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.Longs, munis de deux paires d’ailes… Des libellules ! C’est juste des libellules !La nuée ne s’attarda pas sur eux et poursuivit sa route, à peine ralentie, pour jaillir à l’extérieur et disparaître au-dessus du fleuve.Tobias rassura Ambre en lui expliquant que ce n’étaient que de grosses libellules, mais cela n’eut pas l’air de lui plaire davantage.Ils prirent à gauche à la première bifurcation pour être certains de longer les quais et Tobias reprit confiance en apercevant des grilles tous les vingt-cinq mètres qui laissaient pénétrer un rayon de lune.Ils en comptèrent sept et décidèrent de grimper pour vérifier leur position.Tobias poussa de toutes ses forces sur la trappe d’acier qui se souleva en tintant et il remonta doucement la tête.Le navire du conseiller royal, le Charon, se dressait à seulement trente mètres.Il redescendit et s’élança vers le puits d’accès suivant.— Nous y sommes presque, déclara-t-il.Ils se faufilèrent par la grille suivante à la surface.Ils n’avaient plus qu’une demi-douzaine de pas à parcourir pour atteindre la passerelle d’embarquement…— Il y a un truc qui cloche, comprit Tobias aussitôt.— Quoi donc ?— La passerelle ! Elle n’est plus à quai !Ils virent alors que les amarres étaient jetées, et les grandes voiles baissées.— Ils partent ! s’alarma Tobias en se relevant.Le navire s’éloignait lentement du quai.Défiant toute prudence, Tobias se tenait debout à découvert, constatant avec la plus grande détresse que Matt leur échappait.Il partait pour le Sud.Dans les griffes de Malronce.29.Une arme secrèteLes voiles produisaient un son agréable en se gorgeant de vent.Un feulement qui respirait le grand air.Avec la douceur de la nuit, c’était un moment magique pour Roger.Il se tenait agenouillé sur la hune du mât de misaine, à douze mètres de haut, surplombant le pont principal et s’offrant ainsi une vue parfaite sur les quais et le rempart extérieur, le temps que le navire sorte de la ville.En tant que second du capitaine et chef de la sécurité, il aimait prendre de la hauteur lors des manœuvres un peu délicates.Pendant quelques secondes il crut discerner un individu sur les quais, avec ce qui ressemblait à un arc accroché dans le dos.Puis la silhouette se dissipa dans la pénombre et Roger l’oublia.Il n’y avait pas à s’en faire pour ça maintenant qu’ils quittaient Babylone.Sur ce navire, ils étaient en sécurité.Roger en connaissait les moindres recoins par cœur, ses hommes également, ils disposaient d’armes en grande quantité, et il souhaitait bon courage à quiconque tenterait de les aborder !Toutefois, Roger fut saisi par un doute.Pourquoi diable envisageait-il le pire ? Pourquoi penser à une attaque ? Ce n’était jamais arrivé…— À cause de notre précieuse cargaison, dit-il tout haut.Cette fois, ce n’était pas un voyage comme les autres.Ils transportaient un passager particulier.Roger attrapa le hauban et descendit sur le pont principal pour s’assurer que tout était en ordre.Ils allaient passer les tours de vigilance qui encadraient la sortie sud du fleuve et qui délimitaient l’extrémité de la ville.Un des gardes de la tour la plus proche se pencha par-dessus les créneaux et agita une lanterne pour leur souhaiter bonne route.Tout allait pour le mieux, se félicita Roger.Comme d’habitude.Il devait se départir de ce sentiment d’anxiété.La présence à bord de ce gamin n’allait rien changer à leur croisière.Le conseiller spirituel de la Reine apparut sur le pont.Avec sa longue robe noire et la plaque de métal moulée sur son crâne, il ne passait pas inaperçu.— Belle nuit pour un départ, Conseiller, fit Roger pour engager la conversation.— Le départ m’importe peu, je suis bien trop impatient d’arriver à Wyrd’Lon-Deis pour offrir à notre Reine cet enfant qu’elle recherche tant ! Serons-nous plus rapides qu’à l’aller ?