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.Je pense maintenant que s’il s’était collé à moi avec ses ventouses, moi aussi j’aurais disparu dans la brume.Mais il ne le fit pas.Il agrippait Norm.Et le troisième tentacule forma un anneau autour de sa cheville.Maintenant il m’échappait.— Aidez-moi ! cria-t-il.Ollie ! quelqu’un ! Donnez-moi la main !Mais ils ne vinrent pas.Je ne sais pas ce qu’ils faisaient, ils ne vinrent pas.Baissant les yeux, je vis que le tentacule qui encerclait la taille de Norm s’attaquait à sa peau.Les ventouses le mangeaient là où la chemise avait été arrachée au pantalon.Du sang, aussi rouge que son tablier enfui, suinta de la tranchée que le tentacule palpitant s’était ménagée.Ma tête heurta le bord inférieur de la porte à demi relevée.De nouveau les jambes de Norm étaient dehors.L’un de ses mocassins était tombé.Un nouveau tentacule surgit de la brume, enroula fermement son extrémité autour de la chaussure et disparut avec elle.Les doigts de Norm étaient crispés sur le rebord de la porte.Il le serrait dans une étreinte mortelle.Ses mains étaient livides.Il ne hurlait plus, il était au-delà du hurlement.Sa tête ballottait de droite à gauche dans un geste de négation interminable, et ses longs cheveux noirs flottaient en désordre.Par-dessus son épaule, j’aperçus d’autres tentacules qui arrivaient, par dizaines, des forêts de tentacules.La plupart de petite taille, mais certains gigantesques, larges comme l’arbre corseté de mousse qui gisait ce matin en travers de la route.Les gros avaient des ventouses rose bonbon larges comme des plaques d’égout.L’un des gros tentacules s’abattit sur le béton de la plate-forme de déchargement, avec un grand bruit, un ffffrrrrppp ! roulant et s’approcha paresseusement de nous comme un énorme ver de terre.Prodigieuse et le tentacule qui étreignait le mollet droit de Norm glissa un peu.Ce fut tout.Mais avant qu’il ait rétabli son emprise, je vis que la chose se nourrissait de lui.L’un des tentacules m’effleura délicatement la joue et puis s’agita dans le vide, comme s’il hésitait.Alors je songeai à Billy, Billy qui dormait dans le magasin près du long réfrigérateur à viande de M.McVey.J’étais venu ici chercher quelque chose pour le couvrir.Si l’une de ces choses me prenait, il n’y aurait personne pour veiller sur lui, sauf peut-être Norton.Alors je lâchai Norm et me laissai tomber sur les mains et les genoux.J’étais à moitié dehors, directement sous la porte relevée.Un tentacule passa sur ma gauche, comme s’il avançait sur ses ventouses.Il s’attacha à l’un des avant-bras de Norm dont le muscle saillait, marqua une pause, puis s’entortilla autour.À présent Norm ressemblait à la vision d’un fou rêvant d’une séance de charmeur de serpents.Des tentacules se contorsionnaient de toutes parts sur lui… et l’enserraient aussi tout entier.D’un maladroit saut de grenouille, je rentrai, atterris sur les épaules et roulai à terre.Jim, Ollie et Myron étaient toujours là .Ils étaient figés comme un tableau du musée Grévin, le visage pâle, les yeux trop brillants.Jim et Myron se tenaient de part et d’autre de la porte de l’électrogène.— Allumez-le ! hurlai-je à leur intention.Aucun d’eux ne bougea.Ils fixaient l’ouverture de la plate-forme de déchargement avec une avidité morbide de drogués.Je tâtonnai sur le sol, saisis le premier objet qui me tomba sous la main – un berlingot d’eau de Javel Snowy – et le balançai sur Jim.Cela le frappa au ventre juste au-dessus de sa boucle de ceinture.Ses yeux cillèrent, retrouvant un semblant de regard normal.— Allumez ce putain d’électrogène ! hurlai-je à m’écorcher la gorge.Il ne bougea pas ; il préféra se défendre, ayant apparemment décidé qu’au moment où Norm était dévoré vivant par une horreur folle surgie de la brume, il convenait de s’occuper de réfutations.