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.Mercy dirait « un vrai salopard ».C’était un seigneur des forêts dont le talent magique le plus éclatant était de commander aux bêtes.Quand le dernier géant mourut, avec son esprit de bête contrôlé par le seigneur, ce dernier se retrouva avec un pouvoir limité, et il en voulut à Ariana de le surpasser.Quand les faes perdirent la capacité d’imprimer de la magie dans des objets, comme ta canne, Mercy, elle y parvenait toujours.Les gens ont fini par l’apprendre.— Un grand seigneur des faes est arrivé, reprit Ariana.(Elle ne semblait pas écouter Samuel, mais attendait pourtant qu’il ait terminé de parler pour reprendre la parole.) Il exigea qu’elle lui construise une abomination : un artefact qui absorberait la magie de ses ennemis et la lui transmettrait.Elle refusa, mais son père accepta la demande et scella le contrat avec le prix du sang.Elle s’interrompit et, après quelques secondes, Samuel prit le relais.— Il la battait, mais elle refusait toujours.Sa magie était proche de celle de la reine des fées : il pouvait influencer les autres.Ce qui aurait pu lui être plus utile, sauf que les seuls esprits sur lesquels il avait une influence étaient ceux des bêtes.— Alors, il l’a transformée en bête.La voix d’Ariana résonna dans la pièce.Celle-ci était pourtant si pleine que même un coup de feu n’aurait pu produire d’écho.Effrayée, Jesse se serra contre moi.Ariana ne regardait plus Samuel, mais j’étais incapable de déterminer vers où ses yeux étaient tournés.Pas un endroit agréable, en tout cas.— En ce temps-là, poursuivit Samuel, la magie des faes était encore assez puissante pour qu’il soit difficile de les tuer sans fer ou sans métal.Il ne semblait pas inquiet pour Ariana, contrairement à Zee.Celui-ci s’était progressivement levé de sa chaise pour s’interposer entre la fae pleine de cicatrices et Jesse.— Il a utilisé ses pouvoirs pour la torturer, reprit Samuel.Il avait deux chiens qui avaient du sang fae.Leur hurlement pouvait faire tomber un cheval raide mort, et leur regard terrifier un homme au point de lui donner une crise cardiaque.Il les jeta sur elle une heure chaque matin, sachant que, s’il ne dépassait pas l’heure de torture, elle ne pouvait pas mourir : c’était une composante de la magie de ces chiens.— Elle finit par céder, reconnut Ariana d’une voix misérable.Elle céda et obéit à ses ordres aussi fidèlement que ses chiens.Elle ne voyait rien d’autre que ce qu’il voulait et créait ce qu’il désirait, le forgeant dans l’argent, la magie et son sang.— Tu n’as jamais cédé, objecta Samuel.Tu as résisté chaque jour.La voix d’Ariana changea et elle répliqua avec dureté :— Elle ne pouvait pas lui résister.— Tu lui as résisté, insista Sam.Tu as résisté et il t’a envoyé ses chiens, encore et encore, jusqu’à la fois de trop, et sa magie l’a trahi.J’ai entendu l’histoire de la bouche d’un témoin, Ariana.Tu as résisté et tu n’as pas achevé l’artefact.— C’est mon histoire, gronda-t-elle en le fusillant de ses yeux uniformément noirs.Elle a échoué.Elle l’a forgé.— La vérité n’appartient à personne, protesta Samuel.Le père d’Ariana est allé trouver une sorcière, parce que sa magie ne suffisait plus à faire plier sa fille à sa volonté.(Quelque chose dans sa voix me dit qu’il connaissait bien cette sorcière… et qu’il la haïssait.) Il a payé le prix demandé pour un sort qui mariait la sorcellerie à sa magie à lui.— Sa main droite, expliqua Ariana.Samuel attendit qu’elle continue, mais elle se contenta de le regarder sans un mot.— Je pense qu’il voulait appeler ses chiens, poursuivit-il.Mais ils étaient partis trop loin pour qu’il puisse encore les influencer.Au lieu de ça, il obtint quelque chose de très différent.— Des loups-garous, murmura Ariana en nous tournant le dos, les épaules tombantes.Je vis encore plus de cicatrices sur ses flancs.— Nous l’avons attaquée parce que nous y étions obligés, dit Samuel avec douceur.Mais mon père était plus fort que nous, et il a résisté.Il a tué le père.Nous nous sommes arrêtés, mais elle était grièvement blessée.Une humaine en serait morte, ou aurait ressuscité en loup-garou.Elle ne put que souffrir.— C’est toi qui l’as soignée, compris-je.Tu l’as aidée à se remettre.Tu l’as sauvée.Ariana s’effondra… et Samuel sauta par-dessus nous et les chaises pour la rattraper avant qu’elle atteigne le sol.Elle devint molle, les yeux fermés, les cicatrices de nouveau soigneusement cachées par son glamour.— Vraiment ? demanda Samuel en baissant des yeux pleins d’amour sur elle.La cicatrice sur son épaule, c’est moi qui la lui ai infligée.Nom de Dieu, pensai-je en le regardant.Nom de Dieu, Charles, je lui ai trouvé une raison de vivre !Samuel était en haut avec Adam quand la reine des fées nous avait dit qu’elle cherchait le Grimoire d’Argent.La simple mention de cet artefact aurait dû suffire à le convaincre de reprendre les rênes à son loup.Mais c’était quand Zee avait appelé et qu’il avait entendu la voix d’Ariana qu’il était revenu parmi nous.— Tu l’as sauvée, répétai-je.Et tu l’as aimée.— Elle l’ignorait, n’est-ce pas ? renchérit Jesse, visiblement aussi absorbée par l’histoire que l’était Ariana.Tu l’as soignée, et elle est tombée amoureuse de toi… Et toi, tu ne pouvais pas lui dire qui tu étais.C’est super romantique, Doc.— Et tragique, commenta Zee d’un air amer.— Qu’est-ce que tu en sais ? protesta Jesse.Le vieux fae fit la moue et désigna Samuel :— Tu vois une vie heureuse avec plein d’enfants, toi ?Samuel attira la fae contre lui.Ça semblait étrange, ce jeune homme serrant contre son cœur une femme qui aurait pu être sa grand-mère.Mais les faes ne vieillissent pas, ils se fanent.Son allure de grand-mère était un glamour.Les cicatrices étaient réelles… mais je vis l’expression de Samuel et sus qu’il ne pensait qu’à la douleur qu’elles représentaient.— Les fins heureuses, ça va, ça vient, intervins-je, poussant Samuel à soudain relever la tête.Je veux dire, tant que personne n’est mort, il y a toujours moyen d’écrire une nouvelle fin, non ? Tu peux me croire, Samuel : le temps peut guérir des blessures sacrément profondes.— Ses blessures ont l’air guéries, là ? objecta-t-il en me clouant de son regard couleur de glace.— Nous sommes tous vivants, remarqua Zee d’un air ironique, et elle ne s’est pas évaporée entre nos mains, ce qu’elle a toujours le pouvoir de faire.Je dirais que tu as tes chances.Chapitre 13Samuel ouvrait la bouche pour dire quelque chose à Zee quand la femme qu’il tenait dans ses bras rouvrit les yeux, de nouveau verts.Elle promena un regard perdu sur nous, comme si elle n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle était arrivée là.Je savais exactement ce qu’elle ressentait [ Pobierz całość w formacie PDF ]