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.Se casser une jambe en chemin.On l’aura conduit à l’hôpital le plus proche.Peut-être faudrait-il s’y rendre.— Mieux vaudrait continuer jusqu’à Vaugirard, suggéra la saute-ruisseau.Si vous le permettez, je me faufilerai dans cet hôtel pendant que vous m’attendrez dans la voiture.— Mais pas du tout, protesta Narcisse.Je tiens à monter dans son appartement, à le fouiller pour découvrir un signe, une trace qui nous renseignera.— Monsieur Narcisse, permettez-moi de vous rappeler que vous êtes son jumeau.— Oui, et alors ? Ça fait un bout de temps que ça dure, fit-il, agacé.— Je suppose que dans la pension Geoffroy tout le monde l’ignore.Pour l’instant, je pense qu’il faudrait cacher cette réalité qui peut nous rendre service plus tard.Ils traversaient la Seine et les roues glissaient dans tous les sens, mais le percheron continuait d’avancer, aurait pu tirer dix fois cette charge.— Je ne comprends pas ce que tu veux dire.Regarde donc, la Seine charrie des glaçons énormes.Il y a même un chien sur l’un d’eux.— Plus tard nous aurons besoin de cette ressemblance parfaite si par malheur nous ne retrouvions pas votre frère.Ni dans un commissariat ni dans un hôpital.Tournant la tête, il la regarda longuement avant de sourire.— Tu es vraiment une fille futée qui sait ménager l’avenir.Comment fais-tu pour garder en réserve des ressources de réflexion que nous autres gaspillerions ? Il est vrai que si mon frère se trouvait contraint de ne pas réapparaître, je pourrais éventuellement me faire passer pour lui et déconcerter nos ennemis.— Les déconcerter ? Le terme est faible.Les épouvanter, oui.— J’attendrai donc dans cette voiture, mais vont-ils te laisser entrer ?— Dans ce bouge, hôtel de Saint-Omer, je conserve des vêtements masculins.J’aurai tôt fait de me déguiser puisque monsieur Geoffroy ne veut pas de femmes chez lui.Ce n’est plus une pension de famille mais un monastère civil qu’il dirige.CHAPITRE XXIXCommençant d’avoir froid sur son siège, le cocher ouvrit la trappe pour demander à son client s’ils allaient attendre encore longtemps dans cette rue où une bise acide soufflait.L’homme avait jeté une couverture sur le dos de son gros cheval et lui avait même enfilé une têtière à oreilles.— Vous serez largement dédommagé, lui répondit l’avoué, tout aussi transi, mais je vous demande un peu de patience.— Je m’en vais à côté boire un punch.Ne vous inquiétez pas, mon copain à quatre pattes n’en bougera pas une.Que faisait donc Séraphine qui l’avait quitté depuis une bonne demi-heure ? Cette attente, outre l’inquiétude sur le sort de son jumeau, lui brisait les nerfs et il se préparait à descendre de voiture lorsque la jeune fille, déguisée en garçon, s’engouffra dans le fiacre :— Je ne l’ai trouvé nulle part dans cette grande maison.Et il a dû sortir en tenue de nuit car tous ses vêtements sont dans son placard bien rangés, y compris ses bottes.— Hyacinthe est trop soucieux de son apparence vestimentaire pour se promener en robe de chambre.— Dans la pension, on sert le repas soit dans les chambres soit dans la salle à manger.Les valets et tout le personnel sont très affairés.J’ai pu pénétrer dans le hall, monter directement à l’étage.Donc j’ai eu tout le temps de faire le décompte de ses affaires.Tout y est sauf, comme je vous le dis, sa chemise de nuit, sa robe de chambre, ses chaussons.Le cocher revint.Le fiacre bascula sous son poids et un relent de rhum souffla par la trappe quand il s’enquit de leur décision.— Rentrons rue Vivienne, décida Narcisse.J’ai des rendez-vous à l’étude et nous devons réfléchir sur la disparition de mon frère.Il ne servirait à rien de visiter les hôpitaux et d’aller à la police.J’espère le trouver à l’étude.Il n’y était pas.Daminois se précipita pour annoncer que le repas était prêt.Roquebère avait complètement oublié sa poularde et pria tout son monde de passer à table.Lui n’avait pas faim et devait régler quelques écritures dans son cabinet.Alors que dans un silence gêné les clercs festoyaient sans trop d’entrain, un vieillard intimidé mais digne, vêtu à l’ancienne d’un habit luisant, fit son apparition et découvrit cette tablée.— Ayez la bonté, mon enfant, d’avertir monsieur Narcisse Roquebère que monsieur Valère est ici, comme convenu chez Frascati.— Ce qui n’est pas une référence, fit entre ses dents Séraphine qui l’avait accueilli.Elle portait ses vêtements masculins et M.Valère sourcilla à cause de cette voix féminine sans rapport avec l’apparence du garçon.— Oui, je sais, lança Narcisse, excédé, j’ai promis de le recevoir.Je connais la raison de sa visite, mais ce n’est pas lui qui me permettra de retrouver mon frère.Cependant, lorsque le vieillard apparut dans ses vêtements élimés et sa maigreur, le jeune avoué fut pris de pitié.Il se leva pour le conduire au fauteuil des clients.— Ça sent bon la cuisine chez vous, murmura M.Valère.— Voulez-vous une assiette, du pâté chaud, un peu de poularde et un peu de vin ? Je vais vous avoir tout ça.Visiblement, l’ancien compagnon de Cadoudal n’avait rien avalé depuis quelque temps.Au vu de l’assiette il ne put réprimer un frisson de joie.Narcisse l’installa devant un pupitre, le laissa dîner à sa faim [ Pobierz całość w formacie PDF ]