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.Dès que par places elle fondait, on s'y enfonçait jusqu'aux genoux, ce qui gênait tant les chevaux qu'il fallait que les cavaliers, démontant, les tinssent par la bride pour les faire avancer.En outre, le grand chemin que nous suivions, était, par endroits, très élevé (le col du Lautaret que nous pass‚mes entre Le Grave et Le Monetier atteignait mille quarante-neuf toises 2), et pour ceux d'entre nous qui avaient grandi dans les plaines, cette altitude gênait fort le souffle, et il fallait de force forcée commander des arrêts pour reposer les soldats.Mais les moins bien lotis en ce prédicament furent assurément les artilleurs.Les malheureux passaient leur temps àdésembourber leurs canons, tant est qu'ils arrivaient, aux étapes, fourbus et deux ou trois heures après le gros de l'armée.Le cardinal, compatissant à leur dur labeur, ordonna pour eux une double ration de viandes et de 1.Sexe masculin.2.La toise vaut deux mètres.76vin, laquelle combla leur estomac et leur donna aussi quelque fiertéd'être, par droit de gueule, distingués des porteurs de mousquets et autres fragiles freluquets.Entre Grenoble et Briançon l'armée s'arrêta à Vizille, puis à Bourg-d'Oisans, Le Grave, puis Monetier et, enfin, Chantemerle." Je gage, dit Nicolas, qu'à'steure et par cette froidure, le pauvre n'a pas plus envie de chanter que moi." De l'autre côté des Alpes s'élèvent, si semblables aux nôtres, les Alpes italiennes, et dans la comune di Gravere 1 se trouve un village qui se nomme aussi " Cantamerlo ", et bien me le ramentois-je, car le régiment des Suisses, le comte de Sault qui le commandait, et moi-même, nous y fîmes, bien plus tard, un arrêt d'une demi-heure, étant tout exténués par une marche dans le Gravere que je conterai plus loin et qui fut de grande conséquence dans l'assaut contre Suse.Mais revenons à Briançon, dernière étape avant le franchissement de la frontière italienne par le col de Montgenèvre.La fortune m'y sourit: je fus logé à la Grande Gargouille, laquelle n'a rien à voir avec ces gouttières des cathédrales par o˘ l'eau de pluie s'écoule par la gueule d'un animal assez peu rago˚tant.On appelle ainsi à Briançon un canal qui fut construit au milieu d'une rue en 1624 pour apporter de l'eau à pied-d'oeuvre à la suite d'un incendie qui dévasta sur les deux bords quelques maisons avec encorbellement et corbeaux de bois.Les maisons br˚lées furent reconstruites en moellons avec une façade plate sur l'ordre du seigneur du lieu, ce qui, certes, les mit davantage à l'abri du feu, mais g‚te un peu trop, à mon gré, la symétrie de l'ensemble.Mon hôtesse était une dame fort avancée en ‚ge, aimable et douce, qui me traita comme son fils et versa des larmes à mon départir.Une fois qu'il fut à Briançon, le roi écrivit une lettremissive à CharlesEmmanuel Ier, duc de Savoie, pour quérir de lui le libre passage par Suse afin de pouvoir atteindre et1.Prononcez < Gravéré ".77délivrer Casal.Cette lettre, que j'eus l'honneur de traduire en italien, ne pouvait être que courtoise et même affectionnée, le fils du duc, le prince de Piémont, ayant marié la sueur du roi de France, Chrétienne 1.Le prince de Piémont, comme son père, se paonnait excessivement de la valeur stratégique de Suse qu'ils appelaient l'un et l'autre " les clés de l'Italie>, affirmant qu'ils prêtaient ces clés seulement àqui ils voulaient et alors selon leurs conditions.Le prince fit d'emblée des demandes exorbitantes, tant financières que territoriales, pour ouvrir aux Français il passo di Susa, le passage étant une succession de trois barricades érigées devant la grande porte de la ville.Et quoi que fit Richelieu pour l'amener à de moindres exigences, le prince ne branla pas d'un pouce.Tant est que le cardinal entendit bien que cet entretien n'avait pour dessein que de l'amuser afin de gagner du temps.Et en effet, on sut plus tard que le prince avait reçu de son père la consigne secrète di trattare, ma di concludere nulla 2.Avant que son beau-frère ne s'en retourn‚t à Suse, Louis le tira à part et lui dit au bec à bec que l'accord une fois conclu entre le duc de Savoie et lui-même, il aimerait que le prince lui permette d'encontrer sa sueur cadette Chrétienne, et le prince lui assura aussitôt qu'il en serait ainsi.Louis, comme on sait, avait trois sueurs puînées : …lisabeth, unie àPhilippe IV d'Espagne, Henriette, épouse de Charles Ier d'Angleterre, et Chrétienne qu'on avait donnée en mariage au prince de Piémont, lequel, certes, était un tout petit seigneur comparé aux deux puissants monarques que je viens de citer, mais qui fut, toutefois, le seul à rendre sa femme heureuse.qui pourrait ne pas plaindre, pourtant, 1.On dit indifféremment < Christine " ou " Chrétienne ".2.De traiter, mais de ne pas conclure (ital.).78ces pauvres princesses que leur rang condamnait à être exilées leur vie durant en pays étranger, tout lien d'affection pour toujours rompu avec leurs proches, et mariées au nom d'éphémères alliances à des inconnus qui, de leur côté, n'avaient aucune raison de se plaire à elles.Pis même !l'ironie de ces tristes hyménées politiques était, en fin de compte, qu'ils ne servaient jamais à rien, car la présence d'…lisabeth en Espagne, d'Henriette en Angleterre et de Chrétienne en Savoie, n'empêcha en aucune façon que la guerre, quand et quand, fit rage entre ces trois pays et le royaume de France.…lisabeth, assurément, ne se sentit pas fort heureuse en Espagne, prisonnière d'une étiquette étouffante et rigide, et voyant fort peu ce prince à la longue et triste figure qui lui préférait la chasse.Mais la plus malheureuse fut sans conteste Henriette.Détestée d'entrée de jeu par le peuple anglais qui lui reprochait et d'être Française et d'être catholique, la pauvrette était mariée à un prince qui, certes, n'était point méchant, mais qui aimant assez peu le gentil sesso, préférait, quand il avait un bracelet de diamants à offrir, le donner à son favori plutôt qu'à son épouse [ Pobierz całość w formacie PDF ]