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.Un vieux néon crachotant suspendu de travers annonçait le nom des lieux.Deux hommes en long manteau noir et chapeau de feutre traînaient devant le seuil.L’édifice ne comportait pas de fenêtres.— On dirait une prison, observa Clary.— Sauf qu’en prison tu ne pourrais pas commander des spaghettis fra diavolo bons à s’en lécher les doigts, répondit Jace.— Je n’ai pas envie de spaghettis.Je veux savoir ce que c’est que ce Magnus Bane.— C’est le nom d’un sorcier.Seul un sorcier aurait pu mettre un verrou pareil dans ta tête.Ou l’un des Frères Silencieux, mais manifestement ils n’y sont pour rien.— Tu as déjà entendu parler de ce sorcier ?— Son nom m’est familier.— Salut !Alec, qui avait l’air de sortir du lit et d’avoir enfilé un jean par-dessus son pyjama, les rejoignit au pas de course.Il avait les cheveux en bataille et gardait les yeux rivés sur Jace en ignorant Clary, comme d’habitude.— Isa est en route.Elle arrive avec le Terrestre.— Simon ? D’où il sort, celui-là ? demanda Jace.— Il s’est présenté à l’Institut à la première heure ce matin.Il ne se décolle pas d’Isa, on dirait.Pathétique, commenta Alec avec une grimace amusée.Clary dut se retenir de le frapper.— Bon, on entre, oui ou non ? lança-t-elle.Je meurs de faim.— Moi aussi, dit Jace.Je mangerais bien des queues de rat frites.Clary se demanda si elle avait bien entendu :— Quoi ?— Relax ! répondit Jace avec un sourire.C’est un restau comme les autres.Ils furent arrêtés par l’un des hommes qui se tenaient devant l’entrée.Comme il se redressait, Clary entrevit son visage sous son chapeau.Sa peau était rouge sombre, ses mains larges étaient dotées d’ongles bleus tirant sur le noir.Elle se figea, mais Jace et Alec ne parurent pas s’en inquiéter.Ils dirent quelque mots au portier, qui hocha la tête et s’écarta pour les laisser passer.— Jace, chuchota Clary tandis que la porte se refermait derrière eux.Qu’est-ce que c’était ?— Tu parles de Clancy ? dit Jace en parcourant du regard la salle de restaurant brillamment éclairé.L’endroit était agréable malgré l’absence de fenêtres.Des banquettes en bois garnies de coussins multicolores invitaient les clients à se mettre à l’aise.De la vaisselle joliment dépareillée était exposée derrière le comptoir.Une fille blonde en tablier de serveuse rose et blanc rendait la monnaie avec professionnalisme à un homme trapu en chemise de flanelle.En apercevant Jace, elle le salua d’un geste et leur fit signe de s’asseoir où bon leur semblait.— Clancy éloigne les indésirables, expliqua Jace en se dirigeant vers l’une des banquettes.— C’est un démon ? demanda Clary.Quelques clients se retournèrent pour la dévisager, dont un garçon aux dreadlocks bleues assis à côté d’une belle Indienne aux longs cheveux noirs avec des cilles dorées, fines comme de la gaze.Il fronça les sourcils, l’air courroucé.Clary fut soulagée que le restaurant soit presque désert.— Pas du tout, répondit Jace en se laissant choir dans ta banquette.Clary fit mine de s’asseoir à côté de lui, mais Alec avait déjà pris sa place.Elle se replia donc sur la banquette en face.Son bras était toujours endolori malgré les soins de Jace.Elle était épuisée, comme si les Frères Silencieux l’avaient vidée de sa substance, et la tête lui tournait.— C’est un ifrit, poursuivit Jace, un sorcier qui n’a pas de pouvoirs magiques.Ces demi-démons ne peuvent pas jeter de sorts, sans qu’on sache pourquoi.— Les pauvres ! commenta Alec en prenant le menu.Clary l’imita et resta interdite.Des sauterelles grillées au miel étaient proposées en plat du jour ; on trouvait aussi des assiettes de viande crue, un poisson cru entier ou encore un plat bizarre baptisé croque-chauve-souris.La page des boissons était consacrée aux différents types de sang en réserve : au grand soulagement de Clary, qui s’attendait à y trouver des échantillons du groupe A, O ou B négatif, on y proposait seulement divers sangs d’animaux.