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.Ils avaient parcouru plus d’un quart de leur route, environ quarante kilomètres, quand le grain que Carlono avait prévu éclata, fouettant la surface de l’eau avec une telle violence qu’ils craignirent que le bateau finisse par être submergé par les vagues.Les parois abruptes qui bordaient le fleuve rendaient impossible toute tentative d’accostage.— Je n’ai pas besoin de toi pour manœuvrer, Thonolan, dit Jondalar.Mieux vaudrait que tu écopes.Depuis qu’ils étaient partis, les deux frères n’avaient pas beaucoup parlé.Mais une partie de la tension qui régnait entre eux au moment du départ s’était dissipée alors qu’ils pagayaient de concert pour que l’embarcation ne change pas de cap.Thonolan déposa sa pagaie au fond du bateau, saisit un outil carré en bois qui ressemblait à une pelle et s’en servit pour vider l’eau qui remplissait l’embarcation.— Le bateau se remplit aussi vite que je le vide, lança-t-il par-dessus son épaule.— Je ne pense pas que ça dure longtemps, répondit Jondalar qui continuait à lutter contre les vagues.Si tu continues à ce rythme-là, je crois que nous nous en sortirons.L’averse s’arrêta brusquement et, bien que le ciel restât menaçant, ils réussirent à sortir des gorges sans autre incident.Dès que le fleuve eut atteint les plaines, son cours s’élargit.Après avoir été si longtemps comprimé par les gorges, il profitait de la liberté qui lui était offerte.Des îles apparurent, couvertes de saules et de roseaux où nichaient des hérons et des grues, des oies et des canards migrateurs et quantité d’autres oiseaux.La première nuit, les deux frères installèrent leur campement dans une prairie située sur la rive gauche.Les premiers contreforts des hauts pics montagneux s’étaient maintenant éloignés de la berge.Mais, sur la rive droite, la chaîne de sommets arrondis obligeait le fleuve à obliquer vers l’est.Jondalar et Thonolan reprirent si rapidement leurs habitudes de voyage que jamais on n’aurait cru qu’ils s’étaient arrêtés pendant plusieurs années chez les Sharamudoï.Cependant, quelque chose d’essentiel avait changé.Ils avaient perdu leur insouciance et ce goût de l’aventure qui les poussait à aller de l’avant pour l’unique joie de la découverte.La fuite en avant de Thonolan avait, au contraire, un côté désespéré.Jondalar avait tenté une fois encore de convaincre son frère de rebrousser chemin, mais comme Thonolan avait très mal réagi, il avait préféré ne pas insister.Il espérait qu’avec le temps sa souffrance s’apaiserait et qu’un beau jour il déciderait de rentrer et de recommencer sa vie.Tant que ce ne serait pas le cas, il était décidé à rester avec lui.Portés par le courant, les deux frères voyageaient plus vite dans leur petite embarcation que s’ils avaient marché le long de la rive.Comme leur avait expliqué Carlono, lorsque le fleuve atteignit la barrière d’une ancienne chaîne de montagnes, bien antérieure aux massifs entre lesquels il avait coulé jusqu’ici, il obliqua vers le nord.Bien que cette vénérable chaîne montagneuse eût subi les outrages du temps, elle s’interposait encore entre le fleuve et la mer intérieure qu’il tâchait d’atteindre.Nullement découragé, le cours d’eau avait cherché un autre passage et s’était recourbé vers le nord.Mais, alors qu’il obliquait à nouveau vers l’est pour atteindre la mer intérieure, il recevait un dernier affluent, une large rivière, qui augmentait encore le volume déjà énorme des eaux et des limons qu’il charriait.Maintenant que rien n’arrêtait plus sa course, la Grande Rivière Mère ne pouvait plus se contenter de son lit.Elle se divisait en plusieurs bras et formait un delta en éventail.Ce delta n’était qu’un gigantesque marécage plein de sables mouvants, de marais salants et de dangereuses petites îles.Certaines îles limoneuses demeuraient en place pendant plusieurs années, suffisamment longtemps pour que des arbres rabougris réussissent à y pousser.Cela ne les empêchait pas d’être sapées par les infiltrations ou entraînées un beau jour par les crues saisonnières.Le fleuve comptait quatre embouchures, mais le cours de ces quatre bras principaux restait instable [ Pobierz całość w formacie PDF ]