— Dans le sens du courant, c’est certain, monsieur.Moins de trois jours pour atteindre Hénok, sauf si nous ne pouvons y être avant le crépuscule, vous savez pour les Mangeombres, dans ce cas, nous attendrons une nuit de plus avant d’approcher.Ensuite il faut compter douze à vingt-quatre heures pour faire transiter le navire par les Hautes-écluses.Cinq jours plus tard nous serons aux pieds de Sa Majesté.— Neuf jours ! Bon sang que c’est long !— Ce garçon, monsieur, c’est bien celui qu’on cherchait ?— Cela ne fait aucun doute.— Et il est aussi important qu’on le dit ?— C’est l’affaire de la Reine, je ne peux rien te dire.— C’est pour la Quête des Peaux ?— Tu es bien curieux pour une fois, Roger, que t’arrive-t-il ?— Rien monsieur, des rumeurs circulent à bord, c’est tout.— Quel genre de rumeur ?— Eh bien, il se dit que cet enfant pourrait bien nous offrir la rédemption tant attendue.Alors nous ne voudrions pas le perdre.— Sois certain que cela n’arrivera pas ! Toi et tes hommes allez redoubler de méfiance et de prudence, ne nous faites pas passer par les régions les plus sauvages, évitez les Marais Infectés aux approches de Wyrd’Lon-Deis, tant pis pour la perte de temps.— Comptez sur nous.— Et le chien, il est dans les cales ?— À l’avant, dans une grande cage, il se lèche sans arrêt, il a une blessure au flanc.— Faites le nécessaire pour le soigner, je ne veux pas qu’il meure ; on ne sait jamais, si le gamin a risqué sa vie pour lui, il se pourrait qu’il ait de l’importance, la Reine en jugera.Constatant que le navire remontait d’un bon mètre par rapport au niveau du fleuve, Roger informa son supérieur :— Le lombric de quille vient de sortir, nous allons prendre de la vitesse, monsieur, je vais faire remonter les voiles, vous pouvez aller vous reposer, dans une minute nous irons plus vite que tous les bateaux du monde !— Parfait.Que personne n’entre dans la cabine de l’enfant.Roger salua son supérieur et allait s’occuper des manœuvres lorsque le conseiller l’appela :— Roger ! Détends-toi.Cet enfant n’est pas une menace pour ce bateau.Bien au contraire.Tout ce que je peux te dire c’est qu’avec lui, nous serons bientôt en mesure d’écraser tous les Pans de cette terre.Il est une sorte d’arme secrète si tu préfères…Ces mots rassurèrent Roger qui retrouva le sourire.Une arme secrète.Cette idée lui plaisait bien.30.Un pacte avec le diableL’aurore pointait son nimbe blanc au-dessus de l’horizon de toits et de cheminées.Ambre et Tobias se sentaient fourbus.Après un sommeil agité et trop court, ils avaient somnolé dans leur canot à la sortie des égouts, au milieu des odeurs et du lichen, incapables de retraverser le fleuve plus tôt dans la nuit pour rentrer chez Balthazar.N’avoir pu rejoindre Matt leur était un véritable accablement.Tobias se réveilla tenaillé par la faim et le désespoir.Il vit Ambre, les yeux grands ouverts, qui contemplait les maisons sur la rive opposée.— On ne va pas pouvoir rester là plus longtemps, dit-elle, des gens pourraient nous voir d’en face.— Alors on fait quoi ? Il n’y a que des petits bateaux amarrés, même si on parvient à les piloter, jamais nous ne pourrons rivaliser de vitesse avec un trois-mâts !— J’ai mon idée.Tobias retrouva un peu d’entrain et se redressa.Ambre avait le visage fermé, l’air préoccupé.— Alors ! s’impatienta Tobias, à quoi tu penses ?— Nous allons frapper à la porte de la grande tour, demander à Colin qu’il nous introduise auprès du Buveur d’Innocence.— Quoi ? Tu n’as pas entendu les mises en garde de Balthazar ? Il ne faut surtout pas approcher ce type !— C’est le seul capable de nous aider.Quoi qu’il veuille, nous trouverons bien un moyen de le convaincre
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