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.Quand Bark se réveillera, il essayera de te faire du mal, pour se venger.— Je sais, chuchota Sarah, mais ça n’a plus d’importance.— Si tu ne veux pas venir avec moi, dit le jeune homme, pourquoi ne retournes-tu pas dans la cité pétrifiée ? Tu seras parmi les tiens, et le sommeil de la pierre te prendra…— Non, souffla Sarah.Le sommeil ce n’est pas le repos… Le sommeil de la pétrification est un tissu de rêves, de pensées, d’images diffuses qui rôdent à la lisière de la conscience.Je ne veux pas me rendormir pour mille ans, et penser pendant ces mille années que ma fille est morte à cause de moi.Parce que j’avais trop peur d’être seule, parce que je n’ai pas été assez sage pour t’écouter… Tu savais que les choses finiraient mal, tu m’avais prévenue.Ce n’était pas un monde pour elle, j’ai cru que nous pourrions nous suffire à toutes les deux, vivre en autarcie, mais ce n’était pas possible.Elle avait trop peur… Elle mourait de peur.Elle me répétait sans cesse qu’elle voulait partir d’ici, qu’elle voulait retourner chez nous.Elle se releva et marcha vers Shag.Quand elle fut tout contre lui, elle lui noua les bras autour du cou et l’embrassa sur la bouche, sans dégoût.— Tu as essayé de m’aider, dit-elle.Tu essayes encore aujourd’hui alors même que j’ai été ignoble avec toi.Je t’en remercie, mais c’est inutile.Je ne veux pas redevenir une statue qui rêve, une statue dont la tête est habitée par le remords.Mille ans c’est trop long.Je préfère en finir sans attendre.— Que veux-tu dire ? interrogea Shag.Tu vas attendre que Bark vienne te tuer ?— Non.Depuis quelque temps j’avais un mauvais pressentiment.J’ai pris mes précautions.Tu te rappelles toutes les choses que je t’ai envoyé chercher en ville ? Tous ces objets, tous ces produits ?— Oui…— Tu te plaignais de ne pas savoir ce que c’était, d’avoir du mal à les dénicher.Parmi eux il avait des explosifs, du type qu’on utilise pour la démolition des bâtiments.Je les ai installés dans les failles du bouchon de lave qui obstrue le fond du volcan.Je crois avoir repéré les lignes de force des crevasses.Je pense qu’en les dilatant je réveillerai le cratère et qu’une éruption se produira dans les minutes qui suivront l’explosion.C’est pour cela que tu dois t’en aller.Tu as la vie devant toi.Tu peux encore évoluer.Va retrouver tes amis, les animaux savants.Avec eux, tu pourras peut-être faire quelque chose pour cette planète de fous.Va… Moi, j’appartiens au passé.Jamais je n’aurais dû me réveiller.Sarah s’écarta de Shag et sortit de l’atelier.Elle alla au bout de la plate-forme pour actionner quelque chose qu’elle avait posé près de l’un des pilotis.Un boîtier de commande muni d’une antenne.Shag la vit enfoncer un bouton rouge.Une lumière clignotante s’alluma en même temps que retentissait un bip-bip lancinant.— Voilà, annonça-t-elle.C’est en marche, plus rien ne peut arrêter le processus.Fiche le camp.Tu auras juste le temps de sortir de ce piège et de te mettre à l’abri.L’éruption va probablement faire exploser le cône de lave magnétique.Pars, ou bien tu vas mourir.Shag la dévisagea pour graver ses traits dans sa mémoire.Il comprit qu’il était inutile d’insister.Prenant son élan, il s’élança sur la passerelle et courut en direction du sentier en lacet menant au sommet.Quand il atteignit le haut du cratère il se retourna, à bout de souffle, pour voir une dernière fois Sarah mais la jeune femme était rentrée dans l’atelier pour s’agenouiller près de sa fille.Shag prit une profonde inspiration et dévala le flanc du volcan pour rejoindre la plaine.16Aka l’attendait avec les mules et les deux chimpanzés dans un bosquet, à trois cents mètres de là.Shag lui dit qu’il fallait se mettre en route, gagner une hauteur pour se mettre à l’abri.Il était épuisé et avait le plus grand mal à s’expliquer de manière cohérente.Les mules se mirent en marche d’elles-mêmes, comme si elles avaient senti le danger.Les fuyards fixèrent leur choix sur une colline accidentée que trouaient des cavernes peu profondes.— As-tu emporté de l’eau et de quoi se nourrir ? s’inquiéta Shag que la perspective d’une marée de lave mettant une éternité à refroidir angoissait.Aka le rassura.Elle n’avait rien oublié, mais de quoi avait-il peur ? Pourquoi ne cessait-il de se retourner pour regarder la silhouette conique du volcan ?Shag, par bribes, lui expliqua ce qui risquait de se passer.Quand ils furent recroquevillés au fond de la caverne, ils poussèrent un soupir de soulagement.La grotte était trop basse pour qu’ils puissent se tenir debout, mais ça n’avait guère d’importance.Seul comptait le fait d’être protégé des pierres brûlantes tombant du ciel.L’explosion se produisit alors qu’ils se désaltéraient tour à tour à l’outre en peau de chèvre emportée par Aka.Ils n’en perçurent pas la détonation mais sentirent grimper dans le sol une vibration sourde de mauvais augure.La terre trembla, la colline parut glisser vers la gauche, des pierres se fendirent.Les chimpanzés hurlèrent et coururent se pendre au cou de leur mère.Presque aussitôt le sommet du cratère se volatilisa et des monceaux de roches broyées furent expulsés en direction du ciel qui s’obscurcit.C’était le bouchon de lave durci qui venait de sauter sous l’action des explosifs actionnés par Sarah, la lave jaillit en un tourbillon pourpre et pâteux, feu liquide qui débordait de l’orifice ébréché pour se répandre sur les pentes en lentes coulées d’un rouge habité de vives pulsations.Par bonheur, la lave suivit l’inclinaison du terrain.Après avoir englouti la carcasse du pick-up, elle prit la direction de la cité des idoles, comme si elle avait l’intention de l’ensevelir elle aussi sous ses vomissures telluriques, mais les coulées se figèrent avant d’avoir parcouru le quart du chemin.L’éruption dura jusqu’à la nuit, puis les feux s’éteignirent et les projections cessèrent.L’air, seul, resta empli d’une fumée épaisse, suffocante, et de cendre chaude.Au fond de la grotte, Shag et Aka crurent un moment qu’ils allaient périr asphyxiés.Ils pissèrent sur des chiffons et s’en firent des masques pour filtrer les émanations corrosives en provenance de l’extérieur.Le vent se leva avec la lune, rendant l’atmosphère plus respirable.À l’aube, la lave avait refroidi et avait pris une teinte noire.Shag et Aka quittèrent le refuge avec les mules.— Il faut prendre la direction des montagnes rouges, dit le jeune homme, c’est là que nous attendent les animaux savants.Ils se mirent en marche [ Pobierz całość w formacie PDF ]