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.L’écrivain s’était ainsi retrouvé en Égypte durant l’année 1806.A son retour, exilé par son empereur, il fit le récit de son voyage.«L’Égypte m’a paru le plus beau pays de la terre, avaitil écrit, j’aime jusqu’aux déserts qui le bordent et qui ouvrent à l’imagination le champ de l’immensité.»D’un regard discret, Ramsès s’aperçut que David, Nefret et Miss Jane avaient le même regard brumeux devant l’évocation suggérée.Le précepteur lut un nouveau passage : « Mon itinéraire est la course d’un homme qui va vers le ciel, la terre et l’eau, et qui revient à ses foyers avec quelques images nouvelles dans la tête et quelques sentiments de plus dans le cœur.»A u cours du déjeuner, Emerson annonça son programme pour l’après-midi : interroger à nouveau (et vigoureusement) les assistants au musée, puis fouiller la salle de Sobek.Bien entendu, sa femme se déclara prête à le suivre.Emerson ayant également requis la présence de David pour prendre des plans et des mesures, Nefret offrit de les aider.Se sentant légèrement abandonné, Ramsès annonça son intention de rester à Dar al Sajara, affirmant avoir du travail en cours sur les papyrus que sa mère lui avait achetés.— Ah, grogna Emerson en lançant un regard sombre à son épouse.Je n’ai toujours pas vu vos fameux achats de chez Aslimi— et pas davantage ceux de Vandergelt.— Il ne sait que trop ce que vous pensez de ce genre d’acquisitions, répliqua la mère de Ramsès.Pour ma part, je n’ai acheté que trois papyrus, mais Cyrus a trouvé des objets intéressants : deux morceaux de pierre sculptée, des abeilles, il me semble — et une petite statuette d’Horus piétinant un crocodile.— Revoilà donc ce vieux Sobek, s’exclama Nefret.— C’est sans doute une statue guérisseuse, précisa Emerson en se frottant le menton.L’un de ces objets étranges dont usaient les anciens Égyptiens en guise d’amulettes.— Pour se protéger des mauvais sorts ? Demanda Nefret.— Plus précisément pour guérir les maladies, souligna Emerson.La médecine égyptienne était fondée sur un mélange de sorts magiques et d’incantations religieuses, et les remèdes les plus courants utilisaient aussi des amulettes pour renforcer le pouvoir de leurs médications.Tout cela parce que les maladies étaient censées avoir été provoquées par une intention malveillante.Bien entendu, les guérisseurs avaient aussi leurs propres traitements et transcrivaient leurs instructions sur des rouleaux de papyrus pour que les prêtres accomplissent les actes rituels.— Mes papyrus sont de cette sorte, intervint Ramsès.Deux sont incantatoires et le dernier est un recueil médical assez complet qui permet d’entrevoir les procédures et les pratiques en cours.Il donne des détails stupéfiants sur plusieurs maladies et différents remèdes à base de plantes et de sortilèges.— Les plus célèbres papyrus médicaux sont ceux de Smith et Ebers, du nom des personnes qui les ont découverts, dit Emerson les sourcils froncés.Ils présentent des procédures chirurgicales et des préparations compliquées mais également des formules magiques des XVIII° et XIX° dynasties.Il est cependant probable que ce ne sont que des copies de textes plus anciens.— J’ai lu que les Égyptiens ont été les premiers médecins holistiques, s’exclama Nefret d’une voix passionnée.Un concept intéressant qui s’oppose à la seule perception analytique de la personne et considère que les diverses parties du corps forment un ensemble solidaire, chaque aspect étant organisé par rapport à un tout qui définit leur utilité.Les anciens Égyptiens traitaient aussi leur patient d’un point de vue physique, mental et spirituel.Savez-vous qu’une grande partie des herbes médicinales dont nous nous servons aujourd’hui leur étaient déjà connues ?— Ils possédaient une remarquable connaissance de l’anatomie, ajouta Emerson, grâce au savoir qu’ils avaient tiré du processus de momification au cours duquel les organes internes étaient retirés et examinés.Comme le prouvent certains squelettes, ils pratiquaient aussi des interventions chirurgicales.— Et pour en revenir à la statuette de Cyrus, dit la mère de Ramsès, que soignait donc cette amulette de Sobek ? — Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, Peabody, ricana Emerson, le crocodile est piétiné et représente plutôt le mal dont le sauveur est Horus — ou parfois Bès.Les amulettes de ce type étaient courantes, présentées sous forme de statuette ou de stèle.Il faudrait lire les hiéroglyphes de l’objet en question pour en savoir plus mais, en général, il fallait y faire couler de l’eau pour que le liquide s’imprègne de vertus magiques.Versée ensuite sur la plaie — ou ingérée — celle-ci guérissait des morsures.Je me souviens d’une statuette du même genre au musée français du Louvre où était inscrit : «Bastet s’empare de tout ennemi, de tout serpent, de tout scorpion, de tout animal venimeux qui aura piqué l’homme qui boit de cette eau.Fortifié grâce aux protections magiques, le venin n’entre pas dans son cœur.»— C’est très curieux, reprit la mère de Ramsès.Et cette image d’Horus foulant aux pieds le saurien m’évoque irrésistiblement le mythe de saint Georges terrassant le dragon.— On retrouve le même héritage antique dans d’autres dogmes bibliques, s’écria Emerson avec force, qu’il s’agisse de Caïn et Abel ; Seth et Horus ; ou de la Trinité, Osiris, Isis, Horus.Contrairement à ce que croient tant d’Européens prétendument de race supérieure, l’ancienne Égypte a pratiqué bien avant eux la croyance en une force divine, en la survie après la mort.La sagesse et la dignité humaine, l’ordre du monde, la pensée profonde, tout que nous retrouvons dans les civilisations les plus évoluées était à la base même de la vie égyptienne.— Je me rappelle avoir lu une stèle votive qui disait : «J’ai donné du pain à l’affamé, de l’eau à l’assoiffé, et vêtu celui qui n’avait pas de vêtements.» remarqua David les yeux brillants.— N’est-ce pas exactement ce que préconise la charité chrétienne ? S’exclama avec enthousiasme la mère de Ramsès.— Ne commencez surtout pas à vous égarer dans des ratiocinations religieuses, Peabody, gronda Emerson en se levant.Et si vous n’êtes pas prête dans cinq minutes, je pars sans vous.* * * * Emerson n’était pas content du tout.D’abord M
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