[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.— C’était un favori d’Henri III.Encolérée qu’il eût vilainement clabaudé sur ses amours, la reine Margot le fit assassiner.De Gast se reposait dans une maison qu’il avait louée en Paris.L’huis était bien clos, mais l’assassin, trouvant une méchante chanlatte, l’appliqua contre le mur et pénétra par la fenêtre.Il faisait très chaud et de Gast avait laissé la fenêtre ouverte.Il fut, sans tant de façons, dagué sur son lit.— Monsieur de Clérac, dis-je en riant, vous allez m’épouvanter ! Je vais voir des poignards partout ! Cependant, n’ayez crainte.Je ne vous rendrai pas la tâche difficile.Je serai aussi prudent que je peux l’être.Trop de choses en dépendent, et point seulement ma vie.L’huis reclos sur Monsieur de Clérac, je poussai cette fois le verrou derrière lui et m’allai recoucher, hésitant entre la rêverie et la rêvasserie.Par rêverie, j’entends une réflexion bien conduite et par rêvasserie, une sorte d’abandon à des imaginations vagues et changeantes, la première étant à coup sûr utile à traiter les problèmes de la vie et la seconde à remédier aux soucis que ces problèmes vous donnent.Sur le coup de dix heures et demie, on toqua à ma porte et la voix de Clérac dit :— Monsieur le Comte, plaise à vous d’ouvrir.C’est l’alberguière qui vient dresser la table du dîner.Je cachai mes pistolets sous mon oreiller et allai ouvrir.Comme s’il eût été le maggiordomo, Monsieur de Clérac entra le premier, suivi d’un valet portant deux tréteaux sur lesquels il posa un plateau, recouvert aussitôt d’une nappe par la petitime, laquelle venait d’entrer à sa suite.Vinrent ensuite son mari et une chambrière, fort chargés de vaisselle.La petitime jappait des ordres brefs qui étaient promptement obéis par tous, y compris par son monstre velu, et quasi en tremblant par la chambrière qu’elle appelait Cathau.C’était une blonde garcelette et à l’oeil qu’elle jeta plus tard à Chalais, quand il entra dans ma chambre, j’entendis qu’elle était celle-là même qui avait subi depuis le matin ses infatigables assauts.Je passe sur les embrassements et les étouffades dont je fus tour à tour l’agent et le patient.Chalais était magnifiquement vêtu, bouclé, parfumé et, pour dire le vrai, il respirait la santé, la vigueur, la jeunesse et aussi une complaisance de soi que je n’ai vue qu’à lui.Je me gardai bien d’entrer avec lui dans le vif du sujet tant que la petitime et son mari entrèrent et sortirent de ma chambre pour y servir et desservir le repas, lequel était fort bon, mais auquel je touchai fort peu, pas plus qu’au vin, voulant garder la tête claire.Toutefois, je n’eus pas à me mettre en frais.Chalais parlait d’abondance, étant de ces sortes de gens qui babillent infiniment de soi et vous réduisent à n’être qu’une paire d’oreilles infiniment fatiguées.D’autant que ce qu’il contait me ragoûtait fort peu : de prime ses exploits toute la matinée avec Cathau qu’il me narra sans vergogne aucune par le menu, alors même que l’intéressée nous servait ; et ensuite un duel dont il avait été le héros, ayant eu la joie de passer sa lame au travers du corps de son adversaire, et ayant éprouvé, m’assura-t-il, une satisfaction supplémentaire à voir que ses deux témoins avaient aussi dépêché les témoins adverses.Mais de ceux-là, il regrettait de ne pouvoir me dire les noms : il ne les connaissait pas, ne les ayant jamais encontrés jusqu’au jour du duel.Puis il revint sur ses exploits avec Cathau dont l’intérêt, si bien j’entendais son propos, provenait du fait que lorsqu’on la tuait, elle ne mourait pas et pouvait donc être tuée à nouveau, le nombre de mises à mort étant, pour Chalais, la preuve de sa valeur.Il disait tout cela sans envisager le moins du monde la pauvre Cathau qui nous servait les plats : on eût dit qu’il s’agissait d’une autre personne que celle de son récit.Enfin, le repas se termina et nous fumes débarrassés de tous les impedimenta du dîner ainsi que de ceux qui nous servaient.La petitime disparut la dernière, bien déçue, me sembla-t-il, car elle n’avait ramassé rien qui valût sur le marché des ragots, et au surplus, elle se doutait bien que, l’huis refermé sur elle, ma serrure lui serait inaccessible en raison de la présence sur le palier d’un mousquetaire qui, carré dans une chaire à bras et la pipe au bec, pétunait.Quant à Chalais, si peu attentif qu’il fut à ce qui se passait dans la cervelle de son interlocuteur, il finit par sentir, ne serait-ce que par mes silences mêmes, que j’avais quelque chose à lui dire et, ô miracle ! il se tut.Et moi, maintenant, j’hésitais, pris de vergogne, me demandant comment j’allais avoir le front de lui suggérer de se déshonorer en trahissant ses amis pour moi.Aussi quels ne furent pas, dans la suite de cet entretien, ma stupéfaction et aussi mon soulagement, quand je constatai, aux premières approches tâtonnantes et voilées que je lui fis, que trahir ses amis ne posait pas à Chalais le moindre problème.Je fus un moment à me dire que j’avais devant moi le plus grand cynique de la création, mais non, lecteur, même pas ! Ce n’était chez Chalais qu’étourderie, inconscience, légèreté incurable.Quand j’eus bien entendu cela, je changeai de discours et parlai à la franche marguerite.— Mon ami, dis-je, observez, de grâce, que la reine est de nouveau enceinte.Et si elle porte son fruit à terme et que ce soit un garçon, quelle importance aura le mariage de Monsieur ? Et quelle importance aura Monsieur lui-même, quand un dauphin sera là ? Il ne sera plus l’héritier présomptif.D’un autre côté, spéculer sur la mort de Louis ou, pis, sur son assassinat, c’est sottise incommensurable.Il faut que le roi, malgré ses malaises, ait un fond solide de santé pour chasser, comme il fait, plusieurs heures par jour.Quant au régicide, outre que celui qui l’accomplit n’en récolte presque jamais les fruits, il est en l’espèce peu probable : Louis est si méfiant, si précautionneux et si fortement entouré.Savez-vous qu’il ne mange jamais rien qui n’ait été goûté avant lui ? Qu’en certaines occasions, il porte une cotte de mailles sous son pourpoint ? Que cent yeux veillent sur lui à toute heure du jour et que cent oreilles la nuit veillent sur son sommeil ?Ici, pour les besoins de la cause, j’en rajoutai quelque peu.Il est vrai qu’ayant sans cesse devant les yeux l’image de son père ensanglanté par le couteau de Ravaillac, Louis se gardait fort bien.Mais pas autant que je venais de le dire, mes exagérations ayant pour but d’imprimer dans la cervelle de Chalais une image telle et si forte de l’inviolabilité du roi qu’il ne fût pas tenté d’y porter atteinte [ Pobierz całość w formacie PDF ]