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.Effectivement, une Lincoln noire nous collait au train.Nous rejoignîmes le Greyhound à l’entrée d’une agglomération et les deux polissonnes purent y prendre place.Ensuite de quoi, nous nous occupâmes de la Lincoln, laquelle attendait cent mètres derrière nous.« Cette fichue voiture noire nous rendit perplexes.Nous vérifiâmes qu’elle en avait bien après nous, en empruntant des routes secondaires.Puis en accélérant.Smith possédait un bon coup de volant.Bientôt, nous abordâmes une région montagneuse, déserte et escarpée.Nos poursuivants étaient implacablement à nos trousses.Nous nous perdions en conjectures.Qu’est-ce que ces gens pouvaient bien nous vouloir? Les vitres teintées de leur véhicule ne nous permettaient pas de les apercevoir et aoutaient à notre angoisse.Smith perdait la tête.Il roulait à une telle allure au bord du précipice que je le suppliai de lever le pied.Mais il ne m’obéissait pas et ce qui devait advenir advint: ce pauvre docteur rata un virage et nous partîmes dans le vide.Mon cher Antoine, il ne se passe plus de nuit que je ne rêve à ce plongeon.L’horreur! L’attente! Cela n’en finit pas.Tout votre être est glacé, vos pensées patinent.Vous êtes l’épouvante en personne.Vous ne voyez plus rien, ne sentez plus rien.La notion de mort elle-même vous abandonne.C’est la trouille chimique! La pétoche à l’état pur!« Et puis, l’impact! Par une chance prodigieuse (pour moi) nous atterrîmes sur les quatre roues.Ce fut un choc phénoménal, je crus que mes vieux os se brisaient tous en même temps et je restai anéanti mais conscient, sur mon siège.Bientôt, je fus environné de flammes.Par un prodige de volonté, je parvins à ouvrir ma portière et à me couler à l’extérieur.Avais-je détaché ma ceinture ou omis de la boucler? Mystère.Je me laissai rouler sur moi-même à plusieurs reprises en une succession de tonneaux.Des arbousiers, des plantes épineuses stoppèrent ma descente.Je perdis conscience.Lorsque je revins à moi, la nuit était tombée.A ma grande surprise, je pus me remettre à la verticale sans grandes difficultés.La carcasse de notre voiture fumait encore.Je m’en approchai et constatai que le gentil petit toubib avait à présent la taille d’un garçonnet.Il était calciné à son volant.« Il me fallut plus de deux heures pour remonter jusqu’à la route car je clopinais misérablement et la pente recouverte d’éboulis était raide.Une fois sorti du précipice, la chance recommença à me sourire: une camionnette survint, pilotée par un fermier de la région.Il s’arrêta.Je lui expliquai que je venais d’avoir un accident et il me conduisit à la localité la plus proche, me laissant devant le bureau du shérif.Au moment où j’allais m’y présenter, je ne sais quel signal d’alarme retentit sous mon crâne déplumé, Antoine.Mon subconscient me déconseillait de me manifester auprès des autorités.Une notion aiguë de danger m’envahissait.Je fis l’inventaire de mes poches.J’avais sur moi mes papiers, passeport compris, mon argent.Je n’eus dès lors plus qu’une idée: rentrer en Europe.Je frétais un taxi qui me ramena à Atlanta.De là, je pris un avion pour Washington.Plus le temps passait, plus ma frousse grandissait.J’avais réalisé que je m’étais aventuré dans des régions interdites.Ce que nous avions découvert, Smith et moi, nous condamnait.Il fallait que je quitte les U.S.A.de toute urgence pour rallier ma brave vieille France rassurante.Le premier vol qui partait pour l’Europe allait à Vienne.Depuis là-bas, la capitale autrichienne me semblait être une banlieue de Paris.Je le pris.Lorsque l’appareil quitta le sol et rentra son train d’atterrissage, je fus soulagé et je dormis pendant une bonne partie du vol.»Son récit l’épuise, Félix.Sa voix se fêle et son souffle devient court.- Marquons une pause, bon ami, conseillé-je.Cette évocation vous fatigue.- L’asthme, murmure-t-il.J’ai déjà eu des symptômes en baisant, Antoine.Je tiens mal la distance, désormais.Jusqu’à récemment, je n’avais jamais remarqué que l’amour est un exercice physique.Qu’il nous malmène [ Pobierz całość w formacie PDF ]