— Je suis désolé, gémit-il.Je ne savais pas.Comment j’aurais pu savoir, bon Dieu ? Vous disiez que vous aviez entendu quelque chose mais je ne savais pas ce que ça voulait dire, vous auriez dû mieux vous expliquer.Je pensais, je sais pas, peut-être un oiseau, ou autre chose…Alors Ollie se mit en mouvement.Le repoussant d’un coup de sa large épaule, il se précipita maladroitement à l’intérieur de la pièce de l’électrogène.Jim trébucha sur un des berlingots de Javel et tomba comme j’étais tombé dans le noir.— Je suis désolé, répéta-t-il.Ses cheveux roux barraient ses sourcils.Ses joues étaient blanches comme du yaourt.Ses yeux étaient ceux d’un petit garçon horrifié.Quelques secondes plus tard, l’électrogène toussotait et reprenait vie en grondant.Je me retournai vers la porte de livraison.Norm avait presque complètement disparu, mais il s’accrochait toujours avec obstination, d’une seule main.Son corps bouillonnait de tentacules et du sang tombait goutte à goutte sur le béton, formant des taches de la taille d’une pièce d’un cent.Sa tête basculait d’avant en arrière et ses yeux s’écarquillaient de terreur tandis qu’ils fixaient la brume.Maintenant d’autres tentacules rampaient et s’insinuaient sur le sol à l’intérieur.Près de la commande de la porte, ils étaient trop nombreux pour seulement penser à l’approcher.L’un d’eux se referma sur une bouteille d’un demi-litre de Pepsi et l’emporta.Un autre s’enroula autour d’un carton et le pressa.Le carton se déchira et des rouleaux de papier hygiénique Delsey, empaquetés par deux dans de la Cellophane, giclèrent en geyser, retombèrent et roulèrent dans toutes les directions.Les tentacules s’en saisirent prestement.L’un des gros glissa à l’intérieur.L’extrémité se dressa sur le sol et parut renifler l’air.Il se mit en mouvement en direction de Myron qui fit un petit pas de côté, les yeux roulant follement dans leurs orbites.Un faible gémissement aigu s’échappa de ses lèvres flasques.Du regard je cherchai quelque chose, n’importe quoi d’assez long pour passer par-dessus les tentacules qui nous cherchaient et pousser la commande de fermeture sur le mur.J’aperçus un balai posé contre une pile de cartons de bière et m’en saisis.La seule main libre de Norm avait perdu sa prise.Il heurta avec un bruit sourd le béton de la plate-forme et cette main unique gratta furieusement le sol en quête d’un point d’ancrage.Un instant, ses yeux rencontrèrent les miens.Ils étaient diablement brillants et conscients.Il savait ce qui lui arrivait.Puis il fut traîné, rebondissant et roulant, dans la brume.Il y eut un autre hurlement, étouffé.Norm avait disparu.Du bout du balai, je pressai le bouton et le moteur gémit.La porte commença à s’abaisser.Elle toucha d’abord le plus épais des tentacules, celui qui avait cherché en direction de Myron.Elle s’enfonça dans son cuir – sa peau, ce qu’on voudra – et puis le perça.Une glu noire se mit à sourdre du tentacule qui se tordit follement, flagellant le sol de béton comme un obscène fouet de vacher et puis il parut se redresser.Un instant plus tard, il était parti.Les autres commencèrent à se retirer.L’un d’eux tenait un sac de nourriture pour chiens Gaines et ne voulait pas le lâcher.La porte en s’abaissant le coupa en deux avant de s’arrêter à l’extrémité de la glissière.Le bout de tentacule coupé resserra convulsivement son étreinte, faisant éclater le sac et projetant dans tous les sens des pépites brunes de nourriture pour chiens.Puis il se mit à gifler le sol comme un poisson hors de l’eau, se roulant et se déroulant, mais de plus en plus lentement, jusqu’à ce qu’il s’immobilise tout à fait.Du bout du balai, je le tâtai
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