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.Où diable étaient-ils tous passés ? On avait l’impression qu’au moins six mille voitures de patrouille et autres véhicules divers étaient garés dans la plus grande pagaille, dehors.Avec au milieu sa Coccinelle qui aurait certainement remporté le pompon d’or de la pagaille, s’il y avait eu remise de pompons pour ça.Elle gisait toujours sur le flanc, là où Buster l’avait renversée.« Bordel ! s’écria Norris.Où y sont passés ? »Le jeune trooper qui ne paraissait pas en âge de boire de la bière accrocha l’adjoint par l’uniforme et lui dit : « Il y a une bagarre quelque part dans une rue, les chrétiens contre les cannibales, ou je sais pas quoi.En principe, je dois tenir le central, mais avec cette saloperie de tempête, j’ai l’impression de me faire cracher à la figure chaque fois que j’ouvre le micro – et vous, qui êtes-vous ? ajouta-t-il d’un ton morose.— Shérif-adjoint Norris Ridgewick.— Moi, c’est Joe Price.C’est quoi au juste, ce patelin, shérif ? Ils sont tous devenus complètement cinglés, ici ! »Norris ne répondit pas et s’approcha de Seat Thomas.Le teint de ce dernier tirait sur le gris sale et il respirait avec la plus grande difficulté.Il tenait l’une de ses mains ridées fermement appuyée contre sa poitrine.« Où est Alan, Seat ?— Ch’ais pas, répondit le vieil adjoint, adressant à Norris un regard triste et effrayé.Il se passe quelque chose de terrible, mon gars.De vraiment terrible.Dans toute la ville.Le téléphone est en rideau, ce qui est incompréhensible, vu que pratiquement toutes les lignes sont enterrées.Mais je vais te dire un truc.Je suis content qu’il soit en rideau.Je suis content, parce que j’aime autant pas savoir.— Tu devrais être à l’hôpital, remarqua Norris, regardant son vieux collègue avec inquiétude.— Non, au Kansas, répliqua Seat sèchement.Pour le moment, je vais juste rester assis ici en attendant que ça passe.Je ne vais.»Le pont sauta à cet instant, lui coupant la parole : le coup de fusil géant déchira la nuit comme une griffe monstrueuse.« Bordel ! s’écrièrent Norris et Joe Price, à l’unisson.— Ouaip, fit Seat Thomas de sa voix fatiguée, effrayée, provocante, et dont le ton ne manifestait aucune surprise.Je crois bien qu’ils vont faire sauter la ville.C’est probablement la suite du programme.»Soudain, d’une manière consternante, le vieil homme se mit à pleurer.« Où est passé le shérif Pangborn ? » cria Norris à l’intention de Price.Ce dernier l’ignora : il courait à la porte, voir ce qui venait d’être pulvérisé.Norris jeta un coup d’œil à Seaton Thomas, mais le vieux policier contemplait le vide, la main toujours fortement appuyée contre le cœur, tandis que des larmes roulaient sur ses joues.Norris rejoignit Joe Price dans le parking réservé, là où il avait collé une contre-danse à la Cadillac rouge de Buster Keeton il y avait environ mille ans.Un pilier de feu se mourait, encore haut et clair, dans le ciel pluvieux ; à sa lueur, les deux hommes virent que le pont qui enjambait la Castle était détruit.Les derniers feux tricolores de la ville, à sa sortie, gisaient en morceaux dans la rue.« Sainte mère de Dieu, souffla le trooper Price d’une voix chargée de respect.Je suis bien content que ce ne soit pas ma ville.» La lumière de l’incendie lui mettait du rose aux joues et des points d’ambre dans les yeux.Plus que jamais, Norris ressentit le besoin de joindre Alan.Il prit la décision, pour commencer, de partir en patrouille à la recherche de Payton : s’il y avait une bagarre sérieuse quelque part, ça ne serait pas trop difficile, et Alan s’y trouverait peut-être aussi.Au moment où il rejoignait le trottoir, un éclair lui révéla deux silhouettes qui contournaient au petit trot le bâtiment adjacent du tribunal ; elles semblaient se diriger vers la fourgonnette de télé d’un jaune éclatant.Il ne reconnut pas la première, mais il lui fut impossible de se tromper sur la seconde, massive, jambes légèrement arquées : Danforth Keeton.Norris Ridgewick fit deux pas vers la droite et s’adossa au mur de brique, à l’entrée de l’allée, prit son arme de service, la leva à hauteur d’épaule, canon pointé vers le ciel et hurla « HALTE ! » de toutes ses forces.3Polly recula dans l’allée, brancha les essuie-glaces et tourna à gauche.A la douleur de ses mains s’ajoutait une profonde et puissante sensation de brûlure dans ses bras, là où la bave de l’araignée avait coulé sur sa peau.Cette bave était un poison, un poison qui la pénétrait insidieusement.Mais elle n’avait pas le temps de s’occuper de ça maintenant [ Pobierz całość w formacie PDF ]