je faillis me mettre en colère, puis je captai une de ses pensées et perçus sa peur.La voix de Jean-Claude avait fait réagir le corps de cet homme hétérosexuel.Juste sa voix, prononçant des mots anodins.Jean-Claude n’essayait pas d’exciter qui que ce soit – pas encore.Comment réagirais-je si j’étais une vampire ?Cette question me fit penser à Belle Morte.Elle avait fait bien davantage qu’user du pouvoir de sa voix sur moi.Le souvenir de notre étreinte me fit monter le rouge aux joues.La vision de son corps, la sensation de ses mains sur moi enflamma mon sang dans mes veines.De nouveau, je goûtai son rouge à lèvres et sa salive.Le contact de sa peau soyeuse s’attardait sur le bout de mes doigts ; je les frottai contre le cuir de mon blouson pour me débarrasser de cette sensation, mais en vain.Elle s’accrochait à ma peau ainsi qu’une toile d’araignée impalpable mais tenace.Nathaniel voulut me prendre le bras, mais je m’écartai brusquement et secouai la tête.Tendant mes bras aux fidèles, je reculai en direction de la scène.J’avais besoin de Jean-Claude ou d’Asher, besoin de quelqu’un qui comprenait le pouvoir de Belle Morte mieux que moi.Peut-être n’était-ce qu’une réaction à ce qu’elle m’avait fait en rêve, mais je préférais ne pas compter là -dessus.Si elle devait tenter de prendre le contrôle sur moi, je voulais être à côté de quelqu’un qui pourrait m’aider à me défendre.J’ignore si Colombine comprit ce qui se passait ou si elle crut que c’était un tour de l’ardeur, mais elle eut l’air de penser qu’il s’agissait d’une faiblesse, une ouverture.De nouveau, elle attaqua la congrégation, et je me rendis compte que sa tentative précédente n’était qu’une feinte.Elle avait juste fait semblant d’essayer.Cette fois, son pouvoir s’abattit sur les vampires telle une épée enflammée.Ils se mirent à hurler tandis que les liens qui les rattachaient à Jean-Claude et à moi se consumaient comme si Colombine pouvait littéralement les brûler ainsi que des cordes trop fines.L’une des vampires qu’elle venait de libérer tituba dans l’allée centrale et tomba à quatre pattes devant moi en hurlant.Je ne sentais plus ce qu’elle sentait, mais ça devait faire drôlement mal.Un homme aux yeux gris écarquillés tendit une main et cria :— Maître, aidez-moi !Il ne s’adressait ni à Malcolm ni à Jean-Claude, mais à moi.Et moins d’une longueur de bras me séparait de lui.Sans réfléchir, je pris sa main.Elle était beaucoup plus grande que la mienne, de sorte que je ne pus l’envelopper de mes doigts mais, à l’instant où nous nous touchâmes, l’homme cessa de crier.Sortant de sa rangée, il vint se draper autour de moi, s’accrochant à mon cou comme si j’étais la dernière chose solide au monde.Je l’étreignis en retour, très fort, et la sensation de la peau soyeuse de Belle Morte s’effaça face à la réalité musclée de son corps.La fille tombée par terre rampa jusqu’à moi pour me toucher le mollet.Elle aussi cessa de hurler.Elle passa ses bras autour de mes jambes et de celles du vampire inconnu.Je descendais de la lignée de Belle Morte.Je savais arrêter la douleur.Je savais les arracher à Colombine et les faire de nouveau miens.Je levai la tête vers l’homme aux yeux gris.Il plia sa grande silhouette vers moi.Je pris son visage entre mes mains et me dressai sur la pointe des pieds.Sa bouche trouva la mienne, et nous nous embrassâmes.Il avait les lèvres sèches de nervosité.Alors je fis ce que je n’avais jamais réussi à faire auparavant : je libérai une seule petite goutte d’ardeur.Comme si la lumière s’était fait jour dans mon esprit, je comprenais tout à coup que je n’étais pas forcée de me laisser submerger par l’océan de l’ardeur, que je pouvais utiliser juste la quantité nécessaire pour humecter les lèvres de quelqu’un.En l’homme aux yeux gris, je trouvai le minuscule morceau manquant que Colombine avait cassé, ce morceau dont elle s’était emparée par la force et dans la douleur.Elle avait donné un avertissement aux fidèles de Malcolm.Elle leur avait montré les tortures qu’elle leur infligerait, le feu avec lequel elle les brûlerait et les détruirait s’ils se refusaient à elle.Moi, je leur offrais un baiser.Je leur offrais de la douceur et de l’amour.Si je n’avais pas goûté le pouvoir de Malcolm quelques instants plus tôt, je n’aurais peut-être pas pu le faire, mais ses intentions si pures, si dénuées d’égoïsme, avaient comme donné un nouveau parfum à l’ardeur.J’offris ce parfum à ses vampires.Je leur offris un choix.Je leur offris de l’eau fraîche et la sécurité.Colombine ne leur offrait que terreur et châtiment.Elle était menace ; j’étais promesse.Je les reconquis d’un baiser, d’une caresse.Ils se déversèrent depuis les rangées de bancs, et je me déplaçai parmi eux.Damian et Nathaniel m’aidèrent en fendant la foule pour toucher les fidèles un par un.L’ardeur possédait une douceur que je n’avais jamais sentie en elle auparavant, une douceur qui éteignit le pouvoir de Colombine sous une vague de chastes baisers et d’innocentes caresses.Nous allons vous sauver, promettait cette vague.Nous allons vous guérir.Colombine aurait dû se rappeler que les gens sont capables de donner tout ce qu’ils ont, tout ce qu’ils sont pour qu’on prenne soin d’eux et qu’on fasse disparaître leur douleur.C’est la raison de l’attirance qu’exercent les cultes, avec leur mirage de grande famille.C’est ce que l’amour est censé apporter, selon certaines personnes.Mais elles se trompent.L’amour n’est pas l’absence de douleur.L’amour, c’est une main qui tient la vôtre pendant que vous souffrez.Colombine hurla sa frustration et rompit le pacte.Elle tendit la main vers Giovanni.Je la sentis toucher son serviteur – pas physiquement, mais métaphysiquement.Le pouvoir que nous étions parvenus à repousser se dressa soudain au-dessus de nous telle une immense lame de fond
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