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.Méthode plus lente mais moins risquée.J’avais passé quinze voitures et il m’en restait une dizaine quand j’entendis des pas sur ma gauche.Je me baissai vivement, m’immobilisai et tendis l’oreille.Je savais que LeBlanc était sur ma gauche, mais la dernière fois que j’avais vérifié, il était derrière moi.Ces pas venaient de la gauche, mais de devant moi.Et le bruit ne ressemblait pas à celui d’une paire de baskets.C’étaient des chaussures à semelle dure qui claquaient vivement sur le trottoir et se dirigeaient presque droit vers moi.Je tombai à plat ventre et regardai par-dessous la rangée de voitures.Sur ma gauche immédiate, des chaussures marron longeaient la rangée.Une femme qui regagnait sa voiture à pas pressés.Je pensai me lever, agiter les bras, attirer son attention.Un témoin suffirait-il à empêcher LeBlanc de tirer ?— Aha, chantonna-t-il.Ma tête se releva brusquement et heurta le dessous de la voiture avec un bruit sonore.LeBlanc jura et se mit à courir.Je regardai frénétiquement autour de moi, cherchant ses pieds afin de décider dans quelle direction m’échapper.La femme.Je devais saisir cette chance et foncer vers elle.Mais je n’entendais plus ses pas.Était-elle déjà dans sa voiture ?— Merde ! s’écria LeBlanc.Putain, mais j’y crois pas.Elena !Je m’immobilisai.Pourquoi m’appelait-il ? Il savait où j’étais, non ? Il avait bien dû entendre ma tête heurter le dessous de la voiture.Le choc avait résonné dans tout le parking.LeBlanc jurait toujours.Je suivis le son de sa voix et aperçus ses baskets à six mètres environ.Et, tout près de ses chaussures, le corps d’une femme, étendu à terre, dont les yeux ouverts me fixaient sous un cratère sanglant lui trouant le front.Quand LeBlanc avait crié, ce n’était pas parce qu’il m’avait vue.Le bruit que j’avais entendu n’était pas celui de ma tête heurtant une voiture.Il avait aperçu un mouvement, celui d’une femme qui marchait vite, avait entrevu des cheveux clairs et tiré.Regardant fixement cette femme morte, je me mis à trembler.Je me répétais que ma réaction horrifiée était pour elle, une innocente abattue dans un parking.Mais je mentais.Si ma gorge se serrait, si mon cœur cognait à tout rompre, ce n’était pas pour elle.C’était pour moi.Je regardai son corps, aux yeux aveugles braqués sur l’infini, et je me vis étendue à sa place.Ça devait être moi.Tuée en une seconde.Une brève seconde.Vivante et en mouvement.Puis morte.Terminé.La fin de tout.Aurais-je entendu le coup de feu ? L’aurais-je ressenti ? J’aurais pu mourir aujourd’hui, dans ce parking.Je le pouvais toujours.Je m’étais peut-être réveillée pour la dernière fois ce matin.J’avais peut-être déjeuné pour la dernière fois ce midi.Une demi-heure plus tôt, à l’aéroport, j’avais peut-être vu pour la dernière fois Antonio, Nick, Jeremy… et Clay.Mes tremblements s’amplifièrent.Je pouvais mourir.Réellement.Malgré toutes les batailles que j’avais livrées, je n’avais jamais réellement pensé à ça.À tout ce que ça impliquait.La fin pouvait survenir en une seconde d’une incroyable brièveté.À présent que j’y réfléchissais, j’avais peur.J’éprouvai des élancements de douleur dans mes poings crispés.Quand je les desserrai, la douleur s’atténua et se changea en étirement doublé d’une palpitation, comme si quelque chose remuait sous la peau.Je l’ignorai.J’avais plus important en tête.Mais la sensation ne s’effaça pas.Elle empira au contraire.Je baissai les yeux et vis mes doigts se rétracter dans mes mains, des poils pousser sur le dos.Je n’avais rien fait pour précipiter une Mutation et n’y avais même pas pensé.Je secouai vivement les mains en les serrant, souhaitant de toutes mes forces que la transformation s’arrête.Lorsque je remuai les doigts, de nouveaux élancements me parcoururent les bras.Puis mes pieds se mirent à picoter.Je fermai les yeux et ordonnai à mon corps de cesser.Mon dos se cambra.Ma chemise commença à se déchirer.Non ! s’écriait mon cerveau.Pas maintenant ! Arrête ! En vain.Mes jambes agitées de spasmes cherchaient à s’extirper de sous mon corps, mais il n’y avait pas la place.J’étais planquée sous une Coccinelle neuve, avec à peine quelques centimètres d’espace au-dessus de moi.Je ne pouvais pas me lever à quatre pattes.Ni bouger bras et jambes pour les remettre en place.Je fermai très fort les yeux et me concentrai.Rien ne se produisit.Les premières vaguelettes de panique déferlèrent.La Mutation accéléra alors et mes habits se déchirèrent tandis que mon corps semblait décidé à se soumettre à d’impossibles contorsions.C’était la peur qui précipitait les changements.La peur de me retrouver coincée dans ce parking avec un tueur avait déclenché la transformation, et celle de me retrouver coincée sous la voiture l’aggravait à présent.Je savais ce que je devais faire.Je devais sortir.Une nouvelle étincelle de peur me fit brusquement redresser le torse, si bien que mon dos heurta le dessous de la voiture.Cette fois, je sus que le bruit que j’entendais était bien réel.J’entendis vaguement les chaussures de LeBlanc crisser sur le trottoir.Je l’entendis dire quelque chose.Je l’entendis rire…Je bondis de sous la Coccinelle.Mes ongles raclèrent le trottoir.Alors que j’étais à moitié sortie, mes jambes s’ankylosèrent et je tombai par terre face la première.Tous les muscles de mes bras et de mes jambes semblèrent simultanément agités de spasmes.Un hurlement de douleur jaillit de ma gorge.Je crispai la mâchoire [ Pobierz całość w formacie PDF ]