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.Paysage confus, brouillon que la lande de Bolazec.Air vicié, plaintes sourdes, maisons en enfer.Bougainvillées, sous leurs luxuriantes corolles, hortensias, rhododendrons, topinambours.Intrépides églantines.Le lieu idéal, vous en conviendrez, pour rêver aux malheurs des autres.Au-delà débutait l’avant-bras, et sans doute une autre physionomie terrestre et inconnue ; j’avais peur, j’avais peur de moi.Les nuages à la sieste ; le soleil à la diète, aux pins secs et à l’eau.Il me raconta des histoires sur lui, une notamment qui me marqua beaucoup.Paul était d’une hétérosexualité sans vergogne, sans verte guigne, ni repos ; droite, roide, stoïque, aimable.Rossé pensant.« Tu sombreras dans la décadence et l’homosexualité », lui avait prédit son dernier ami de collège.« Et la débauche, il avait ajouté, et la débauche ! »Il faut se méfier des diseurs de futur.Moi…Je me souviens que sa voix normalement statuaire devenait vague quand il disait « la vie »… Mais enfin je sais aussi qu’à ses côtés, je ne serai jamais qu’un petit garçon.Parfois, il racontait ; parfois, je me disais que peut-être son fond était un grand mépris.« Vous empestez le monde… », il m’avait assené.Je dois dire malgré tout que, bien qu’étant un monstre, il était apprécié de tous, et de toutes ; de lui, notamment.Dimanche, l’histoire s’arrête.Le temps.Un soir, dimanche soir, dernier soir, Paul s’assied dans un fauteuil très fatigué, il nous dit : « Je vais vous redire une histoire.» Et il s’est tu toute la soirée.Il lui arrivait de parler de Brest où il avait été, vingt ans avant.Mais Brest, ici, n’était pas de ce monde.Ce n’était pas la Bretagne qui se développait autour de nous, je ne pouvais pas croire que Brest et sa rade se trouvaient à si peu.Au croisement que fleurissaient les rhododendrons par touffes et les boutons d’or par poignées, un panneau kilométrique intrigant plaçait Brest : 92.Quatre-vingt-douze : la longueur du mot, sa grandeur, ses attraits d’univers décimaux et de centaines obscures me plaisaient : comme Brest est loin.Comme Brest était proche.Retrouver le pont m’avait déchiré tout entier, revoir la rade inchangée et de nouveaux cargos encore plus tristes que les autres m’avait brisé, le bonjour de l’Amiral avait achevé mon cerveau en peine – un coup de grâce offensif et pleutre.Notre retour sur Brest ne fut qu’ennui pinçant.Le treillis du temps.Et puis le moulinet des jours a rebattu de sa coulpe les paysages.Les paysages…Mais la lumière a chu, car tout choit ; Brest est revenu, a cousu son fil de malaise, son collier d’inconfort, la rade et l’Amiral tricotaient leurs mailles de sottises et de consternations, et nous nous essoufflions, laids, sur des vagues qui ne nous portaient plus.Juillet, août, les ciels bas.Les temps étaient lourds, à Brest.Alors que le froid avait englouti la ville, c’était tout nous qui grelottait, ces derniers temps.Chez l’Amiral, on ne parle pas de crise : on patauge, c’est tout.Tous ces entretiens…Tout ce vent…Toute cette eau…Toutes ces nuits.De vraies nuits profondes, noires, tièdes, toutes ennuyeuses, toutes vécues dans notre cagibi, dans le placard à balais de Monsieur l’Amiral
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