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.Les habitants de Forgeverre qui travaillaient ici avaient l’habitude des Marcheurs du Lac et de leurs étranges manières entre eux, mais il ne faisait pas de doute pour Dag qu’ils toléraient difficilement cette union, et qu’ils le faisaient seulement en raison de la joie évidente de Faon.Les autres clients, les conducteurs de bestiaux et de chariots, les familles de voyageurs et les bateliers qui supervisaient les chargements sur le fleuve regardaient ce drôle de couple d’un air désapprobateur, surtout après avoir entendu les commérages embrouillés qui circulaient à leur sujet.Dag se demanda comment on le regarderait à Bleu-Ouest.Faon s’était petit à petit réconciliée avec l’idée de s’arrêter chez elle, en partie à cause de la culpabilité qu’elle avait ressentie quand il lui avait décrit l’angoisse probable de ses parents, et aussi grâce à la promesse qu’il lui avait faite de ne pas l’abandonner là-bas.C’était le seul serment qu’elle lui ait jamais demandé de répéter.Il posa un baiser sur le sommet de sa tête et laissa son doigt courir autour des blessures en voie de guérison sur sa joue gauche.— Tes bleus commencent à disparaître.J’imagine que si je te ramène chez tes parents en me présentant comme ton protecteur, je serai plus convaincant si tu n’as pas l’air d’avoir perdu une bagarre d’ivrognes.Elle sourit et lui embrassa la main, mais les doigts de Dag se faufilèrent jusqu’aux marques sur son cou.— A part celles-là.— Ne gratte pas.— Elles me démangent.Est-ce qu’elles vont finir par tomber ? Les autres croûtes ont déjà disparu.— Bientôt, à mon avis.Il y aura encore ces entailles d’un rouge profond pendant un moment, mais elles disparaîtront presque comme les autres cicatrices.Elles deviendront argentées avec le temps.— Oh ! Cette longue trace brillante sur ta jambe qui part derrière ton genou et remonte autour de ta cuisse : c’était une griffure d’être malfaisant alors ?Elle avait répertorié les marques sur son corps aussi minutieusement qu’un topographe les grilles des maillages, ces derniers temps, et avait demandé des explications pour la plupart d’entre elles.— Juste un effleurement.Je me suis échappé, et mon camarade a enfoncé son couteau un instant plus tard.Elle se retourna pour entourer sa taille de ses bras.— Je suis heureuse qu’il ne t’ait pas attrapé plus haut, dit-elle d’un ton sérieux.Dag étouffa un rire.— Moi aussi, Etincelle !* * *A midi, ils s’engageaient sur la route.Ils avancèrent lentement, en raison d’une part de leur manque commun d’enthousiasme pour leur destination, d’autre part de l’humidité qui régnait depuis la dernière pluie.Les chevaux marchaient d’un pas pesant sous un soleil éclatant.Dag avait l’impression que leurs cavaliers parlaient ou restaient silencieux avec la même facilité.Ils passèrent l’après-midi du lendemain – de nouveau pluvieux – dans le grenier de la grange de la maison au puits où ils s’étaient vus pour la première fois, à manger des produits de la ferme et à écouter les bruits apaisants des gouttes sur le toit et des chevaux mâchonnant du foin au-dessous d’eux.Ils ne remarquèrent même pas que l’orage avait cessé et passèrent la nuit là.Le lendemain, le temps était plus vif et plus clair, la blanche brume de chaleur s’étant déplacée à l’est, et ils repartirent à contrecœur.La cinquième nuit d’un trajet censé durer deux jours, ils s’arrêtèrent non loin de Lumpton-Ville pour camper une dernière fois.Faon pensait qu’un départ matinal de Lumpton leur permettrait d’arriver à Bleu-Ouest avant la nuit.Dag avait du mal à imaginer ce qui attendait Faon, même si les histoires de famille qu’elle lui avait lentement dévoilées lui avaient permis de se forger une idée de ceux qu’il allait rencontrer.Ils trouvèrent un endroit où camper au bord d’un ruisseau sinueux, hors de vue de la route, sous un bosquet dispersé de dirca des marais.Plus tard, à l’automne, les cosses pendraient sous les grosses feuilles en forme de pique telles des centaines de lanières de cuir, mais pour l’instant les arbres étaient en pleine floraison.Des pointes s’élevaient de couronnes de feuilles avec des dizaines de fleurs blanc lin de la taille d’un coquetier, diffusant leur doux parfum dans l’air du soir.Alors que la nuit sans lune tombait, des lucioles s’élevèrent au bord du ruisseau et dans le pré un peu plus loin, scintillant dans la brume.Sous le dirca des marais, les ombres s’épaissirent [ Pobierz całość w formacie PDF ]