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.Ces émanations de l’Innommable arrivent également sur Terre au moment où John évalue comment surfer intelligemment sur la folie de l’Empereur.Après tout, cette soif de conquête a au moins permis, même si c’était en négatif, une sorte de réunion.Venant dans la foulée des premières révolutions, que John a personnellement suivies, en France particulièrement, elle a tracé des lignes de forces sur lesquelles pourrait aisément se substituer, pour peu que l’on s’en donne la peine, le terreau d’une démocratie, d’un monde baigné de la lumière de l’amour, de l’échange et de la joie, telle que l’imagine John qui, à grand renfort de philosophie, s’est beaucoup investi dans la diffusion de programmes pédagogiques.Relisez Voltaire et ses copains, bon Dieu ! Malheureusement donc, malheureusement, c’est à ce moment qu’arrivent les Êtres Innommables venus du Méta-Univers sur leurs Motos Démoniaques.Ils ont pris, je le vois, la forme de petits champignons noirs.Ils s’insinuent tels des fantômes hirsutes dans l’esprit des Terriens, mais aussi dans celui de certains Ambassadeurs, comme par hasard, évidemment, les plus hostiles à ces idées de fédérations.Ces Êtres Innommables sont incompréhensibles.Lorsque John essaie de communiquer avec eux, il n’en ressort qu’une impression de désolation et de mort.Une impression de, oui, de perdition.La situation est donc compliquée.D’autant que, d’après les calculs de John, qui vont malheureusement se révéler justes, l’énergie karmique accumulée au cours des siècles risque de générer un Conflit Mondial.N’importe qui deviendrait complètement maboul.Pourtant, et bien que les affreux champignons noirs soient en train de gangrener les esprits, l’entité arrive à garder le cap fixé.Sournois et malfaisants, les miasmes s’insinuent dans les recoins sombres, dans les zones humides et insalubres, attendant leur heure.Se nourrissant de violence, de tristesse et de mort, ils pressentent la grande guerre qu’ils espèrent.John et ses amis sont sur le qui-vive.Les Ambassadeurs et les Ressortissants des planètes ont reçu des consignes strictes.Si cette bulle karmique se déchire et vient nous empuantir de ses relents nauséabonds, tenons-nous prêts à rebondir aussitôt.Car si la grande guerre survient, il faudra s’en servir comme d’un coupe-feu.Tel Red Ader devant les puits de pétrole en flammes, il faudra alors espérer que l’explosion soit si forte qu’elle réprimera toute tentative ultérieure de basculement dans les abîmes de l’horreur.C’est effectivement ce qui arrive et, du point de vue de la force de l’explosion, c’est une réussite.Le xxe siècle est le théâtre d’un affrontement sous-tendu par une idéologie qui défie l’entendement.La folie s’est emparée du monde et elle est contagieuse.« On n’aurait pu rêver mieux », grince John lorsqu’on lui fait remarquer que ses desseins ont été servis.Mais il garde un optimisme sans faille et, posément, prépare la suite.« Se servir du choc de manière salutaire », assène-t-il aux Ambassadeurs.Une fois la grande guerre finie, il faudra réconcilier les peuples, les faire se rencontrer.Il est évident qu’après pareil traumatisme, les gens n’auront qu’une envie, faire la Paix et se découvrir autrement.Et rien de tel qu’un petit voyage en train pour sceller une réconciliation, voire une amitié naissante.Pour John, cela paraît d’une évidente évidence.Et bien que tout le monde lui prenne la tête en permanence – les Ambassadeurs et leurs Ressortissants flippent de plus en plus, car la Guerre que l’on voit sur Terre n’est qu’un très vague reflet de ce qui se passe dans l’Univers, sur leur planète et à côté de leurs étoiles –, il garde un moral d’acier et invente l’après-guerre.Le jazz.Le rock.Be-Bop-A-Lula.Les années soixante-dix.Essentielles, les années soixante-dix, pour permettre aux demi-singes qui ont suivi l’aventure d’avoir des débuts d’explication sur ce qui s’est passé sur leur planète.Malheureusement, je le vois en même temps que m’apparaît la trame des possibles dessinée à l’époque, l’énergie est trop basse.Trop de champignons noirs, trop de guerres et d’agressivité, mais aussi trop d’alcool.La planète est bourrée ! Les codes génétiques – que, patiemment, John et ses amis ont fait légèrement muter – sont altérés.Parmi les milliers de routes possibles qu’aurait pu prendre le cours des événements, notre planète s’est enfoncée dans la médiocrité.Et l’argent, qui devait avoir un rôle salvateur, n’a fait qu’envenimer les choses.Une course folle à la consommation s’est emparée de la population.Mus par une avidité démente, certains Terriens qui avaient reçu au départ des bénédictions – les corps hôtes du départ – se sont transformés en égoïstes forcenés.Cet état d’esprit a déteint sur l’ensemble.Lorsque je croise ces informations, je me vois dans un bref flashe, mon visage défiguré par des moustaches et des dents de rat, tenant des liasses de billets à la main, la bouche tordue d’un rictus affreux.– Ouh la la, je fais, m’agitant sur le fauteuil.Visage de rat, égoïsme.– Vous êtes sûr que ce n’est pas dangereux ? demande Hester, inquiétée par mon agitation, au technicien.– Si, j’entends celui-ci répondre, il se connecte à sa zone négative.Si elle est trop prégnante, il peut mourir ou devenir fou.Je sens une panique affreuse m’envahir, les images sont de plus en plus atroces, le meurtre, la prison, Marie-Pierre, mon obsession de l’argent.Une main se pose alors sur la mienne et la voix d’Hester dit « Tu n’es pas que ça, concentre-toi sur ce qu’il y a de bon en toi, il y a certainement d’autres voies que celle que tu as choisie ».Je me mets alors à pleurer tandis qu’un flot d’images se succède en kaléidoscope dans mon esprit, des images de la clinique des zombis, du géant qui m’a précédé dans ce cauchemar et qui s’est enfui avec l’ordinateur du milliardaire.Puis, comme un tilt, mais un tilt salvateur, j’arrache le casque.Tel un noyé qui retrouve une bouffée d’air, je me mets à crier « Je sais, je sais ce qu’il faut que je fasse ! ».Tout le monde cesse de regarder l’écran.Lorsque j’émerge complètement et que je reprends mes esprits, ils sont tous autour de moi, à attendre ce que je vais dire
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