[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.J’ai dix étagères pleines de livres sur les pierres précieuses, mon passe-temps favori.Mais vous l’avez peut-être remarqué, j’ai également de nombreux ouvrages sur la sorcellerie, les vampires, la lycanthropie, etc.Je m’y intéresse beaucoup, M.Wellston.Mais, comprenez-le bien, mon intérêt n’est pas d’ordre professionnel.Il contempla son cigare d’un air amusé.» Non, M.Wellston, reprit-il, si j’ai ces livres, ce n’est pas parce que je suis moi-même un vampire.Avant l’incident qui est à l’origine de votre visite, tout cela ne me sollicitait guère.Mais je me suis dit que puisqu’on m’accusait d’être un vampire, autant valait m’instruire sur la question.J’avais déjà entendu parler des vampires auparavant, bien entendu ; après tout, j’ai été élevé dans les Carpathes, où les paysans croient plus volontiers au diable et aux vampires qu’au bon Dieu.Mais mes précepteurs ne m’ont pas appris grand-chose des superstitions populaires, et je n’ai jamais eu avec les villageois que des rapports très superficiels.J’ai décidé de vous accorder cette interview afin d’en finir une fois pour toutes avec ces fadaises.Je veux détourner l’attention de mon « cas » et faire en sorte qu’elle se reporte sur le seul phénomène vraiment surnaturel qui existe dans cette maison, c’est-à -dire Dolores del Osorojo.En ce qui concerne les photos, j’ai également changé d’avis.Magda vous en fera parvenir quelques-unes ; celles de certaines pièces, et plusieurs du fantôme.Mais à une condition : je veux que vous établissiez clairement dans votre article que je suis un homme qui aspire à la tranquillité et que cette histoire de vampire est un tissu d’inepties.À part ça, vous pourrez parler du fantôme autant qu’il vous plaira.Mais vous devrez également faire comprendre de la manière la plus nette que je n’accorderai plus aucune interview et que je n’aime guère être dérangé par les amateurs d’insolite, les piqués d’occultisme et les journalistes.Cela vous convient-il ?— Certainement, Monsieur Igescu, dit Childe.Vous avez ma parole.Et d’ailleurs, comme convenu, vous pourrez corriger mon papier avant sa publication.Childe venait de s’apercevoir qu’il était un peu éméché.Il regrettait d’avoir accepté le brandy.Il n’avait pas bu une goutte d’alcool depuis quatre ans, mais Igescu lui avait fait de son brandy un éloge dithyrambique, en affirmant qu’il s’agissait d’un cru exceptionnel, et la tentation avait été trop forte.D’autant qu’il avait décidé d’éviter dans la mesure du possible de se montrer désobligeant à l’égard de son hôte.Pourtant, il n’en avait bu qu’un petit verre.Ou le brandy était très fort, ou sa longue période d’abstinence l’avait rendu vulnérable.Igescu tourna la tête pour jeter un coup d’œil à la grande horloge ancienne en bois sombre.— L’heure est bientôt passée, M.Wellston.Childe se demandait pourquoi le baron qui ne sortait pour ainsi dire jamais et n’avait rien à faire de particulièrement pressant, était si pointilleux sur ses horaires.Mais il ne lui posa pas de questions.Le baron aurait considéré cela comme une outrecuidance et n’aurait répondu que par un silence glacial.Igescu se leva.Childe l’imita.Magda Holà nyi prit le temps de vider son verre et se leva à son tour.Glam surgit sur le seuil, mais Igescu lui dit :— Mme Holà nyi se chargera de reconduire M.Wellston, Glam.J’ai besoin de vous pour autre chose.Glam ouvrit la bouche comme pour protester, mais se contenta de dire : « Bien, monsieur.» Il tourna les talons et s’éloigna.— Si vous avez besoin de vous documenter pour votre article, monsieur Wellston, dit Igescu, je vous conseille de vous rendre à la bibliothèque de l’Université de Los Angeles et d’y consulter l’ouvrage de Michel Le Garrault.Je possède moi-même deux exemplaires de l’édition originale.C’était un érudit belge de la fin du XVIIIe siècle, qui a formulé des théories très originales sur les vampires, les loups-garous et les autres phénomènes dits surnaturels.Sa théorie de « l’imprégnation physique » est tout à fait fascinante.Mais peut-être le connaissez-vous ? Vous lisez le français ?— Ce nom ne me dit rien, avoua Childe.Mais je lis le français, en effet.Il se demandait s’il serait tombé dans un piège en affirmant que le nom de Le Garrault lui était familier.— La plupart des prétendus « spécialistes » des sciences occultes et du surnaturel n’ont jamais entendu parler de Le Garrault.Et ceux qui connaissent son nom ne l’ont jamais lu.Allez à la section des « livres rares » de la bibliothèque et demandez Les Murs s’écroulent.Le livre a été écrit en latin, mais il a eu une traduction française et – ce qui est assez curieux – plusieurs traductions tchèques.Toutes rarissimes.Quant à l’original latin, il n’en existe à ma connaissance que dix exemplaires au monde ; l’un est au Vatican ; le second appartient à un monastère suédois ; j’en ai moi-même deux ; le Kaiser d’Allemagne en possédait un, mais il a été perdu, volé, plus probablement, à Doorn, après sa mort ; les cinq autres se trouvent dans les Bibliothèques nationales de Moscou, Paris, Washington, Londres et Edinburgh.— Je le consulterai, dit Childe.Merci pour le tuyau.Il allait suivre Igescu quand il aperçut la femme en robe espagnole avec le grand peigne planté au sommet de son chignon noir ; elle était sur le point de passer une porte.Elle se tourna vers lui, lui décocha un sourire, et disparut.— Vous l’avez vue ? fit Igescu, très calme.— Oui, dit Childe.Elle n’est pas du tout transparente.— Moi aussi, je l’ai vue, renchérit Magda Holà nyi, d’une voix un peu altérée.Childe lança un coup d’œil en direction de la secrétaire.Elle n’avait pas l’air effrayée, mais furieuse.— Je vous l’ai dit, elle devient de plus en plus opaque, expliqua Igescu.Mais la solidification est si progressive qu’on ne s’en rend compte qu’en faisant la comparaison avec ce qu’elle était six mois avant.Quand je me suis installé ici, elle était à peine visible.Childe secoua la tête.Il n’arrivait pas à croire qu’il puisse discuter d’un « fantôme » comme d’une chose réelle.Et il se demandait pourquoi Magda était si bouleversée ; elle s’était pétrifiée, les yeux rivés sur la porte par laquelle le fantôme venait de s’enfuir ; oh aurait dit qu’elle résistait à grand-peine à l’envie de se lancer à ses trousses.Le baron s’était remis à discourir.— Beaucoup de gens, même s’ils se refusent à l’admettre, ont été les témoins d’apparitions de fantômes – ou en tout cas de phénomènes bizarres et inexplicables.Mais tantôt le phénomène ne se répète pas, tantôt les personnes « hantées » font semblant de ne pas voir le fantôme, et il n’insiste pas.Dolores, elle, n’est pas un fantôme comme les autres.J’ai toujours fait comme si je ne la voyais pas, sauf pour la photographier de temps à autre.Magda l’ignorait aussi, mais depuis quelque temps ses apparitions ont le don de l’énerver
[ Pobierz całość w formacie PDF ]