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.Sully avait évidemment gagné sa Silver Star pour le sauvetage- la tentative de sauvetage - à la suite de l'accident des hélicoptères.Les Niakoués les canardaient, mais Packer et Shearman ne s'en étaient pas moins élancés à la tête de tout un groupe de soldats américains, des types de Delta deux-deux pour la plupart.Une douzaine de gars de la compagnie Bravo avait bien fait une tentative pour les couvrir de leur feu, pendant l'opération, mais elle n'avait sans doute pas été très efficace.et miracle, deux des hommes des hélicoptères emmêlés étaient encore en vie, au moins encore en vie quand ils furent sortis de la clairière.John Sullivan en avait porté un à couvert à lui tout seul, le type de l'hélico hurlant dans ses bras, enseveli sous la mousse carbonique.Malenfant aussi avait couru dans la clairière - Malenfant, étreignant un extincteur comme un gros bébé écarlate et hurlant aux Viêts, dans les buissons, de lui tirer dessus, il savait qu'ils n'étaient pas foutus de l'atteindre, pas foutus, qu'ils n'étaient rien qu'une bande de branleurs syphilitiques complètement miros, qu'ils ne pourraient jamais l'atteindre, qu'ils rateraient une putain de grange à dix mètres.Malenfant avait été également mis sur la liste, pour la Silver Star, et bien que Dieffenbaker n'ait pas su s'il l'avait obtenue, il supposait que ce trou-du-cul, cet enfoiré, ce meurtrier boutonneux l'avait décrochée lui aussi.Sully l'aurait-il su, aurait-il eu une idée ? Ne l'aurait-il pas mentionné pendant qu'ils parlaient sur leur banc, à l'extérieur du salon funéraire ? Peut-être, ou peut-être pas.Les médailles paraissaient de moins en moins importantes au fur et à mesure que le temps passait, ressemblaient de plus en plus à celles que l'on remportait parce qu'on avait bien mémorisé un poème pour le concours de récitation de l'école, aux félicitations officielles parce qu'on avait gagné le cent mètres ou fait un bel arrêt au base-ball.Aux trucs qu'on mettait sur une étagère, rien de plus.Les trucs avec lesquels les vieux baratinent les jeunes.Les trucs qu'on vous tend pour vous faire sauter plus haut, courir plus vite, vous jeter en avant.Dieffenbaker se dit que le monde serait plus tranquille sans les vieux, cette révélation lui venant au moment même o˘ il s'apprêtait à entrer dans le club.On pouvait laisser vivre les vieilles femmes, les vieilles femmes ne faisaient jamais de tort à personne, en règle générale, mais les hommes, quand ils étaient vieux, étaient plus dangereux que des chiens enragés.Il fallait tous les abattre, arroser leurs cadavres d'essence et les br˚ler.que les enfants se prennent par la main et dansent autour du b˚cher, en chantant les vieilles chansons de Crosby, Stilis, Nash & Young.´ Tu te sens vraiment bien ? demanda Mary.- ¿ cause de Sully ? Bien s˚r.«a faisait des années qu'on ne s'était pas vus.ªTout en sirotant son café, il repensa à la vieille femme aux chaussures rouges, celle que Malenfant avait tuée, celle qui venait rendre visite à Sully.Elle ne reviendrait plus le hanter ; Sully avait au moins gagné cela.Les jours de visite de la vieille mama-san étaient terminés.C'était ainsi que s'achevaient réellement les guerres, se dit Dieffenbaker ; non pas à la table des pourparlers d'ar-mistice, mais dans les pavillons des cancéreux, ou dans les cafétérias des entreprises, quand ce n'était pas au milieu d'un embouteillage.Les guerres mouraient par petits fragments minuscules, tombant un à un comme disparaît un souvenir, se perdant un à un comme l'écho s'éteint dans le labyrinthe des collines.¿la fin, même la guerre hissait le drapeau blanc.Il l'espérait, du moins.Il espérait qu'à la fin, même la guerre se rendait.1999Amèn-toi, mon salaud, rentre à la maison.Ainsi tombent LES OMBRES C…LESTES DE LA NUITPar un après-midi du dernier été avant l'an 2000, Bobby Garfield revint à Harwich, Connecticut.Il se rendit tout d'abord au West Side Cemetery, o˘ eut lieu la véritable cérémonie, sur la concession de la famille Sullivan.Le vieux Sully-John avait attiréune foule nombreuse ; c'était par dizaines que l'article du Post les avait fait venir.Des petits enfants furent effrayés au point de pleurer lorsque la garde d'honneur de l'American Légion tira sa salve.Après la cérémonie au cimetière, il y eut une réception au siège de l'association locale de vétérans.Bobby ne fit que s'y montrer, restant assez longtemps pour prendre une tranche de g‚teau et un gobelet de café et dire bonjour à Mr Oliver; mais il ne vit personne qu'il connaissait et il y avait des endroits o˘ il voulait aller pendant qu'il faisait encore grand jour.Cela faisait presque quarante ans qu'il n'était pas revenu à Harwich.¿ la place des établissements scolaires de St.Gabriel thé Steadfast et des lycées, s'étendait un centre commercial, Nutmeg Mail.L'ancien bureau de poste était à présent un terrain vague.La gare dominait toujours la place, mais les piliers de la passerelle étaient couverts de graffitis et des planches scellaient le kiosque de Mr Burton.Il y avait toujours les mêmes étendues herbeuses entre River Avenue et la Housatonic, mais les canards les avaient désertées.Bobby se souvint comment il avait frappé un homme en costume beige avec un de ces canards - improbable, mais vrai, pourtant.Je te donne deux billets si tu me laisses te sucer, avait dit l'homme, et Bobby lui avait balancé le canard.Cela le faisait sourire, aujourd'hui, mais ce Tartarin lui avait flanqué une sainte frousse, et à plus d'un titre, à vrai dire.Il y avait un grand entrepôt UPS à la place de l'Asher Empire.Un peu plus loin, en direction de Bridgeport, là o˘ Asher Avenue débouchait sur Puritan Square, le William Penn Grille avait également disparu, remplacé par une Pizza Uno.Bobby envisagea un instant d'y entrer, mais pas très sérieusement.Son estomac avait à présent cinquante ans, comme le reste de sa personne, et les pizzas ne lui réussissaient plus aussi bien.Sauf que là n'était pas la vraie raison.La vraie raison, c'est qu'il serait trop facile d'imaginer des choses ; trop facile d'imaginer de grandes voitures vulgaires stationnées devant, des voitures peintes de couleurs tellement criardes qu'on en avait mal aux yeux.Il fit donc demi-tour pour regagner le centre de Harwich, et qu'il soit pendu si le Colony Diner n'était pas toujours au même emplacement, qu'il soit pendu s'il n'avait pas encore ses saucisses grillées au menu.Les saucisses étaient peut-être aussi mauvaises pour lui qu'une foutue pizza, sinon davantage, mais à quoi servait donc les bêtabloquants, s'il ne pouvait pas s'autoriser de temps en temps une petite incursion gastronomique rue du Souvenir ? Il en avala une et la fit descendre avec deux autres.On les servait toujours dans ces petits emballages en carton graisseux, et leur go˚t était toujours aussi céleste.Comme cale sur les hot-dogs, il mit une part de tarte, puis il ressortit et se tint un instant à côté de sa voiture [ Pobierz całość w formacie PDF ]