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.Horehound avait écouté, yeux écarquillés.Même lui avait entendu des histoires à propos du frère magicien qui avait voyagé loin vers l’est pour étudier dans une grande ville.— Pourquoi donc vouloir parler de lui ? s’était-il enquis.Ses interlocuteurs s’étaient contentés de hocher la tête avant de reprendre leur discussion sur les horribles meurtres.Les soupçons portaient sans conteste sur quelqu’un appartenant au château plutôt que sur un individu de la forêt ou sur l’un des villageois.Après tout, comme le souligna Une Oreille, que l’on jugeait plus sage que les autres, car il savait compter jusqu’à dix et connaissait ses lettres, les corps des pauvres bachelettes avaient été découverts soit dans l’enceinte du manoir, soit près de l’entrée.Horehound ne s’intéressait point à ces assassinats, tant que lui et les siens n’étaient pas mis en cause.Pourtant la présence des hommes du roi dans les parages l’inquiétait et l’« horreur de la forêt » jetait toujours une ombre profonde sur lui et son groupe.Il aurait aimé être débarrassé de tout ça, comme des ragots sur ce qu’on pouvait apercevoir dans les bois.Telle la brume, les rumeurs de la nuit dernière avaient envahi les sentes secrètes de la forêt.Les hommes du roi étaient en chemin.Horehound et Milkwort étaient donc prêts.Ces étrangers.ils devaient en avoir le coeur net et y aurait-il jamais meilleure occasion qu’un matin brumeux du début de décembre, alors que la lumière était faible et la forêt ruisselante d’humidité, qu’ils avaient la panse pleine de brouet de salsifis et de gros morceaux de civet ?Soudain, Horehound se crispa.Les aubains approchaient, le clip-clop des sabots de leurs montures résonnant comme un battement de tambour.Il scruta le chemin.Les cavaliers, quatre en tout, émergèrent de la brume qui se dispersait.Trois d’entre eux chevauchaient de front et le dernier fermait la marche et essayait de venir à bout d’un poney de bât à l’air vicieux.Le cavalier du centre parlait et désignait avec de grands gestes la forteresse devant eux.Alors que la futaie s’éclaircissait, juste en face de l’endroit où se tapissaient Horehound et Milkwort, les arrivants s’arrêtèrent pour avoir une vue d’ensemble du château de Corfe.Ils ne parlaient pas l’anglo-normand, mais l’anglais afin que le quatrième, le palefrenier blond au visage de pleine lune qui louchait d’un oeil, puisse comprendre ce qui se disait.Le chef, que Horehound baptisa sur-le-champ l’« écuyer du roi », racontait l’histoire de la forteresse.Il narrait d’une voix forte qui portait comment, naguère, un roi avait été poignardé devant son portail tandis que des princes du sang étaient morts de faim dans les anciens cachots.Horehound se fit plus attentif.L’homme qui parlait était le premier représentant du souverain qu’il voyait depuis des années et il se demanda quel titre il portait.Il tourna la tête et ouït le nom de « Sir Hugh ».Ce dernier, grand et svelte, avait la peau mate, de larges yeux bien fendus, un nez aigu au-dessus de ses lèvres pleines et de son menton rasé de près.« Un faucon pèlerin », se dit Horehound qui sentit le sang se figer dans ses veines.Le coquin vivait d’expédients et, à en juger par le calme, par l’autorité avec laquelle le nouveau venu s’exprimait, il sut qu’il était dangereux.Il était vêtu plutôt simplement, d’une cotte-hardie rouge foncé et de chausses vert pâle enfoncées dans de hautes bottes où tintaient des éperons scintillants.Un anneau brillait à son doigt et, sous sa chape, il portait le collier de son office suspendu au cou.Quand il se retourna et rabattit le capuchon de sa chape, Horehound constata que ses cheveux noirs striés de gris étaient tirés en arrière et noués sur la nuque.Horehound examina les autres.Le plus proche de lui montait à califourchon un puissant cheval à la selle et aux harnais luisants.Il y avait du corbeau dans ce second envoyé du roi vêtu de cuir noir
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