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.— On n’est que des pauvres manants ! s’écria Nym d’un ton geignard.— Vous êtes de sales traîtres, oui ! lança une voix derrière les halliers.Maître Robin vous salue bien et vous trouve coupables des délits suivants : d’abord celui d’avoir volé sans son autorisation, ensuite celui de vous être laissé capturer et enfin celui de vous enfuir en pleine nuit, comme des rats.Qu’avez-vous raconté au shérif et à ses amis ?Nym et son compagnon étaient terrassés par une peur panique.— On leur a rien dit !— Ah, bien ! Dans ce cas, continuez votre route !Les archers s’écartèrent.Les deux misérables firent un pas, puis un autre, avant d’oublier leurs souffrances et de fuir en boitillant vers le croisement.Derrière eux, les cordes des arcs vibrèrent et la mort à pointe d’acier – huit flèches en tout – les frappa dans le dos.Ils hoquetèrent et battirent des bras.Puis, s’étouffant dans leur propre sang, ils s’écroulèrent dans l’herbe sèche, brûlée par le soleil.La bande disparut dans les taillis en abandonnant les cadavres ensanglantés sous le clair de lune.CHAPITRE VIIICorbett se réveilla aux aurores, le corps trempé de sueur.Il avait fait un cauchemar : sous des cieux noirs balayés par les vents hurlants, il avançait dans la poussière rougeâtre d’une plaine enserrée d’épaisses forêts vertes.À la lisière se dressait un gigantesque manoir, entièrement en fer.Corbett s’en était approché, remarquant le volet qui battait.Celui-ci s’était ouvert violemment.Une silhouette s’était penchée à la fenêtre et avait ôté son capuchon.Corbett, alors, s’était retrouvé face à un visage étroit, orné d’une barbe rousse : celui de son vieil adversaire Amaury de Craon.— Bienvenue en Enfer ! s’était écrié le Français.Vous avez été bien long à venir !Une fois réveillé, Corbett resta un peu au lit, s’interrogeant sur la signification de ce rêve.Il était troublé et légèrement anxieux.Il pensa à Maeve et espéra qu’aucun problème n’avait surgi dans leur manoir de Leighton.Puis il revit les flèches enflammées de la veille et se rappela la date.Il se dit que le temps filait pendant que son enquête piétinait.Au fond de la chambre, Ranulf dormait du sommeil du juste, les bras en croix.Corbett se leva en grommelant, fit ses ablutions et se rasa, puis s’habilla.Il se souvint du Craon de son cauchemar et se demanda si Achitophel, le sicaire, se trouvait à Nottingham.Il boucla son baudrier.Au loin, une cloche se mit à sonner l’office de prime, aussi descendit-il à la petite chapelle austère de la forteresse.Frère Thomas, revêtu d’une chasuble or et noir, le salua d’un sourire, du haut des marches de l’autel.— Je célèbre cette messe des morts pour les âmes de Sir Eustace et de Lecroix.Que Dieu les accueille dans Sa sainte Lumière !Quelques soldats de la garnison se joignirent à eux.Frère Thomas fit le signe de la croix et commença la messe.L’office fut des plus simples et, comme il était de coutume à une messe de requiem, frère Thomas récita le Dona Eis trois fois, après la bénédiction finale.Corbett écouta les paroles avec émotion : « Accorde-leur le repos éternel, ô Seigneur, qu’ils reposent dans Ta paix et Ta lumière ! Amen ! »Il se rappela la remarque de frère Thomas au début de la cérémonie, à propos de Dieu accueillant les âmes des deux morts dans la lumière, et pensa aux trois flèches enflammées qui avaient rayé le velours de la nuit.Ces flèches étaient-elles une prière ? Un hommage ? – Ou une menace ?Il quitta la chapelle et monta à la chambre de Vechey.Ranulf y avait apposé des scellés aux armoiries de son maître.Corbett les brisa et entra dans la pièce mal aérée.Il prit un drap du lit, rassembla certains objets ayant appartenu à Vechey et, refermant la porte derrière lui, regagna ses quartiers.À sa grande surprise, Ranulf, déjà levé et habillé, était assis près de Maltote qui faisait une mine d’enterrement.— Ainsi, notre messager est de retour ! s’exclama Corbett, dissimulant sous son lit les objets pris précédemment dans la chambre de Vechey.Maltote s’avança vers lui en boitillant.— Seigneur Dieu, mon garçon ! s’écria le clerc.Que t’arrive-t-il ?— Je me suis rendu à Southwell selon vos instructions, Messire.— Et alors ?— Guy de Gisborne m’y a retenu.— Pour quelle raison ?Corbett regardait, interloqué, le bandage entourant le genou du jeune homme.— Installe-toi confortablement et raconte-nous ce qui s’est passé.— Je vais vous le dire, moi, intervint Ranulf.Gisborne est entré dans Sherwood.Corbett poussa un gémissement en fermant les yeux.— Ses troupes sont arrivées hier soir, poursuivit Ranulf.Elles ont commencé à fouiller la forêt au point du jour.Maltote a chevauché toute la nuit pour nous apporter cette nouvelle.Les portes du château étant barrées, il est descendu au Pèlerin de Jérusalem [ Pobierz całość w formacie PDF ]