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.J’étais le seul homme au monde à connaître la suite de l’aventure des Cathares après la terrible persécution dont ils avaient fait l’objet.L’unique historien à être sur le point de retracer la piste des évadés de Montségur.Mais il me manquait encore quelques détails et surtout l’autorisation de voyager discrètement afin de poursuivre mes recherches.Le Reichführer Himmler me confia une mission des plus délicates.Je fus chargé de me rendre en Suisse pour retrouver ses ancêtres afin d’établir son arbre généalogique au-delà de 1750.Les lois généalogiques imposées par la SS étaient très strictes.Elles constituaient même une clé de voûte du programme de purification raciale qu’avait entamé le Reich.Certains des ennemis de notre chef étaient prêts à tout pour mettre en doute son aryanité, allant même jusqu’à l’accuser de posséder du sang juif dans les veines.Il s’agissait de combattre ces odieuses calomnies.Je menai dès lors une mission discrète en Suisse d’où les ancêtres du Reichführer étaient originaires et j’obtins sans trop de problèmes les renseignements recherchés.Himmler était particulièrement satisfait de mon succès et il s’en montra reconnaissant.Ma réputation au sein de l’Ahnenerbe était excellente à cette période.J’étais convaincu que notre chef était prêt à entendre le détail de mes découvertes, mais je craignais qu’il ne fût trop bouleversant pour le reste de la hiérarchie nazie.Je m’étais même laissé dire que Hitler lui-même n’osait pas attaquer de front le pouvoir et les vérités établies de l’Église.Je devais être prudent pour ne pas courir le risque d’être condamné au silence et de voir réduits à néant tous mes efforts.Au fil des semaines, je sentais que Wiligut avait tendance à mettre en doute mes découvertes et parfois même à contester le bien-fondé de mes travaux.En quelques mois, j’avais compris que celui que je tenais pour un allié pouvait se muer en mon plus implacable ennemi.Je devais m’armer de patience et avancer mes pions sur un échiquier truffé de pièges.Sans arrogance, je puis te dire que je savais dès ce moment-là que je posséderais bientôt l’arme absolue qui me permettrait de supplanter Wiligut et tous les autres.Mais je n’imaginais pas encore à quel point l’accomplissement de mon projet allait être semé d’embûches.Ton dévoué,Otto Rahn34Les longs filaments de fromage et de purée de pommes de terre s’enroulaient autour d’une fourchette qui, au cours du repas, avait fini par prendre de l’assurance.Pierre Le Bihan la porta ensuite à sa bouche.— Eh bien, s’amusa Maurice, j’ai l’impression que tu as été convaincu par les vertus de l’aligot ! Ton appétit fait plaisir à voir !— Je dois reconnaître que c’est une véritable découverte, répondit Pierre.Bravo, c’est vraiment très réussi !— Tu vois que je suis aussi capable de réussir des choses, répondit-il en souriant.L’appartement de son père se trouvait dans un immeuble situé à l’angle d’une petite rue qui donnait sur la grande place de Mirepoix.Le logement se constituait d’un salon qui faisait aussi office de salle à manger, d’une chambre ainsi que d’une minuscule cuisine où un étrange décrochage du plafond obligeait à se tenir courbé.Malgré l’exiguïté des lieux, Maurice avait réussi à entasser dans tout l’appartement un nombre incroyable d’objets les plus divers.Il y avait dans cet inventaire à la Prévert avant la lettre : des tableaux d’ancêtres, une sculpture en plâtre polychrome de la Vierge, des poignées de porte, des fossiles, des pièces de tissu, des armes anciennes, une paire de chandeliers et même une chouette empaillée.Maurice laissa à son fils le temps de détailler son indescriptible fouillis avant de réagir et puis dit :— Tout mon bazar t’étonne, non ? Si tu as des questions, n’hésite pas.Je suis prêt à te répondre.— C’est quoi exactement ton boulot ? demanda-t-il en portant à la bouche une nouvelle fourchette d’aligot.— Disons que je cherche des objets, je les marchande âprement, je les achète et puis je les revends au meilleur prix.Tu peux appeler mon petit commerce comme tu veux : brocanteur, marchand d’art, antiquaire.— Mais pourquoi ici, dans la région ?— Oh, répondit-il en faisant un grand geste du bras.Je suis ici pour le moment parce que j’ai quelques clients fidèles dans le coin et que j’ai flairé de belles opportunités.Mais je ne compte pas rester dans la région très longtemps.Tu vois, ma triste expérience de notable normand m’a fait découvrir les vertus de la vie de nomade.— Et cette histoire de colombe ? poursuivit Pierre.Tu étais prêt à me voler pour t’en emparer.Pourquoi ?Maurice baissa les yeux.Il pouvait difficilement nier qu’il avait cherché à voler son propre fils.— À ma décharge, je te rappelle que je ne t’avais pas reconnu ! Pour ce qui est de la colombe, disons qu’il y a très peu d’objets qui évoquent la période cathare sur le marché et que certaines personnes sont prêtes à payer très cher pour les obtenir.Comme on m’avait dit qu’un jeune historien était sur les traces du trésor de ce cinglé de Rahn, je me suis dit qu’en te suivant je trouverais peut-être quelque chose d’intéressant.— Rahn ? s’exclama Pierre.Tu connais Otto Rahn ? Et de quel trésor veux-tu parler ?— Pour être honnête, répondit Maurice en relevant la tête, je crois qu’il s’agit surtout de rumeurs.On raconte qu’Otto Rahn a laissé un trésor ici quelque part en Ariège avant de mourir.— De mourir ? Mais je croyais qu’il était reparti en Allemagne après la faillite de son hôtel à Ussat ?— Oui, confirma Maurice, mais d’après ce qu’on m’a dit, il serait revenu dans la région de manière beaucoup plus discrète pour poursuivre ses recherches.Pierre réfléchit un moment.En même temps que sa fourchette nettoyait le fond de son assiette, il repassait dans son esprit le fil des événements tels qu’il les avait découverts quand une idée lui traversa l’esprit.— Tu connais la région depuis longtemps ? demanda-t-il.— Je suis venu à Carcassonne pour la première fois après la guerre, en 47 je pense.Il y avait pas mal d’opportunités pour un marchand dans mon genre
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