— Mais qui s’envoie un poisson cru entier ? demanda-t-elle.— Les kelpies, répondit Alec.Les selkies.Et peut-être les nixes, à l’occasion.— Ne commande pas de nourriture féerique, conseilla Jace en la regardant par-dessus son menu.Ça fait perdre la boule aux humains.Tu manges une prune féerique, et l’instant d’après tu te retrouves en train de courir nue comme un ver dans Madison Avenue avec une ramure de cerf sur la tête.Ne va pas imaginer que ça m’est déjà arrivé, s’empressa-t-il d’ajouter.Alec se mit à rire.— Tu te souviens.Il se lança dans une histoire qui contenait tellement de noms mystérieux que Clary renonça à en suivre le fil.Elle reporta son attention sur Alec.Il émanait de lui un dynamisme, une énergie presque fiévreuse qu’elle n’avait pas remarqués jusque-là.En présence de Jace, il s’animait.Elle songea que, si elle avait dû les dessiner tous deux à ce moment-là, Jace aurait été un peu flou tandis qu’Alec se serait imposé nettement, tout en surfaces planes et en angles.Jace gardait les yeux baissés quand Alec parlait ; un sourire distrait sur les lèvres, il jouait avec son verre d’eau.Elle sentait qu’il avait l’esprit ailleurs.Elle éprouva une bouffée de sympathie soudaine pour Alec.Ça ne devait pas être facile de prendre soin de Jace.Elle repensa à sa remarque : « J’ai ri parce que les déclarations d’amour m’amusent beaucoup, sur tout quand les sentiments ne sont pas partagés.»Jace leva les yeux au passage de la serveuse.— Est-ce qu’on peut espérer avoir du café ? demanda-t-il d’une voix forte, interrompant Alec au milieu de sa phrase.Alec se tut, et sa belle assurance l’abandonna.Clary prit la parole précipitamment :— Et la viande crue, c’est pour qui ?— Les loups-garous, répondit Jace.Bien que moi-même je n’aie rien contre un steak bien saignant de temps en temps.Il tendit le bras par-dessus la table pour retourner le menu de Clary :— La nourriture pour humains est au dos.Elle parcourut avec stupéfaction la liste de plats parfaitement ordinaires :— Ils font des milk-shakes, ici ?— Leur milk-shake abricot-prune au miel de fleurs sauvages est tout simplement divin, dit Isabelle, qui venait d’entrer avec Simon.Pousse-toi, lança-t-elle à Clary, qui se retrouva coincée contre le mur.Après s’être glissé à côté d’Isabelle, Simon lui adressa un sourire gêné qu’elle ne lui rendit pas.— Tu devrais en prendre un, poursuivit Isabelle.Clary, qui ne savait pas trop si la sœur d’Alec s’adressait à elle ou à Simon, ne répondit pas.Les cheveux de la jeune fille, qui lui chatouillaient le nez, exhalaient un parfum vanillé.Elle réprima une envie d’éternuer : elle détestait les parfums à la vanille, elle ne comprendrait jamais pourquoi certaines filles éprouvaient le besoin de sentir comme un dessert.— Alors, comment ça s’est passé, dans la Cité des Os ? demanda Isabelle en ouvrant son menu.Vous avez trouvé ce qu’il y a dans la tête de Clary ?— On a un nom, répondit Jace.Magnus.— La ferme, grommela Alec en frappant Jace avec son menu.Jace parut vexé.— C’est quoi, ton problème ? Lâcha-t-il en se frottant le bras.— Cet endroit grouille de Créatures Obscures ! Reste discret sur les détails de notre enquête.— Notre enquête ? répéta Isabelle en riant.Alors, maintenant on est des détectives ? On devrait peut-être utiliser des noms de code.— Bonne idée, dit Jace.Pour moi, ce sera baron Hotschaft Von Hugenstein.Alec recracha sa gorgée d’eau dans son verre.C’est à ce moment que la serveuse vint prendre leur commande.De près, elle était toujours jolie.Mais ses yeux dépourvus de blanc et de pupille étaient entièrement bleus.— Vous avez choisi ?Jace sourit :— Comme d’habitude [ Pobierz całość w formacie PDF ]