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.Telle est l'origine des passions, présent utile et funeste.Le philosophe, errant au pied du Vésuve, ou à travers les rochers noircis de l'Islande, ou sur les sommets sauvages des Cordilières, entraîné par le désir de connoître, approche de la bouche des volcans; il en mesure de l'oeil la profondeur; il en observe les effets; assis sur un rocher, il calcule à loisir et médite profondément sur ce qui fait le ravage du monde.Ainsi Descartes observe et analyse les passions 23.Avant lui on en avoit développé le moral; lui seul a tenté d'en expliquer le physique; lui seul a fait voir jusqu'où les lois du mécanisme influent sur elles, et où ce mécanisme s'arrête.Il a marqué dans chaque passion primitive le degré de mouvement et d'impétuosité du sang, le cours des esprits, leur agitation, leur activité ou plus ou moins rapide, les altérations qu'elles produisent dans les organes intérieurs.Il les suit au dehors: il rend compte de leurs effets sur la surface de la machine quand l'oeil devient un tableau rapide, tantôt doux et tantôt terrible; quand l'harmonie des traits se dérange; quand les couleurs ou s'embellissent ou s'effacent; quand les muscles se tendent ou se relâchent; quand le mouvement se ralentit ou se précipite; quand le son inarticulé de la douleur ou de la joie se fait entendre, et sort par secousses du sein agité; quand les larmes coulent, les larmes, ces marques touchantes de la sensibilité, ou ces marques terribles du désespoir impuissant; quand l'excès du sentiment affoiblit par degrés ou consume en un moment les forces de la vie.Ainsi les passions influent sur l'organisation, et l'organisation influe sur elles: mais elles n'en sont pas moins assujetties à l'empire de l'âme.C'est l'âme qui les modifie par les jugements qu'elle joint à l'impression des objets; l'âme les gouverne et les dompte par l'exercice de sa volonté, en réprimant à son gré les mouvements physiques, en donnant un nouveau cours aux esprits, en s'accoutumant à réveiller une idée plutôt qu'une autre à la vue d'un objet qui vient la frapper.Mais cette volonté impérieuse ne suffit pas, il faut qu'elle soit éclairée.Il faut donc connoître les vrais rapports de l'homme avec tout ce qui existe.C'est par l'étude de ces rapports qu'il saura quand il doit étendre son existence hors de lui par le sentiment, et quand il doit la resserrer.Ainsi la morale est liée à une foule de connoissances qui l'agrandissent et la perfectionnent; ainsi toutes les sciences réagissent les unes sur les autres.C'étoit là , comme nous avons vu, la grande idée de Descartes.Cette imagination vaste avoit construit un système de science universelle, dont toutes les parties se tenoient, et qui toutes se rapportoient à l'homme.Il avoit placé l'homme au milieu de cet univers; c'étoit l'homme qui étoit le centre de tous ces cercles tracés autour de lui, et qui passaient par tous les points de la nature.Descartes sentoit bien toute l'étendue d'un pareil plan, et il n'imaginoit pas pouvoir le remplir seul; mais, pressé par le temps, il se hâtoit d'en exécuter quelques parties, et croyoît que la postérité achèveroit le reste.Il invitoit les hommes de toutes les nations et de tous les siècles à s'unir ensemble; et, pour rassembler tant de forces dispersées, pour faciliter la correspondance rapide des esprits dans les lieux et les temps, il conçut l'idée d'une langue universelle qui établiroit des signes généraux pour toutes les pensées, de même qu'il y en a pour exprimer tous les nombres; projet que plusieurs philosophes célèbres ont renouvelé, qui sans doute a donné à Leibnitz l'idée d'un alphabet des pensées humaines, et qui, s'il est exécuté un jour, sera probablement l'époque d'une révolution dans l'esprit humain.J'ai tâché de suivre Descartes dans tous ses ouvrages; j'ai parcouru presque toutes les idées de cet homme extraordinaire; j'en ai développé quelques unes, j'en ai indiqué d'autres.Il a été aisé de suivre la marche de sa philosophie et d'en saisir l'ensemble
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