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.Au nom de la Fondation, je tiens à vous dire combien nous sommes ravis de voir avec quelle ponctualité vous avez respecté le dessein du testament d’Ira Howard.Mais, m’exprimant toujours au nom de la Fondation, je dois mettre l’accent sur la nécessité de ne jamais attirer l’attention sur notre particularisme.Nous devons éviter de faire remarquer en quoi nous sommes différents…Il soupira avant d’ajouter :— C’est pourquoi je suis désolé de vous voir toutes les cinq ensemble dans la même pièce.J’espère que ça ne se reproduira pas.Et je frémis à l’idée que vous avez été photographiées ensemble.Si cette photo paraissait dans la rubrique mondaine de l’édition du dimanche du Journal Post, elle pourrait ruiner les patients efforts de discrétion de tous nos cousins.Ken, tu ne crois pas qu’il serait bien de détruire cette photo ?Ken Barstow était désarmé ; je vis qu’il était sur le point de s’incliner devant les désirs du commandant en chef de la Fondation.Mais moi, je n’étais pas désarmée.— Holà ! Arrête, Justin.Tu es le président de la Fondation, c’est entendu.Mais personne ne t’a nommé Dieu.Ces photos ont été prises pour moi et mes enfants.Si tu les détruis, ou demandes à Ken de le faire, je te tape sur la tête avec son appareil.— Voyons, Maureen…— Il n’y a pas de « Voyons, Maureen ».On ne les livrera pas aux journaux, c’est évident.Mais je veux cinq tirages des meilleurs clichés de Ken.Un pour chacune de nous.Et Ken aura droit à un tirage pour son propre album s’il le veut.Nous tombâmes d’accord et Justin demanda lui aussi un tirage pour les Archives.À l’époque, je pensais que les précautions de Justin n’étaient pas fondées.J’avais tort.En instituant et en soutenant obstinément la politique connue plus tard sous le nom de « Mascarade », Justin fit en sorte que 80 % de nos cousins abordèrent l’Interrègne des Prophètes avec un âge public inférieur à quarante ans.3 % d’entre eux seulement avaient officiellement plus de cinquante ans.Quand la police de la pensée du Prophète entra en activité, il devint à la fois difficile et dangereux de changer sa biographie et son identité.La prévoyance de Justin nous épargna généralement ces risques.D’après les Archives, Brian mourut en 1998 à l’âge de cent dix-neuf ans, un âge qui eût défrayé la chronique au XXe siècle.Son âge officiel était de quatre-vingt-deux ans, ce qui n’avait rien d’extraordinaire.La politique de Justin permit à presque tous les clients Howard d’aborder l’Interrègne et de mourir à un âge qui n’éveilla aucun soupçon.Grâce à Dieu, je ne connus pas ce problème ! Non, pas « grâce à Dieu », grâce a Hilda Mae, Zeb, Deety, Jake et à une adorable machine appelée Gai Trompeur.J’aimerais bien les revoir tous les cinq, à présent.Maman Maureen a besoin d’être sauvée une nouvelle fois.Peut-être Pixel les trouvera-t-il.Je crois qu’il m’a comprise.Plusieurs invités venus de loin restèrent pour le week-end, mais le mardi matin, 5 août, j’étais seule, vraiment seule pour la première fois depuis soixante-dix ans.Mes deux plus jeunes enfants – Donald, seize ans, et Priscilla, quatorze – étaient encore célibataires, mais ils n’étaient plus chez moi.Aux termes de l’acte de divorce, ils avaient choisi de vivre avec les enfants qu’ils avaient toujours considérés comme leurs frères et sœurs, et qui l’étaient désormais légalement, car Marian les avait adoptés.Susan était la dernière des quatre qui avaient vécu avec Betty Lou et Nelson pendant la guerre, et la dernière à se marier.Alice Virginia avait épousé Ralph Sperling juste après la guerre.Doris Jean avait épousé Roderick Briggs l’année suivante ; et Patrick Henry, mon fils par Justin, avait épousé Charlotte Schmidt en 1951.Betty Lou et Nelson s’installèrent à Tampa peu après mon retour et emmenèrent avec eux les trois enfants qu’ils avaient encore à charge.Les parents de Betty Lou et la mère de Nelson, tante Carole, étaient en Floride.Betty Lou voulait s’occuper d’eux.(Quel âge avait tante Carole en 1946 ? Elle était la veuve du frère aîné de mon père, donc elle… Bonté divine ! En 1946, elle devait approcher ou avoir dépassé son centenaire.Pourtant, elle n’avait pas changé la dernière fois que je l’avais vue, euh… peu après l’attaque-surprise des Japonais en 1941.Se teignait-elle les cheveux ?)Si j’étais triste ce samedi-là, ce n’était pas seulement parce que ma petite dernière se mariait et quittait la maison, mais aussi (et avant tout) parce que c’était le centième anniversaire de père ; il était né le 2 août 1852.Personne ne semblait avoir fait le rapprochement, et je n’en avais parlé à personne parce qu’une noce appartient au couple qui se marie et personne ne doit dire ou faire quoi que ce soit qui puisse jeter une ombre sur la fête.Je suis donc restée muette.Mais j’avais constamment cette date à l’esprit.Il y avait douze ans et trois mois que père était parti pour la guerre… et j’avais pensé à lui pendant chacun de ces quatre mille quatre cent quarante et un jours, et plus, surtout depuis que Brian m’avait remplacée par un modèle plus récent [ Pobierz całość w formacie PDF ]