[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.Il décrocha les sabres suspendus au mur et tendit l’une des lames courbes à son maître.— Vous ne m’avez pas répondu pour le mal qui a tué la dame de l’Épine.— Sans doute parce que je n’avais pas la réponse.Mais je la trouverai.Et le jeune homme sentit chez l’Oriental cette excitation si particulière qui le prenait quand la nature ou l’humain résistaient à son étude.15Le sol ruisselait d’une eau verdâtre.Des traînées de salpêtre souillaient les parois et la voûte des souterrains.Dans la salle fermée par une lourde porte, un chandelier éclairait un sarcophage sur lequel était sculpté un gisant.La flamme vacillante éclairait la silhouette d’un chevalier revêtu d’une cotte de mailles et d’un bliaud.Il avait le corps tordu dans un mouvement de défense et tentait en vain de dégainer son épée.À genoux dans la boue, quelqu’un priait à voix haute.L’homme se redressa et ses yeux se posèrent sur la statue.— La mort me ramène à chaque fois vers toi, Osvald.Cette fois, c’est ma soeur.Ta tante.La voix se brisa.Un long moment passa, puis Serlon reprit :— Et Aubré que mon père a chassé et à qui j’ai interdit de revenir.Aubré sera bientôt ici.Que dois-je faire ?Le silence, l’eau qui goutte du plafond.— J’avais tant de projets pour toi ! Il faut que tu m’aides, Osvald, que tu me donnes un signe ! Je me sens si seul sans toi ! Et puis, je crois qu’on en veut à ma vie.L’autre jour, mon cheval rendu fou de douleur, ce moellon qui a failli m’écraser.J’ai l’impression que quelque chose rôde autour de moi qui veut ma fin.Je n’ai plus confiance en personne.Puis, plus fort :— Non, je ne suis pas fou.Un silence.— J’ai discuté avec l’Oriental.Je suis sûr de moi maintenant, il me faut un héritier.Un fils.Cela détournera le malheur.Comme s’il avait entendu une réponse, le sire de Pirou protesta :— Jamais je ne réussirai à l’aimer comme je t’aimais, toi.Mais sans doute est-ce pour cela que Dieu m’a puni.Je t’aimais trop, Osvald.La flamme réchauffait les joues livides de la statue, colorait ses lèvres.Le visage aurait pu être celui de Serlon.Le père et le fils avaient la même stature, la même blondeur de Viking, les mêmes yeux couleur de tempête.— Il y a des femmes à marier.La fille aînée des Taisson a vingt ans de moins que moi, des hanches à faire des mâles et je suis toujours vigoureux.J’y pense, tu sais.Le monologue continua un moment, puis Serlon se releva.Il s’approcha de la statue et y posa les paumes.— Un signe, juste un signe ! supplia-t-il à nouveau.Il attendit un moment, mais rien ne se passa.— Tu m’en veux ? Non, tu ne peux pas m’en vouloir.Tu sais que je n’aime que toi.Mais il faut que le nom des Pirou vive après nous.Tu le sais, Osvald.Tu le sais.À tout à l’heure, mon fils, je reviendrai te voir cette nuit.Il souffla les bougies, verrouilla et posa la clé dans une cachette au-dessus du chambranle.Ses pas s’éloignèrent.La lueur de sa torche s’éteignit.Quelqu’un bougea dans la pénombre.Une silhouette qui se détacha du mur et remonta, elle aussi, vers la lumière.16La mort de Muriel avait jeté un sortilège sur le château.Le seul signe de vie était des lamentations et des pleurs venus de la chapelle.Escaliers, couloirs et basse-cour étaient déserts.Après avoir rapidement mangé en cuisine, Tancrède et Hugues avaient gagné la salle des plaids, vaste bâtiment de bois à la charpente en forme de coque de bateau.L’endroit servait à la fois aux assemblées des vassaux et à l’entraînement guerrier.C’était là que se tenaient les plaids de l’Épée, les jugements rendus par le duc-roi ou ses représentants.C’était là aussi que le forgeron entreposait les armes : lances, vouges, guisarmes, épieux, haches, tinels, arcs et flèches nécessaires à la défense de la forteresse.Le maître d’armes, assis devant l’âtre éteint, la tête dans les mains, sursauta à leur entrée.— Pardon, maître Jehan.Nous vous dérangeons ? demanda Hugues qui, quels que soient les circonstances ou les gens rencontrés, ne se départait jamais de sa courtoisie.— Pas du tout, pas du tout, fit l’autre en se levant précipitamment.Je vois que vous avez vos lames.Vous désirez vous entraîner, messire Tancrède ?— Oui
[ Pobierz całość w formacie PDF ]