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.On pense bien que, dans cette douce maison, Foma faisait la pluie et le beau temps.Et que ne fit-il pas pendant ces sept ans ? On ne saurait même imaginer jusqu’à quelles fantaisies extrêmes le mena parfois son âme oisive et repue, et ce qu’il sut inventer de caprices raffinés, de friandises morales.Trois ans après le mariage de mon oncle, ma grand’mère trépassait et l’on vit Foma, devenu orphelin, en proie au plus violent désespoir.Même après un si long temps passé, ce n’est qu’avec une véritable épouvante qu’on parle chez mon oncle de son état à ce moment.La tombe à moitié comblée, il s’y précipita, exigeant qu’on l’enterrât aussi et, pendant tout un mois, on ne put lui laisser ni fourchette ni couteau.Une fois même, il fallut se mettre à quatre pour lui ouvrir la bouche et en extraire une épingle.Un des spectateurs de cette scène dramatique n’avait pu s’empêcher de remarquer que Foma eût eu mille fois le temps d’avaler cette épingle, si tel eût été son caprice ; pourtant, il s’en était abstenu.Une telle appréciation n’en fut pas moins repoussée avec indignation par tous les assistants et le malencontreux observateur se vit convaincu de malveillance et d’insensibilité.Seule, Nastenka avait gardé le silence et ce n’avait pas été sans inquiétude que mon oncle avait surpris sur son visage un imperceptible sourire.Il faut d’ailleurs remarquer que, malgré les invraisemblables caprices auxquels Foma s’abandonna dans la maison de Yégor Ilitch, il ne s’était plus permis les sermons despotiques ni l’arrogance d’antan.Il se plaignait, pleurait, faisait des reproches, mais ne se laissait plus aller à des créations dans le genre de « Votre Excellence » et je crois bien que tout l’honneur de ce changement revenait à Nastenka.Insensiblement, elle avait contraint Foma de se plier devant certaines nécessités.Ne voulant pas assister à l’humiliation de son mari, elle était arrivée à faire respecter sa volonté.Foma voyait très clairement qu’elle l’avait presque deviné.Je dis : presque, parce que Nastenka ne cessa point de le dorloter et de faire chorus avec son mari chaque fois qu’il chantait les louanges du grand homme.Elle voulait que chacun respectât mon oncle en toutes choses, et c’est pourquoi elle approuvait à haute voix son attachement à Foma Fomitch.Mais je suis bien sûr que le cœur d’or de Nastenka avait su oublier les outrages et qu’une fois que Foma l’eut unie à mon oncle, elle lui avait tout pardonné.De plus, je crois qu’elle avait accepté de tout son cœur l’opinion de mon oncle, qu’on ne pouvait trop exiger d’un martyr et d’un ex-bouffon, qu’on devait ménager sa susceptibilité.La pauvre Nastenka avait appartenu à la catégorie des « humiliés » et elle s’en souvenait.Au bout d’un mois, Foma s’était calmé.Il était même devenu doux et bon, mais, en revanche, on vit d’autres accidents se manifester chez lui : il tombait soudain en une sorte de catalepsie qui plongeait tous les assistants dans la plus folle épouvante.Brusquement, alors que le martyr parlait d’abondance ou même qu’il riait, on le voyait devenir soudain comme figé, pétrifié dans la posture même où il se trouvait au moment de l’accès.Supposons qu’il ait ri : alors, il conservait le sourire aux lèvres.Tenait-il une fourchette ? l’objet restait en sa main levée.Puis, la main s’abaissait d’elle-même, mais Foma Fomitch ne se souvenait de rien, n’avait rien senti.Il restait assis, battant des paupières, mais n’entendant rien, ne comprenant rien, ne disant rien.Et cela durait parfois une heure entière.Bien entendu, tous les habitants de la maison se mouraient de peur, marchaient sur la pointe des pieds, pleuraient.À la fin, Foma se réveillait, accusant une extrême fatigue et assurant que de tout ce temps, il n’avait rien vu, rien entendu
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