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.À l’extérieur du cercle formé par les damnés de Lolth, les araignées qui s’étaient déversées sur la plaine se tinrent immobiles un bref instant à l’instar de gladiateurs se préparant à passer à l’attaque.Puis la soif de violence s’empara d’elles et le massacre fit place à la tranquillité.Des milliers et des milliers d’araignées se lancèrent dans une orgie de démembrement et de mastication de chairs.Des cris perçants, des hurlements et des sifflements résonnèrent dans l’air matinal.Le sol se mit même à trembler sous le volume sonore de toute cette violence.La tension s’accrut à l’intérieur du cercle.Les pattes des chwidenchas tremblèrent de façon écœurante comme si les créatures s’agitaient ou communiquaient entre elles.Même s’il n’apercevait toujours pas leurs yeux, Pharaun comprit que les chwidenchas les observaient.Il sentit le poids de leurs regards, la portée de leur malice et l’ampleur de leur haine.— Bon…, commença-t-il.Au son de sa voix, le groupe de chwidenchas se mit à siffler en chœur.Les pattes les plus petites qui entouraient visiblement leurs visages se tortillèrent, s’agitèrent et s’écartèrent pour révéler des bouches remplies de crocs d’une bonne dizaine de centimètres de longueur, un épais venin jaunâtre s’en écoulant.— Nous ne ferons aucun mal aux enfants de Lolth, déclara Quenthel à ses compagnons.Pharaun vit que la haute prêtresse transpirait autant que lui, mais sa voix conservait un ton apaisé.— Considérons-les plutôt comme des beaux-enfants, répliqua Pharaun en passant en revue dans son esprit l’inventaire de ses sorts.— Ce qui n’est pas le cas, répondit Danifae en levant son symbole sacré, une araignée rouge enchâssée dans de l’ambre, devant elle.Ce sont ses damnés.En apercevant le symbole sacré de Lolth, les chwidenchas poussèrent un cri strident qui fit dresser les poils sur la nuque du mage.Les créatures se mirent à s’agiter avec colère, leurs pattes tremblant et vacillant.Les extrémités griffues de leurs pattes s’enfoncèrent dans la pierre et Pharaun ne put s’empêcher de s’imaginer ce qu’elles pouvaient faire en transperçant des chairs.— Elles ne semblent pas vraiment éprouver un réel attrait pour la religion, Maîtresse Danifae, déclara Pharaun.Danifae ne baissa pas son symbole.Le vent se remit à souffler et les toiles des chante-araignées émirent de nouveau leur cri strident, un bruit qui couvrit même momentanément la cacophonie de la Grouille.Ce plan d’existence tout entier est fou, se dit Pharaun.Les prêtresses sont folles.Je suis fou.Les chwidenchas répondirent au chant des toiles par un autre cri strident sonore.Pharaun aimait de moins en moins leurs gueules remplies de crocs.— Maîtresse, dit-il à Quenthel, vous pourriez peut-être couper court à toute discussion avec ces créatures ? De toute manière, elles sont très peu loquaces.Qu’en pensez-vous, Maîtresse Danifae ?En entendant le mage, Quenthel se tourna vers lui et le foudroya du regard.Danifae sourit d’un air satisfait.Imitant le geste de Danifae pour obtenir une réponse semblable, Quenthel leva son symbole de jais en direction des chwidenchas.Le venin qui s’écoulait des bouches des créatures commençait à former des flaques sur le sol.Elles répondirent aux mouvements des drows par des sifflements.— Partez sur-le-champ, damnés de Lolth ! leur lança Quenthel.Nous servons la Reine des araignées.Vous ne nous arrêterez pas.— Retournez dans vos trous ! leur ordonna Danifae en brandissant son symbole.Une vague de puissance divine perceptible émana des deux prêtresses.Pharaun s’attendit à voir les chwidenchas s’enfuir pour se réfugier dans leurs tunnels, mais les horreurs arachnides ne reculèrent pas.De nouveaux sifflements répondirent aux injonctions des deux prêtresses, et leurs pattes se tortillaient toujours.Puis elles se mirent à avancer lentement dans leur direction, le refuge temporaire des drows diminuant peu à peu.Malgré le sourire inexplicable qui barrait le visage de Danifae, l’expression hésitante de Quenthel suffit à répondre aux interrogations de Pharaun.Chapitre 6En franchissant le portail, Halisstra sentit son corps s’étirer sur une grande distance.En une fraction de seconde, le portail la transporta du néant gris et relativement calme du plan Astral jusqu’à …Elle se retrouva en plein ciel… et elle tombait vers le sol.Avant de pouvoir activer le pouvoir de lévitation de sa broche, elle chuta de cinq mètres et heurta le sol dans un grognement.Elle parvint cependant à conserver son équilibre et s’aperçut qu’elle se trouvait sur un terrain déchiqueté, un soleil au faible éclat illuminant le paysage, au milieu d’un véritable cauchemar.Des araignées – des créatures de la taille d’une balle jusqu’à des horreurs de deux fois sa taille – l’entouraient, grouillaient sur son corps, la submergeaient.Ces créatures se déchiquetaient les unes les autres tout autour d’elle.Des sifflements, des claquements et des cris stridents agressèrent ses oreilles ; des fluides noirs, bruns et rouges souillaient le sol et éclaboussèrent son visage.Halisstra nageait dans un océan infesté par les enfants furieux de Lolth.Pour la punir de son apostasie, la Reine Araignée avait jeté Halisstra en plein chaos.Elle se redressa en brandissant la Lame-Croissant et scruta rapidement le paysage.Elle se tenait sur une plaine désolée et rocailleuse criblée de fosses, dans l’ombre d’un mince éperon de roche à l’apparence inhabituelle : une butte de pierre noire qui semblait pouvoir s’effondrer à chaque instant sous les violentes rafales du vent hurlant.Les tourbillons de pouvoir nés du réveil de Lolth parsemaient le ciel nuageux.Halisstra avait franchi un de ces vortex et elle remercia la déesse pour la courte distance qui l’avait séparée du sol.Un long cortège d’âmes avançait dans les cieux en direction d’une chaîne de montagnes lointaine, attirées par la puissance divine de Lolth.Un bruit étrange résonna dans ses oreilles, le son des toiles des chante-araignées qui sifflait dans le vent, tentant d’imiter de manière obscène le son produit par l’épée chantante de Seyll.Elle détecta dans ce bruit l’écho du mot entendu dans le plan Astral, un mot qui lui donna la chair de poule :Yor’thae.Elle n’eut pas le temps de se concentrer davantage sur ce bruit.Les araignées qui l’entouraient l’avaient remarquée.Une mer de mandibules, de pinces, de pattes et de corps poilus agités se leva tout autour d’elle.Les créatures arachnides avançaient précipitamment sur les rochers, les unes sur les autres, sur Halisstra.Elle les frappa et tailla dans la mêlée, mais elles étaient trop nombreuses
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