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.Mais elle était attachée, émotionnellement, à des souvenirs de prières en famille.Et, très vite, sans qu’on lui demande rien :— Je me demande comment vous faites pour aimer votre prochain et vous traîner à genoux pour lui soigner les plaies… moi, quand je vois la porcherie dans laquelle on vit, tout ce que je me dis, c’est que ça me plairait de tout faire péter.Recruter, et former.Sœur Elisabeth avait bien quelques doutes.La petite était d’une docilité suspecte, trop facilement malléable pour que l’empreinte tienne correctement.Elle avait un double-fond, ce qui la rendait difficile à manœuvrer.Son intelligence était relativement vive, mais superficielle et mal articulée.Mais elle avait toutes les qualités requises : de mauvaises relations, un équilibre instable, un grand besoin d’attention… Ensuite, tout s’était enchaîné.Jusqu’à ce qu’on signale l’arrivée des deux privées sur Barcelone.Qui arrivaient un peu tôt pour que l’adolescente soit bien en main.Alors on avait avisé sœur Elisabeth qu’il serait bon qu’elle boucle ses conclusions sur Barcelone au plus vite, afin de pouvoir suivre Valentine à Paris.Le moment était venu.On ne sait jamais pour qui on travaille.Et on ignore pour qui on meurt.Ça ne la gêne pas.Sœur Elisabeth fait ce qu’elle a toujours fait, ce que les humains qu’elle admire ont toujours fait : elle obéit aux ordres.— Non, vraiment, je ne peux pas vous aider… j’en suis désolée.La dernière fois que j’ai vu Valentine, elle m’a parlé de ses amis… des squatteurs, je crois ? J’ai essayé de la convaincre de rentrer, mais…Elle n’a pas le temps de finir sa phrase.Un cri rauque et animal échappe à la Hyène, qui ferme les yeux et grimace.Elle se tourne vers la sœur, la rage obscurcit son regard.Son excitation est grotesque.La vieille femme ne marque ni étonnement, ni crainte.Elle connaît la brutalité des faibles.Ce que les dégénérés confondent avec la force : un déballonnement émotionnel.La lesbienne grogne :— Vous n’avez pas honte ?Sans répondre, sœur Elisabeth plante son regard dans le sien, simule l’étonnement sincère, tout en pensant « mais de quel droit viendrais-tu me parler de honte, pauvre dégénérée ? ».Alors, la Hyène lui répond, à voix haute, comme si elle avait lu dans ses pensées :— Je n’ai aucune leçon de morale à donner, mais je ne frime personne avec mon petit sari blanc et mes airs de sainte-nitouche.Et je ne trafique pas sur le dos des gamins.Sœur Elisabeth sent, dans son dos, la morsure d’une sueur glacée.Elle n’a que mépris pour le sentimentalisme mou qui fonde ce genre de réflexion – on ne gouverne pas les peuples avec de bonnes intentions – mais elle ne peut retenir un mouvement de panique à l’idée que la lesbienne puisse effectivement lire dans ses pensées.La Hyène enfonce le clou :— Bien sûr que je peux.Qu’est-ce que tu crois ? Toi, en plus, t’as pas de chance : je te capte comme j’ai jamais capté personne.— Mais qu’est-ce qui vous arrive, mon enfant ?Ne jamais avouer.Bloquer les pensées.Il ne faudrait pas que tout soit compromis aussi bêtement.Un oiseau chétif se pose à quelques mètres d’elles, picore des miettes de sandwich qu’un touriste aura répandues.Sœur Elisabeth écarte les mains, en signe d’impuissance :— Mais qu’allez-vous imaginer, mon enfant ? Que se passe-t-il donc de si terrible autour de cette petite fille ? Mon Dieu, je n’ai pas su la protéger comme j’aurais dû… Voulez-vous que je vous aide à la retrouver ? Voulez-vous que je me renseigne, de mon côté, et que je vous prévienne dès que j’ai du nouveau ?— Pourquoi elle ? Vous n’aviez personne d’autre, dans vos propres rangs ? Vous ne pouviez pas envoyer vos propres enfants ?— Mais je vous offre toute mon aide pour la ramener chez elle… saine et sauve… Et je pense que je veux vous aider.Je vous l’ai dit, je crois que vous auriez intérêt à vous renseigner parmi les squatteurs…— Parce qu’elle était seule, n’est-ce pas ? Seule, et facile à lancer.On a évité d’aborder le sujet, mais Zoska savait que ce qu’on faisait n’avait aucun sens.Après le déjeuner, la photo de Valentine en main, on a fait les bars, les marchands de tabac, les magasins de disques, de tee-shirts, de baskets… Puis on a pris un café en terrasse, et ensuite on s’est contentées de se promener, sans but particulier, sans se demander si ça n’était pas un peu bizarre, de passer la journée à ne rien faire au beau milieu d’une enquête déjà pas en très bon état de marche.Collée à Zoska, je suis électrisée quand son coude frôle le mien
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