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.— Vous voulez le voir à quel sujet ? cria-t-elle.— Ça pourrait se terminer devant un juge.— Bande d’enfoirés, vous laissez jamais tomber, cria-t-elle, tas de pauvres mecs.— Non, c’est exact, dis-je, nous ne laissons jamais tomber.— Vous êtes seul, dit-elle, et j’ai trois autres fils qui traînent dans ce trou à rats, en plus du demeuré, là-bas.(Elle le désigna d’un coup de son large menton.)— Vous avez dans l’idée de lâcher votre bande sur la police, c’est ça ? Si j’étais vous, je réfléchirais d’abord très sérieusement… Ça va chercher au bas mot dans les cinq ans.— Je sais, dit-elle, mais bon Dieu, ça me démange.— Je sais, dis-je, vieille canaille.La vieille, dont les épais cheveux gris tombaient dans le dos par-dessus sa veste de treillis militaire, tremblait de rage.— Ma foi, repris-je, ça ne sert à rien qu’on continue comme ça toute la nuit, bien qu’on puisse si vous y tenez.Je m’en fiche.Mon traitement est payé par les contribuables.Mais votre fils Dick est un filou, j’ai demandé aux sommiers de m’envoyer son casier… Il a eu des ennuis avec la police dès qu’il a porté des couches.Petit voleur, et trop bête pour ne pas se faire prendre.— D’accord, dit-elle, vaincue.(Elle se tourna vers la maison, et les yeux flamboyants des chiens à ses côtés suivirent le moindre de ses gestes.) Dick ? cria-t-elle vers la maison dans l’obscurité.Descends, tu seras bien obligé de venir !Rien ne se produisit.Toutefois un rideau rose en lambeaux remua à la fenêtre que j’avais remarquée au second.— Écoutez, qu’est-ce que je pourrais vous offrir pour le ménager ? dit-elle.— Rien, répondis-je.C’est en rapport avec l’affaire Mardy.— Je le savais, dit-elle, j’en étais sûre.— J’ai l’impression qu’elle est morte, dis-je, et je prie pour ceux qui ont été de près ou de loin impliqués dans cette histoire si c’est le cas.— Vous voulez dire que ça ne peut pas s’arranger ?— Non, répondis-je, maintenant ça sent le pourri et c’est allé trop loin, sinon je ne serais pas là.— Espèce de salaud.À une époque j’aurais pu retrousser ma jupe par-dessus mes nichons et je vous aurais montré quelque chose qui aurait fait filer dans les buissons le premier con venu.— Trop tard maintenant.Des deux côtés.— D’accord, dit-elle, mais Dick essaie de rentrer dans le droit chemin, il a payé.— Il a une drôle de façon de rentrer dans le droit chemin, si je vois clair dans cette histoire.— Bande de salauds, vous y allez vraiment sans ménagement.— Et les Mardy, qui se souciait d’eux ?— Faut bien qu’on vive comme on peut, dit-elle.De nos jours il n’y a pas d’autre moyen de protéger les siens.— Je sais.J’avance en âge et je ne suis pas un salaud.Mais la loi est ce qu’elle est ; maintenant faites descendre votre gamin.Vaincue, elle se tourna, les épais rouleaux de ses cheveux gris descendant en torsades jusqu’à son gros cul, et elle cria en direction de la maison :— Descends, Dick, hé, tu seras obligé de venir.Je voyais bien à quel point elle était ivre ; et pourtant, pensai-je, qu’est-ce que je représente vraiment ? Dans mon métier je ne pouvais pas me permettre de penser ainsi, ce qui était précisément la raison pour laquelle je le faisais.Et l’idiot était toujours planté là, sans bouger, dans la cour.Je regardai autour de moi et vis que cet endroit, qui m’avait d’abord semblé menaçant et dangereux, n’était en fait que ce qu’il paraissait, très triste et désolé.J’entendis enfin quelqu’un descendre dans la maison, et un jeune homme sortit.Il ressemblait à n’importe lequel des autres jeunes que j’avais vus tramer à Thornhill – ou à Hackney d’ailleurs.— Dick Sanders, c’est toi ?— Et si je disais non ?— Jouons dans les règles.Je répète : c’est toi ?— Vous regardez mes cheveux.Simplement parce qu’ils sont longs, m’sieur le pasteur.— Pas de baratin avec moi, fis-je.Tu ne pourrais pas faire de plus grosse bêtise, coco, et c’est la longueur de ton casier qui m’intéresse, pas la longueur de tes cheveux à la con, je suis officier de police.Bon, c’est toi Dick Sanders, oui ou non ?— Oui, ça va, c’est moi, fit-il.Et de quoi il s’agit ce coup-ci ?— Tu le sais bien, bon Dieu.Il ne s’agit pas d’un poste de télé tombé d’un camion… Tu en es arrivé au stade où tu pourrais te retrouver à jouer les vedettes au tribunal, c’est le succès, Dick, alors repassons ton rôle, voir si tu le connais.Là, il réfléchit, et je le regardai réfléchir.— Tu vas faire la une, repris-je, et tu pourrais t’en passer, c’est lié aux Mardy, tu es fichu, maintenant gamberge, je veux tout savoir, je vais m’occuper de toi.Il caressa ses longs cheveux drus, noués derrière d’une main lasse à l’aide d’un ruban ; il avait les traits tirés, le visage fatigué, les lèvres aussi mesquines qu’un distributeur refusant une carte de crédit.— Je suis simplement jardinier.— Non, pas seulement jardinier, dis-je, plutôt homme à tout faire, à faire n’importe quoi.À tel point que j’ai roulé jusqu’ici pour en savoir plus ; alors commençons.— Vous me répugnez, dit-il.Je vous trouve répugnant.— L’odeur que dégage un cadavre est pire que notre odeur à tous les deux, et j’ai l’impression qu’il y en a un quelque part à Thornhill, pas loin d’ici, et qui va me faire vomir, à défaut de toi.Maintenant ne sois pas arrogant, ne colle pas les poings dans tes poches et ne me regarde pas avec ce drôle d’air.Ça te mènera nulle part, dis-moi simplement ce que tu sais sur les Mardy, du temps où tu travaillais pour eux, et rends-toi compte que tu as de gros ennuis.Il commença à avoir peur.— Je faisais simplement du jardinage.— Et voilà tout ? Tu te contentais de planter et de bêcher ?— C’est ça.— Je ne crois pas du tout que ce soit ça, mon trésor, dis-je, alors accouche avant que je ne te donne le la… Il y avait autre chose, et je vais t’accorder ton instrument jusqu’à ce que tu me chantes toute la chanson, alors vas-y.(La vieille était toujours près de nous, muette et titubant sous l’effet de l’alcool, et je dis à Dick :) Ta maman t’empêche de cracher le morceau ? Qu’elle parte ou qu’elle reste, dans la mesure où tu parles, moi je m’en fiche.Ce qui était vrai ; mais lui ne s’en fichait pas.Il se tourna vers elle avec des yeux tels les deux trous d’un fusil de chasse sur pivot, et dit :— Fous le camp, maman, va-t’en tout de suite.— Ne martyrisez pas mon gars ! hurla-t-elle à mon adresse.Vous entendez ?— Je ferai ce que j’ai à faire, répondis-je.— Rentre, maman, je t’ai dit… Je saurai me débrouiller.— Oui, fis-je, et emmenez vos chiens [ Pobierz całość w formacie PDF ]