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.« Il est vrai que j’ai accepté cet après-midi, mais vous m’aviez dit que M.Koga était muté de son plein gré…— J’ai dit que, pour partie, Koga désirait être transféré.— Ce n’est pas vrai.Il veut rester ici.Même avec son salaire actuel, il préfère sa ville natale.— Est-ce que tu tiens cela de Koga lui-même ?— Non, ce n’est pas lui qui me l’a dit.— Alors, de qui le tiens-tu ?— C’est ma vieille propriétaire qui l’a entendu raconter de la mère de M.Koga, et elle me l’a rapporté à son tour.— Ainsi donc, la vieille dame de ta pension t’a raconté cette histoire.— Eh bien, oui.— Désolé, mais ce n’est pas tout à fait exact.D’après ce que tu viens de me dire, tu crois sur parole ta vieille logeuse mais tu n’accordes pas foi aux dires de ton sous-directeur, mon interprétation n’est pas erronée ? »J’étais bien embêté.Pas de doute, ces licenciés sont très forts.Ils vous titillent et vous acculent dans vos derniers retranchements.Combien de fois ai-je entendu mon père me répéter que j’étais un écervelé, un tête en l’air… Je crois qu’en effet, j’avais agi à l’étourdie.À peine avais-je entendu Mme Hagino que je m’étais précipité impulsivement sans même chercher à connaître de Courge-Verte ou de sa mère les détails de la situation.À présent, il m’était malaisé de parer aux coups de ce bretteur chevronné.J’avais du mal à faire face à cette attaque frontale mais, dans mon cœur, j’avais déjà jugé Chemise-Rouge comme un individu de mauvaise foi.Ma vieille propriétaire était, c’est certain, regardante et âpre au gain, mais elle n’était pas menteuse et ne possédait pas la duplicité de Chemise-Rouge.Aussi me bornai-je à répondre : « Il est possible que ce que vous m’avez dit soit vrai.Néanmoins je suis au regret de ne pas accepter cette augmentation de salaire.— De plus en plus étrange.Tu es venu ici tout exprès m’annoncer que tu avais trouvé une raison qui t’empêchait d’accepter ton augmentation de salaire, et lorsque je te démontre que cette raison est mauvaise, tu t’obstines cependant… J’avoue avoir du mal à saisir…— Il vous est peut-être difficile de comprendre.Mais je refuse.— Si cela doit te déplaire si fort, je ne te forcerai pas davantage, mais si en deux ou trois heures tu changes d’avis comme une girouette, sans bonne raison, il me semble que la confiance que nous placions en ton avenir en sera ternie.— Confiance ou pas, cela m’est parfaitement égal.— Tu ne devrais pas parler ainsi.Rien n’est plus important que la confiance dont on crédite une personne.Ainsi par exemple, imaginons que ton propriétaire…— Ce n’était pas mon propriétaire, c’était sa femme.— Peu importe que ce soit l’un ou l’autre.Même en admettant que ce que t’a raconté cette vieille dame soit juste, ton augmentation de salaire ne serait pas acquise sur une diminution du revenu de Koga.Il s’en va à Nobéoka.À sa place, un autre prend son poste.Mais ce remplaçant accepte un salaire inférieur à celui de Koga.Cette différence t’est destinée et tu n’as donc pas besoin de te sentir coupable.Pour Koga, aller à Nobéoka constitue une promotion.Son remplaçant a accepté depuis le début un salaire plus bas, ce qui nous permet de t’augmenter.Ne penses-tu pas que c’est le meilleur arrangement possible ? Bon, si tu persistes à refuser, tant pis, mais je crois que tu devrais rentrer chez toi et réfléchir encore un peu.»Ma tête n’est pas fameuse, j’avoue, et dans des situations de ce genre où mon interlocuteur déploie toute l’ingéniosité de son éloquence, je suis rapidement réduit à quia et je bats en retraite, confus de m’être fourvoyé, mais ce ne fut pas le cas cette nuit.Dès mon arrivée dans cette ville, j’ai ressenti de l’aversion pour Chemise-Rouge.Il est vrai qu’un temps j’ai vu en lui un homme à la gentillesse quasi féminine mais quand j’ai compris qu’il était rien moins que gentil, j’ai éprouvé par réaction une antipathie féroce.C’est pourquoi il a beau user d’une logique imparable et d’arguments vigoureux, me réduire au silence de toute sa prestance de sous-directeur, son jeu me laisse indifférent.Parce que quelqu’un est habile dans la discussion, cela ne signifie pas qu’il soit un homme de bien.Pas davantage que celui qui ne sait pas tenir tête à l’autre en parole soit mauvais.Les apparences donnaient mille fois raison à Chemise-Rouge, mais la façade extérieure, si brillante soit-elle, n’entraîne pas l’amour.Si l’argent, le pouvoir ou la logique pouvaient acheter le cœur des hommes, les usuriers, les policiers ou les professeurs d’université seraient les plus aimés.Avec ses raisonnements de sous-directeur de collège, pensait-il toucher mon cœur ? C’est l’amour ou la haine qui font marcher l’humanité.Pas les raisonnements [ Pobierz całość w formacie PDF ]